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Mercato - Indésirable à Everton, soutenu par Mauricio Pochettino : Dele Alli, grand mystère pour un grand vertige

Cyril Morin

Mis à jour 10/07/2023 à 18:58 GMT+2

Annoncé comme un phénomène lors de sa prise de pouvoir précoce chez Tottenham, Dele Alli est désormais un indésirable à Everton, où sa carrière n'a pas su être relancée par des prêts inefficaces et dévastateurs pour sa confiance et son aura. L'Anglais n'est plus que l'ombre du joueur instinctif et imprévisible qu'il était. A 27 ans, peut-il encore renouer avec les promesses du passé ?

Dele Alli sous le maillot du Besiktas

Crédit: Getty Images

Alors qu'il s'attaque aux milles travaux d'Hercule en devenant le manager d'une équipe de Chelsea illisible ces derniers mois, c'est d'un autre héros que Mauricio Pochettino dût parler samedi lors de sa première conférence de presse chez les Blues. Ce héros-là, il l'avait façonné en partie. Peut-être saurait-il éclairer d'une lumière nouvelle les errements passés de Dele Alli, puisque c'est de lui qu'il s'agit. Sa prise de parole n'a fait que renforcer le mystère : "J'espère avoir du temps pour l'appeler ou le voir car c'est un mec génial et je veux parler avec lui, a ainsi détaillé l'Argentin. Je veux l'aider et comprendre ce qu'il se passe".
"Comprendre ce qu'il se passe" avec Dele Alli, c'est une question obsédante pour le football anglais et la caravane de médias - parfois hystériques - qui l'accompagne au quotidien. Comment un gamin béni des Dieux, travailleur, buteur, atypique, moderne et promis à monts et merveille peut-il être devenu un vulgaire indésirable du côté d'Everton après avoir été renvoyé de son prêt à Besiktas ? Pourquoi le "meilleur milieu de terrain vu depuis Paul Gascoigne", dixit Sir Alex Ferguson, escorte-t-il désormais une ribambelle de doutes quant à son avenir au plus haut niveau ?
Il sera meilleur que Gerrard
Se pencher sur le mystère Dele Alli, c'est être pris d'un vertige terrible. Ses débuts sont annonciateurs d'un talent à part. Le gamin de Milton Keynes serait grand, immense, au moins autant que son idole, Steven Gerrard. "Il sera meilleur que Gerrard", avait même prophétisé l'ancien joueur Jamie Redknapp.
Sa frappe lumineuse face aux Bleus un soir de novembre 2015, son but exceptionnel après un enchaînement divin face à Crystal Palace en janvier 2016, son copier-coller face à Chelsea pour mettre fin à la folle série des Blues d'Antonio Conte en janvier 2017 : les fulgurances du jeune Dele ne sont pas de nature à faire baisser la hype autour du jeune Anglais.
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Dele Alli et Paul Pogba lors de France - Angleterre

Crédit: Getty Images

Ni box-to-box, ni meneur de jeu, ni véritable buteur, Alli est un milieu atypique à la projection divinement efficace, au point d'atteindre la barre des vingt buts en Premier League… vingt mois seulement après l'avoir découverte. Sa présence à la Coupe du monde en Russie est une formalité, illustrée par ce nouveau pion, une tête encore, en quarts de finale face à la Suède (0-2). A 22 ans, il est titulaire indiscutable chez les Spurs et en sélection où l'on imagine un avenir radieux dans lequel Alli serait une pièce maîtresse.

