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City n'est plus invincible ? C'est la meilleure des nouvelles pour Guardiola

Bruno Constant

Mis à jour 17/01/2018 à 14:55 GMT+1

PREMIER LEAGUE - Beau perdant face à un très grand Liverpool, Manchester City a perdu son invincibilité à Anfield (4-3) mais y a sans doute gagné beaucoup plus d’ici la fin de la saison. Pour ceux qui se souviennent des conséquences du record sur la saison des "Invincibles" d’Arsenal…

Josep Guardiola réconforte Fernandinho après la défaite de Manchester City à Liverpool

Crédit: Getty Images

L’affiche était alléchante et elle a tenu toutes ses promesses : sept buts, une intensité dingue comme seule la Premier League sait en offrir et un stade en ébullition dès le coup d’envoi. Et même bien plus encore puisqu’elle a vu Liverpool infliger sa première défaite de la saison en championnat à Manchester City. Franchement, qui n’a pas pris son pied devant ce match ? Ceux qui avaient la chance d’être présent à Anfield racontent ne pas avoir entendu autant de bruit dans un stade anglais depuis bien longtemps. Supporters et joueurs étaient en osmose. On a vu une équipe habitée par la même fureur qui anime son entraîneur sur le bord de la touche et qui caractérisait son Dortmund de la belle époque (2011 à 2013, deux titres de champion d’Allemagne, une finale de Ligue des Champions).
Un match que les plus grands raconteront à leurs petits-enfants
C’est un match que les plus grands raconteront à leurs enfants et à leurs petits-enfants. C’est un match qu’on n’efface pas comme ça de sa mémoire. "Un match dont les gens parleront encore dans vingt ans !", dixit Jürgen Klopp. Il pourrait ajouter le quart de finale retour d’Europa League complètement fou face à Dortmund (4-3), le 4-3 à Arsenal en août 2016 ou le 3-3 à l’Emirates, encore, en décembre dernier. Il faut dire que, depuis l’arrivée du technicien allemand, Liverpool a achevé quatre rencontres sur le score de 3-3, trois fois 3-2, une fois 5-4 et trois fois 4-3 dont ce fameux 14 janvier 2018 qui a terrassé le leader invaincu à Anfield.
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L'explosion de joie d'Andrew Roberson après le but de Sadio Mané (Liverpool) contre Manchester City

Crédit: Getty Images

C’est l’une des très grandes forces de Liverpool dans ce stade si particulier, celle de pouvoir renverser des montagnes. "ça peut vraiment très mal tourner pour vous là-bas", admet l’ancien rival mancunien Gary Neville. Mais ces haut-le-coeur symbolisent aussi l’une des faiblesses de l’équipe de Klopp qui peut difficilement reproduire ce genre de tempo sur 90 minutes et encore moins sur toute une saison. Une formation sans doute encore trop déséquilibrée pour espérer remporter le titre qui fuit le club depuis 1990. Mais les Reds offrent à leurs supporters ce qu’il y a de (presque) aussi beau qu’un trophée : des émotions fortes qui remplissent les souvenirs.
"Nine minutes of madness"
Manchester City a perdu son invincibilité mais Pep Guardiola ne pouvait rêver plus belle défaite. Son équipe est tombée face à un Liverpool exceptionnel dans ce qui fut pour beaucoup LE match de l’année et même de quelques autres avant. Mais, si Liverpool a été grand, City fut loin d’être petit. Bien au contraire. J’oserais même dire que les Citizens ont été meilleur que leur adversaire une bonne partie de la rencontre, et je précise bien "une bonne partie", pas la totalité, et surtout pas ces "nine minutes of madness" ("neuf minutes de folie"), comme décrites par l’ancien Red Jamie Carragher, entre la 59e et la 68e minutes qui ont vu Liverpool récupérer quatre ballons dans la moitié de terrain des Citizens, tirer quatre fois et marquer trois buts dont deux sur ces ballons arrachés.
Malgré tout ça, City, qui avait déjà égalisé avant la pause, est revenu à 3-4 et a fait passer un frisson à Anfield sur la dernière occasion du match d’Agüero dans la dernière minute du temps additionnel. Cela montre à quel point ce City-là est fort, ce qu’il a fallu à Liverpool pour en venir à bout et ce qu’il faudra à ses futurs adversaires pour imiter les Reds. Mais combien d’équipes en Angleterre peuvent imposer un tel pressing aussi haut et aussi longtemps ? Très peu, à part peut-être Tottenham si vous vous souvenez de leur succès la saison passée (2-0). Mais c’était à White Hart Lane, un terrain plus petit que Wembley et donc plus propice au pressing et à la réduction des espaces. Pour savoir, il faudra attendre le 14 avril, à cinq journées de la fin, mais d’ici là, City sera peut-être déjà sacré champion avec d’autres objectifs en tête.
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FOOTBALL: Premier League: Guardiola : "Le football est imprévisible"

