"Il était vraiment adepte de Guardiola" : Régis Le Bris raconté par ses anciens joueurs

Après un long parcours de formateur, où il a été reconnu pour son action, Régis Le Bris est passé dans le monde des adultes depuis trois ans. Et le voilà à la tête de la surprise de la saison en Premier League avec Sunderland. L'occasion d'aller interroger ses anciens joueurs à Rennes et à Lorient sur la méthode Le Bris.

Régis Le Bris lors de Sunderland - Everton en Premier League, le 3 novembre 2025

Crédit: Getty Images

Alexandre Lavenant : "Habité par cette connaissance du jeu"

"Franchement ? Je ne suis pas surpris de ce qui lui arrive. Depuis que je l'ai rencontré, c'est comme s'il était prédestiné à avoir ce chemin-là. C'était tout de suite une façon très moderne de voir le foot comparé à ce qui se faisait avant. Une façon de faire comme on pouvait le voir chez les grands coachs. Il était très porté sur la tactique, la connaissance du football. Beaucoup, beaucoup dans l'échange avec ses joueurs. Il les faisait toujours participer, prendre les initiatives sur les retours d'entraînements et de matchs. Tout était dans le dialogue. Ça faisait gagner un temps fou dans l'apprentissage, pour mettre les choses en place. Parfois, sur des causeries, normalement, de façon classique, c'est le coach qui présente son projet de jeu pour le match. Lui, d'entrée, c'était laisser la place aux joueurs. C'était, des fois, nous qui faisions la causerie à 90%.
Sur la tactique, il avait une grosse connaissance du jeu. Que ce soit aux entraînements ou en matchs, c'était toujours réfléchi. On savait exactement tous ce qu'on avait à faire, dans quelle position on devait être sur le terrain. Rien n'était laissé au hasard. Ça nous rendait plus fort, on n'avait pas beaucoup de doute. C'est par cette connaissance du jeu qu'il était habité. Au départ, humainement, il avait un côté un peu déstabilisant. Avec ce côté renfermé quand on pouvait lui parler lors d'entretiens dans son bureau. Je crois justement que c'est la partie où il a beaucoup évolué pour s'adapter au monde pro des adultes. Il est, je crois, beaucoup plus ouvert. En alliant ce côté humain et la connaissance tactique, ça fait les résultats qu'il a aujourd'hui."
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Folarin Balogun (Reims) et Alexandre Lavenant (Les Herbiers) en Coupe de France, le 21 janvier 2023

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Peter Ouaneh : "Des vidéos du Betis, de Bilbao et de City"

"On a partagé pas mal de saisons ensemble (NDLR : cinq). Ce qui m'a marqué, c'est le fait qu'on ait gagné le championnat U17. La plus grande aventure que j'ai partagée à ses côtés. On avait perdu qu'une seule fois à domicile. Il faut savoir que c'est un grand travailleur. Il mange beaucoup de football. Il regardait tous les matchs, il était là très tôt le matin et partait très tard le soir. On faisait beaucoup de vidéo. Avec des références à des matchs qu'il voyait de Liga, de Premier League, du Betis Séville, de Bilbao, de Manchester City. Ça entrait dans son processus de formation.
C'était se calquer sur eux. Pas forcément faire la même chose, mais c'était nous montrait que le haut niveau ressemblait à ça et qu'il allait falloir essayer de faire pareil. Ce n'était que du bonus pour nous. Je me souviens, au début d'une saison, j'étais latéral, et Manchester City faisait rentrer ses latéraux à l'intérieur du jeu. Donc on travaillait. Ça permettait de développer de nouvelles capacités. On devait aussi faire des retours de nos matchs. J'ai encore dans ma boîte plein de mails envoyés. Il voyait tous les joueurs avec son adjoint. Une partie individuelle, et on faisait ensuite une séance vidéo collective plus tard. Humainement, au début, quand on ne le connaît pas, il peut paraître une personne assez froide, mais, finalement, non. Il est très réfléchi. Je ne pensais pas qu'il pouvait faire des blagues, mais à un moment, il en faisait, et il s'est un peu plus ouvert petit à petit. Là où il est, il le mérite, c'est un très gros travailleur."
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Marco Tumminello et Peter Ouaneh lors de Italie - France U18, le 13 avril 2016 à Padoue

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Maxime Etuin : "Grâce à lui, quand je suis devant un match, je suis vraiment imprégné"


