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Portugal - Agression, corruption, président au bord du gouffre : le Sporting Portugal est en péril

Julien Pereira

Mis à jour 20/05/2018 à 15:55 GMT+2

COUPE DU PORTUGAL - Ses joueurs agressés par un groupe de supporters, ses dirigeants impliqués dans une affaire de corruption, son président dans l'œil du cyclone, le Sporting Portugal traverse une crise sans précédent dans l'histoire du championnat. Sportivement et économiquement, le club est en danger.

Bruno De Carvalho, président du Sporting Portugal, et son entraîneur Jorge Jesus

Crédit: Eurosport

Des magouilles d'Angelo César Machado, l'homme qui a favorisé l'arrivée de Salazar au pouvoir, à l'affaire du "Sifflet Doré", le foot portugais a toujours vécu au rythme des manœuvres douteuses et des procédés malhonnêtes. Quelques responsables en ont payé le prix fort, certains clubs aussi : bien que de nouveau en première division, Boavista ne s'est toujours pas véritablement remis du dernier grand scandale dans lequel il a été éclaboussé.
Mais le club de Porto survit, au moins, à l'heure où un autre monument du championnat national vit ses heures les plus graves. Le Sporting Portugal est au cœur d'une crise sans précédent dans son histoire et celle de la Liga, entre agression de joueurs, corruption, et peut-être même accusation d'un entraîneur envers son président.

Des agressions préméditées… et encouragées par le président ?

L'affaire a fait le tour de l'Europe, mardi, lorsqu'une quarantaine d'individus a pénétré dans l'Académie du club pour s'en prendre violemment aux joueurs et membres du staff technique, en plein entraînement. Bas Dost, Marcos Acuna, Josip Misic et bien d'autres cadres de l'équipe ont été frappés par des hooligans, vraisemblablement membres de la Juventude Leonina, l'une des plus vieilles organisations de supporters du pays.
Deux jours plus tôt, le SCP s'était incliné sur le terrain du Maritimo (2-1), cédant ainsi au Benfica la deuxième place du championnat, qualificative pour les barrages de la Ligue des champions, que les Sportinguistas avaient pourtant récupérée la semaine précédente en arrachant un nul à domicile (0-0), face à son meilleur ennemi.
Plus inquiétant encore, la "Juve Leo" aurait prémédité son action, un ancien leader du groupe ayant assuré à Acuna, après cette défaite, qu'ils "se retrouveraient" au centre d'entraînement, comme l'a révélé le Diario de Noticias de Madeira. En réalité, ce dramatique évènement est probablement né de la rupture amorcée par le président du Sporting, Bruno De Carvalho, quelques jours après la défaite des siens contre l'Atlético de Madrid (2-0), lors du quart de finale aller de la Ligue Europa, le jeudi 5 avril.

Rui Patricio et les joueurs menaient une fronde contre Bruno De Carvalho

Face aux médias, le dirigeant portugais avait critiqué certains de ses hommes, lamentant "les erreurs grossières de la part d'internationaux et joueurs expérimentés" et "l'impression que [son] équipe avait joué à neuf". Après cela, Rui Patricio et la plupart de l'effectif avaient pointé ces accusations dans une lettre écrite et entamé une fronde contre leur président. Quelques minutes plus tard, sur Facebook, De Carvalho avait assuré que "tous les joueurs ayant signé ce texte étaient immédiatement suspendus".
Vendredi matin, le journal Público, a assuré, de sources internes, que l'entraîneur du Sporting Jorge Jesus détenait la preuve que son président avait lui-même contacté les membres de la "Juve Leo" pour leur demander de "resserer la vis", information démentie par le coach lors d'une interview télévisée à SIC, quelques heures plus tard. L'ancien technicien du Benfica Lisbonne devrait quitter le club après la finale de la Coupe du Portugal face au Desportivo Aves (18h15), que les "Leões" ont accepté de jouer malgré la semaine de chaos qu'ils ont vécue, et après un seul petit entraînement bouclé samedi.
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Antoine Griezmann (Atlético de Madrid) au duel avec Bruno Fernandes (Sporting Portugal) en Ligue Europa

Crédit: Getty Images

Qu'importe son résultat, cette finale n'éclaircira pas l'avenir du club : certains joueurs, comme son buteur Bas Dost, son meneur Bruno Fernandes, ont déjà acté leur départ ou demandé à leurs familles de quitter la ville. Sportivement, les conséquences risquent d'être lourdes. Économiquement aussi : les nombreux joueurs à forte valeur marchande, essentiels à la santé du SCP, 25e club le plus endetté de la planète, pourraient aisément rompre leur contrat et partir. Gelson Martin et William Carvalho, convoités par de nombreux grands clubs européens, auraient pu rapporter plusieurs dizaines de millions d'euros à l'entité lisboète.

L'avenir du club en péril, celui de la sélection aussi

En bourse, l'action du club a perdu 17% de sa valeur en deux jours. Et Inforphone ou Grupovarius, qui comptaient parmi les principaux partenaires du club, se sont retirés. D'autres devraient suivre puisqu'en parallèle, le SCP est secoué par une profonde affaire de corruption. Quatre dirigeants du club, dont le directeur sportif André Geraldes, ont été placés en garde à vue. Le quotidien portugais O Jogo affirme que des sommes allant de 3 000 à 5 000 euros ont été proposées à des défenseurs et des gardiens de but afin qu'ils déjouent face au Sporting.
Bruno De Carvalho, qui a constamment attaqué le FC Porto et le SL Benfica sur leurs manœuvres douteuses, s'accroche encore. Malgré la pression du président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, et malgré l'asphyxiante atmosphère qui entoure le club. Pilier du championnat, le Sporting est en danger. Et tout le football portugais avec : 13 des 23 joueurs qui disputeront la Coupe du monde avec la sélection championne d'Europe en titre y ont été formés.
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