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Opinion - Un an après France - Argentine - Un crève-cœur, pas un traumatisme

Martin Mosnier

Mis à jour 18/12/2023 à 20:47 GMT+1

Il y a un an, jour pour jour, la France s'inclinait en finale de la Coupe du monde au Qatar face à l'Argentine. Pour notre journaliste Martin Mosnier, cette défaite est moins traumatisante que celle du Mondial 2006 face à l'Italie et même celle de l'Euro 2016 contre le Portugal. Parce que le scénario du match et l'état de l'équipe de France à son issue sont incomparables.

"Je ne vois pas comment l'Euro pourrait échapper à la France, l'Angleterre ou le Portugal"

2006, le traumatisme. La fin d'une génération et d'un nouveau monde : celui de la France qui gagne. 2016, la cruelle blessure. Parce que l'Euro, à la maison, devait remettre les Bleus au centre de l'échiquier mais qu'il a manqué l'essentiel : un titre. Et 2022 dans tout ça ? Sur l'échelle des douleurs du football français au XXIe siècle, où placer cette troisième finale perdue en 16 ans ? Un an après la claque, qu'en reste-t-il ? Une tonne de remords ? Le souvenir de cette défaite ne me déclenche pas la même douleur.
Il n'existe pourtant rien de plus déchirant que rater un titre mondial pour une histoire de tirs au but. Mais j'ai digéré l'affaire alors que la transversale de David Trezeguet ou le poteau d'André-Pierre Gignac sont toujours là, coincés quelque part en travers de la gorge. Une sensation objectivement difficile à justifier mais tentons tout de même.
Finales moins exceptionnelles, défaites moins amères
Le début de l'explication tient dans le scénario de la finale. Celle-ci n'a jamais semblé tendre les bras aux Bleus jusqu'aux dix dernières minutes. Bouffés devant, derrière et au milieu, ils s'en sont sortis miraculeusement jusqu'en prolongation. A Saint-Denis, de la blessure de Cristiano Ronaldo jusqu'à cette fichue frappe d'Eder, qui aurait pu croire à une victoire portugaise ? A Berlin, les Bleus menaient au score puis la tension du match a rendu l'issue incertaine même après l'expulsion de Zidane. La frustration est, de ce point de vue, incomparable, la plaie moins profonde.
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Zinedine Zidane lascia il campo dopo l'espulsione per la testata a Marco Materazzi durante Italia-Francia - Finale Mondiali Germania 2006

Crédit: Getty Images

Et, aujourd'hui, les Bleus ont pris l'habitude de gagner. En six ans, ils ont joué trois finales de compétitions internationales, ils sont les favoris tous les deux ans et, hormis un spectaculaire gadin à l'Euro 2021, ils restent le plus souvent dans les clous des espoirs qu'ils charrient. Gagner et en prendre l'habitude, c'est aussi rendre les finales moins exceptionnelles et donc les défaites moins insupportables. Parce que le contrat entre les Bleus et leur public a, au moins jusqu'au prochain gadin, changé et chaque nouvel Euro ou Coupe du monde est la promesse d’un long parcours et l’occasion de ramener trophée.
En 2016, personne ne savait encore que cette équipe allait se transformer en machine et décrocherait une deuxième étoile 24 mois plus tard. 2006 signait la fin de la plus belle équipe de France de l'histoire ou de ses reliquats. A Berlin, Zinedine Zidane tirait sa révérence quand, à Doha, Kylian Mbappé n'avait que 23 ans.
Trop tôt en 2016, trop tard en 2006
Ce ne sont pas les mêmes perspectives qui se dessinent et, un an plus tard, les Bleus de Mbappé ont même une meilleure allure qu'à Doha. Encore plus qu'aligner des victoires, la puissance dégagée par la nouvelle armée bleue aide à faire passer la pilule. Les retraites de Fabien Barthez et Zinedine Zidane ont causé du tort à leurs successeurs. Et même si tout ceci demandera confirmation à l'Euro, Ibrahima Konaté et Mike Maignan ont déjà fait oublier Raphaël Varane et Hugo Lloris au cours d'une année immaculée pour l'équipe de France qui l'a vu réduire en cendres la plupart des adversaires qui s'avançaient vers elle.
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Mike Maignan avec Adrien Rabiot en équipe de France

Crédit: Imago

Finalement, tout ceci n'est qu'une histoire de timing. 2016, il était trop tôt pour comprendre que le meilleur allait arriver. 2006, il était trop tard pour espérer vite rebondir. 2022 s'inscrit dans une séquence bien plus enthousiasmante. Le constat reste fragile comme toutes les vérités de ce jeu. Un couac à l'Euro et une descente aux enfers façon 2008-2010 offrirait sans doute un autre regard sur ce France-Argentine. Mais pas aujourd'hui. Même si ne jamais voir cette génération double championne du monde en titre restera un crève-cœur, il n'égalera jamais le traumatisme de 2006 ni même celui de 2016.
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