Mourinho, lui, avait tout vu avant tout le monde

Tout semblait écrit et puis… Dater un point de rupture est un exercice piégeux. 2018-2019 ? Certes, Dele Alli n'a plus l'éclat passé, mais il participe à la saison folle des Spurs, achevée par une finale de Ligue des champions. 2020, sans doute, marque un épisode marquant qu'il convient de se rappeler. Mauricio Pochettino, celui qui l'a lancé et promu, est renvoyé de son poste chez les Spurs et c'est José Mourinho qui débarque. Les débuts, là encore, sont idylliques et le Portugais tombe sous le charme de celui qu'il ne veut pas définir comme un milieu.
"Il joue vraiment très, très bien, explique-t-il dix jours après son arrivée, après une démonstration face à Bournemouth (3-2). Je ne pouvais pas attendre plus de lui". Cette phrase ne restera pas vraie très longtemps. C'est lors de cette même saison que les caméras d'Amazon captent un échange rare : une mise en garde prophétique de Mourinho envers son joueur. La séquence, exceptionnelle, pointe déjà l'un des dangers qui guette Dele.
"Je t'ai vu jouer des matches incroyables et faire des choses incroyables, mais j'ai toujours remarqué que tu avais des hauts et des bas, débute ainsi Mourinho alors que son joueur semble détaché. Je ne sais pas si c'est lié à ton mode de vie. Si sur une période tu es un professionnel incroyable, si sur une autre tu deviens un fêtard. Je ne sais pas, je n'en ai aucune idée. Seul toi peut savoir. Il y a une grande différence entre un joueur qui reste constant et un joueur qui a ses moments, et c'est ce qui fait la différence entre un joueur de haut niveau et un joueur avec un grand potentiel. […] Un jour, je pense que tu le regretteras si tu n'atteins pas ce que tu devais atteindre. Je ne m’attends pas à ce que tu sois l’homme du match à chaque match. Je ne m’attends pas à ce que tu marques des buts à chaque match. Je veux juste te dire que je pense que tu vas le regretter. Tu dois exiger davantage de toi. Ce ne devrait pas être moi qui exige plus de toi. Personne d’autre, juste toi. Tu devrais exiger plus de toi-même".

Frasques, look et avenir incertain

A Tottenham, Alli disparaît du onze titulaire, du groupe de l'équipe première et semble stagner à vue. Paris, par l'entremise de Pochettino encore, tente le coup en janvier 2021 sans réussir à boucler l'affaire. Six mois plus tard, la cause est entendue : s'il veut redécoller, Alli doit s'exiler et voir autre chose. Everton croit flairer le bon coup. Prudents, les Toffees montent un deal hydride avec Tottenham : le prix dépendra des performances du joueur. Mais comme Mourinho, Nuno Espirito Santo ou Antonio Conte avant lui, Frank Lampard finit par renoncer face aux performances transparentes du joueur et son investissement quotidien insuffisant. Son look, ses bolides et ses frasques font parler, reléguant le football d'Alli au second rang.
"La première chose que Dele doit faire est de trouver une cohérence dans son entraînement et c’est quelque chose dont j’ai parlé, je suis un grand partisan de l’entraînement à un niveau quotidien qui est là pour vous améliorer, avait-il expliqué. Pour moi, le plein investissement à l’entraînement n’est pas négociable, et je pense que Dele a besoin de comprendre que c’est important pour moi et pour lui".
Bouché à Everton, c'est donc… en Turquie qu'Alli espère rebondir à l'été 2022. A Besiktas, pourtant, on se désespère pour les mêmes causes. Son talent est indéniable, son manque d'investissement professionnel aussi. "Le statut actuel de Dele Alli dans l’équipe ne répond pas à nos attentes. Il ne mérite pas de jouer", tançait son entraîneur Senol Günes en janvier dernier.
La suite ? Des blessures, des quiproquos et cette vidéo, le montrant inhalant du gaz hilarant en pleine rééducation en guise d'énième frasque. Besiktas met fin au prêt, Alli décide de subir une opération pour se remettre d'une blessure à la cause inconnue. "Il est revenu avec une blessure qui va prendre du temps à se soigner, expliquait ainsi factuellement Sean Dyche, celui qui a remplacé Lampard sur le banc d'Everton, en avril dernier. J'espère qu'il saura utiliser cette période avec sagesse". En l'état, c'est plus sa capacité à redevenir professionnel qui intéresse le technicien.
Le "gamechanger" Alli n'existera plus tant que le sérieux Dele ne sera pas revenu aux affaires. A 27 ans, rien n'est encore définitif. Mais la dynamique dessinée par les derniers mois n'incite pas forcément à l'optimisme. Restera-t-il à jamais un énième "What If ?" du football anglais ? Seul lui est en mesure de trouver la réponse à un mystère décidément bien trop long à dénouer…
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