Football - Javier Mascherano, petit chef d'une bande de potes : "Je ne vais pas nier mon amitié avec Lionel Messi"

Evidemment, Jorge Mas, le président de l'Inter Miami, a tenté d'y glisser un peu de story-telling à l'américaine. Lors de la présentation de Javier Mascherano, le tout nouvel entraîneur du club floridien, le milliardaire s'est frotté les mains d'avoir pris une petite revanche sur le destin : "C'est un vrai parcours que nous avons avec Javier, a-t-il vendu. En 2019, nous avons passé une nuit entière dans mon bureau à Miami. À l'époque, j'examinais la possibilité de le faire venir pour jouer sa dernière saison en tant que joueur, puis devenir notre coach."

Il aura donc fallu cinq ans pour que tout cela se mette finalement en place. Et il faut dire que les arguments en faveur du club Miaméen ont bien progressé entre temps. En 2020, Javier Mascherano aurait eu à sa disposition un Blaise Matuidi sur la fin, le redoutable écossais Lewis Morgan et un Gonzalo Higuain venu profiter du soleil avec son frère Federico. Pour son premier match de la saison 2025, fin février, il pourra aligner ses potes Lionel Messi, Luis Suarez, Jordi Alba et Sergio Busquets pour devenir l'espèce de tête pensante de ce boys band bien conscient d'être sur la fin et appréciant sa dernière virée états-unienne.

C'est justement tout le sujet des interrogations autour de sa nomination. Est-il possible de diriger ses quatre amis comme les autres dans un groupe de 30 joueurs ? Vous avez quatre heures. Javier Mascherano, lui, n'a eu besoin que d'une poignée de seconde pour balayer les questions philosophiques : "Je pense que c'est une bonne chose, puisque ce sera plus facile d'être proche de certains d'entre eux, a-t-il argué en conférence de presse ce mardi. Je ne vais pas mettre des années d'amitiés en danger pour un poste. Pour moi, la vie va plus loin que le football."

Tout le paradoxe est là. Oui, Messi, Suarez et consorts sont à l'Inter Miami comme à la maison – il paraît même que c'est la Pulga qui a poussé pour que son ancien coéquipier en sélection et au FC Barcelone reprenne la tête de l'équipe -, mais quelle vision tout cela donne-t-il du football, si ce n'est celui des privilèges et du copinage ? Sergio Busquets, par exemple, n'était pas titulaire lors des deux défaites éliminatoires de l'Inter Miami en playoff de MLS début novembre face à l'Atlanta United. Pour rester crédible, Javier Mascherano devra se montrer capable d'entorses à l'amitié lorsqu'il faudra coucher la composition d'équipe.

Lui assure qu'il en est tout à fait capable : "Pendant les Jeux olympiques, j'ai dû entraîner (Nicolas) Otamendi, qui est un ami, et cela n'a pas posé de problème, a-t-il voulu rassurer devant la presse. Il faut faire la part des choses." Sauf que cette fois, le contexte, et la pression pour des joueurs comme eux ayant tout gagné ou presque, n'est clairement pas la même que pour un tournoi avec une médaille olympique en jeu. Pourtant, Javier Mascherano n'a pas hésité à tout plaquer avec les Espoirs argentins, lui qui préparait pourtant la Copa U23, lorsque l'opportunité de venir à Miami s'est présenté, selon ses dires. Le pouvoir de l'amitié, visiblement.

"Je ne vais pas nier mon amitié avec Messi" admettait-il tout de même un peu plus tard. Il a désormais un surnom de Jefecito (le petit chef) à honorer. L'Inter Miami a terminé la dernière saison régulière de MLS en première position de la conférence Est, avant de sortir frustré dès le premier tour des playoff. Et le club disputera même cette saison la Coupe du Monde des clubs. La FIFA ne le dira jamais, mais c'est aussi grâce à ce genre de nomination que les Hérons sont sélectionnés pour jouer la compétition. Cela fera au minimum une belle anecdote à raconter, voire une grande histoire à écrire.