Le débat aurait très différent si City s’était incliné à Crystal Palace (0-0) ou face à la lanterne rouge. Beaucoup de questions auraient été posées. Un coup d’arrêt ? De la suffisance ? Mais ce 3-4 à Liverpool ? Non, vraiment pas. Ederson a fait une erreur en relançant directement sur Salah ce qui a conduit au quatrième but des Reds et sans doute privé City d’une autre issue que la défaite ? Et alors ? Cela fait partie du jeu et des risques pris par le gardien brésilien et de City, qui n’a jamais fermé le jeu. Fernandinho, pourtant si sûr toute la saison, a été coupable de la même erreur tandis qu’on a tendance à oublier la faute de Firmino sur Stones, le duel épaule contre épaule ne justifiant pas de pousser l’adversaire dans le dos.
Certains ont même osé profiter de l’occasion pour glisser que le bus de Mourinho avait été bien plus qu’efficace que l’approche de Guardiola. Vous le croyez ? Alors, 1. Guardiola évolue en fonction des caractéristiques des joueurs à sa disposition (et ceux-là ne sont pas faits pour défendre dans leurs trente mètres) ; 2. C’est cette approche, offensive et très ouverte, qui permet aujourd’hui à City d’être en tête du championnat avec douze points d’avance. Mais passons.
Les "Invincibles" d’Arsenal avaient fini la saison vidés nerveusement
L’autre enseignement c’est évidemment que Manchester City n’effacera pas le record des "Invincibles", les vrais, ceux d’Arsenal. Ils en sont même restés très loin (30 matches depuis le 5 avril 2017 contre 49 pour les Gunners entre 2003 et 2004). C’est sans doute un "titre" que les Londoniens emporteront dans leur tombe. Mais c’est ce qui pouvait arriver de mieux aux Citizens. Ceux qui ont vécu de près la formidable série d’Arsenal ou échangé avec certains des acteurs savent combien ce record a pesé sur l’équipe, les joueurs et son manager, qui ont tous fini vidés nerveusement. Chaque match était devenu une finale de coupe, chaque adversaire un ennemi déterminé à les faire tomber, chaque article dans la presse un compte à rebours inévitable.
Obnubilés, les Gunners y ont laissé beaucoup de forces et surtout des plumes au cours d’une saison qui les a vu remporter le titre, certes, mais également perdre toutes les autres compétitions et surtout laisser échapper une Ligue des Champions qui leur tendait les bras au vu du dernier carré : Porto, Monaco, La Corogne et Chelsea qui les avait éliminés grâce à un but de Wayne Bridge au retour à Highbury (2-1) malgré le bon résultat du match aller (1-1). Cela reste l’un des grands regrets d’Arsène Wenger et ses joueurs. Pep Guardiola le sait trop bien. Désormais, son équipe peut se concentrer sur l’essentiel : gérer son avance en championnat, se concentrer sur sa demi-finale retour de coupe de la ligue à Bristol City (aller 2-1), la Cup et surtout la Ligue des Champions, le grand objectif des dirigeants mancuniens.
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Pep Guardiola Manchester City Premier League

Crédit: Getty Images

Bruno Constant fut le correspondant de L’Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd’hui avec RTL et Rfi en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté.
Pour approfondir le sujet, retrouvez
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