"Un des coachs qui m'a le plus inspiré. Il avait une méthode spéciale par rapport aux autres. Il nous amenait à beaucoup réfléchir sur le jeu et à voir le foot d'une autre manière. Il nous mettait dans des situations où il nous posait des problèmes, et c'était à nous de les résoudre. Parfois, ça pouvait prendre deux jours. Je me souviens aussi de séances vidéos, puisqu'il filmait toutes les séances d'entraînement et tous les matchs : parfois, il posait la question à un joueur sur une situation, et il pouvait y avoir un blanc d'une minute trente s'il fallait, mais il voulait que le joueur réponde. Il partait du principe qu'on n'aurait pas tout le temps le coach à côté pour résoudre ces problèmes. C'est ce qui fait le joueur que je suis aujourd'hui. Son approche du foot t'amène à beaucoup réfléchir sur les espaces, sur comment presser.
Quand je regarde un match de foot à la télé, je ne le regarde plus comme un spectateur. Il arrive à amener ça chez tous les joueurs, qu'ils se posent des questions sur le jeu et sur le métier. Grâce à lui, quand je suis devant un match, je suis vraiment imprégné : comment l'équipe presse, comment elle ressort la balle... Avant, je ne regardais que le ballon. Au début, ça peut être un peu chiant pour certain, un peu scolaire, mais ça a servi à tous les joueurs qui l'ont eu. Je ne vais pas dire qu'il fait devenir chaque joueur son propre coach mais... Il s'inspirait d'un peu tout le monde, mais il était vraiment adepte de Guardiola à un moment. Il est hyper curieux et est constamment en train de chercher à progresser. Humainement, ce n'était pas forcément un coach qui allait tout le temps demander l'avis des joueurs, être proches d'eux comme le sont certains. Il gardait une petite distance, avec ses propres idées. Il peut paraître un peu froid, très centré sur le jeu et moins sur le côté humain, sur l'affect. Ce n'est pas le coach qui va haranguer, crier, mais il était impactant tout en restant calme."
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Maxime Etuin et Corentin Jean lors de Toulouse - Lorient en Ligue 1, le 31 octobre 2018

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Pierre-Yves Hamel : "Il nourrit sa culture foot tous les jours"


"Il a toujours eu une philosophie de jeu avec des principes et des idées fortes, par rapport, notamment, au jeu avec et sans ballon. C'est un gros travailleur, qui sait exactement ce qu'il veut, et ce qu'il ne veut pas. Il a aussi une grande intelligence footballistique et personnelle. Il est tellement passionné de football, de tactique, de développement. Il nourrit sa culture foot tous les jours. Il ne laisse jamais rien au hasard. Tout ce qu'il fait a un objectif, que ce soit dans les relations ou dans la mise en place tactique, l'orientation des séances... Il essaie de maîtriser le plus de choses possibles d'un sport qui peut paraître aléatoire pour les gens. Il souhaitait développer les joueurs, pour avoir une culture de la vidéo, de l'analyse. Et, quand on était sur le terrain, il partait du principe que les premiers acteurs, c'était nous et qu'on devait être capables en quelques minutes d'adapter notre tactique pour poser des problèmes à l'adversaire."
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Pierre-Yves Hamel félicité après avoir marqué lors de Lorient - Nantes en Ligue 1, le 15 octobre 2016

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Alexandre Leroyer : "Je l'appelais l'ordinateur"


"Je l'appelais "l'ordinateur". Il a des trucs dans la tête, c'est affolant ! Il avait plein d'idées sur tout, le club... Il faut voir ce qu'il a mis en place au FC Lorient, notamment la façon de jouer au foot, l'organisation, le coaching, la préparation physique... Il aimait bien Christian Gourcuff et Pep Guardiola. On faisait beaucoup de vidéo. On rabâchait tout le temps la même chose. Mais on prenait beaucoup de plaisir à l'entraînement. Il nous stimulait tout le temps. Il laissait beaucoup de libertés aux joueurs. On cherchait les solutions à un problème, et si on ne trouvait pas, il stoppait, il regroupait tout le monde et répétait souvent. Mais, à force, le week-end, c'était incroyable. On prenait tellement de plaisir..."
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Régis Le Bris avec Lutsharel Geertruida lors de lors de Sunderland - Arsenal en Premier League, le 8 novembre 2025

Crédit: Getty Images


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