Mort de Diogo Jota (Liverpool) | Tu étais un drôle de joueur, Diogo
Publié 03/07/2025 à 15:07 GMT+2
Diogo Jota est mort, ce jeudi, dans un accident de la route et au beau milieu d'une carrière qui disait assez bien le joueur et l'homme qu'il était. Apprécié mais discret, généreux même si moins brillant que beaucoup d'autres, l'attaquant avait fini par se rendre indispensable dans l'effectif de Liverpool et aux yeux de tous ses entraîneurs.
Diogo Jota est mort à la suite d'un accident de la route
Crédit: Getty Images
La mort vous renvoie toujours à des faits et des symboles qui la rendent encore plus douloureuse. C'est encore plus vrai lorsqu'elle est si soudaine, brutale, comme elle l'a été pour Diogo Jota, 28 ans, qui a perdu la vie dans un accident de voiture aux côtés de son frère André, ce jeudi, en Espagne. Il y a quelques jours, le joueur de Liverpool vivait l'un des plus beaux jours de sa vie en épousant sa femme et la mère de ses trois enfants, Rute Cardoso.
L'attaquant sortait d'une saison difficile sur le plan personnel, mais pour laquelle il aurait sans doute signé des deux mains si on le lui avait promis d'avoir ce qu'il a finalement eu : un premier titre de champion d'Angleterre - son rêve - un second avec le Portugal, en Ligue des nations. Jota avait l'excellence de n'être brillant nulle part mais bon partout, ce qui avait fini par le rendre indispensable.
De Gondomar au Royaume-Uni, ils étaient bien peu à l'imaginer atteindre ces hauteurs-là. Au pays, il était jugé trop frêle, et pas suffisamment à l'aise techniquement, face aux autres talents que le Portugal fait émerger en grappes, pour que les grandes académies se soucient de lui. Et lorsqu'il était passé directement du modeste club de Paços de Ferreira à l'Atlético de Madrid, beaucoup y avaient vu, sans doute à raison, la grande influence de Jorge Mendes.
La suite de son parcours avait renforcé cette impression-là : un prêt à Porto, un autre à Wolverhampton. "À l'époque, j'avais lu une étude de Transfermarkt qui disait que le Championship était le 6e championnat le mieux valorisé en Europe, derrière la première division portugaise, racontait-il à FourFourTwo il y a quelques années. [...] Un oncle m'avait demandé pourquoi j'allais là-bas. Et je dois admettre que je n'étais moi-même pas totalement convaincu par l'idée lorsque Jorge m'en a parlé pour la première fois. Il a fini par me convaincre. Et plus tard, il m'a dit : 'Tu vois, j'avais raison depuis le début !"
Ce si précieux Diogo Jota
Il fallait une cellule de recrutement aussi pointue que celle de Liverpool pour comprendre que Diogo Jota savait faire bien plus de choses que ne laissait penser son simple bilan chiffré, ses 16 buts et 6 passes décisives en 48 matches lors de sa troisième saison avec les Wolves. À ce moment-là, Jürgen Klopp cherchait un "supersub" pour faire souffler son trio Salah - Mané - Firmino. Et n'aurait sans doute pas pu trouver mieux pour ce rôle.
"Il a tout ce dont un joueur de Liverpool a besoin, disait de lui le manager allemand, quelques mois après son arrivée. C'est un joueur exceptionnel et un mec exceptionnel." Et quelques mois plus tard, alors qu'il en avait fait bien plus qu'un remplaçant de luxe, Klopp enchérissait : "Une nouvelle fois, il montre qu'en tant que joueur offensif, tu peux être impliqué dans absolument toutes les situations défensives et rester une menace constante offensivement. Il n'y a pas de "si" ni de "ou". Tu peux faire les deux. Et Diogo le démontre."
/origin-imgresizer.eurosport.com/2025/07/03/image-d5b3e6ff-eb25-4364-acd3-6785ba89dc84-85-2560-1440.jpeg)
Les supporters de Liverpool ont rendu hommage à Diogo Jota
Crédit: Getty Images
Voilà pourquoi même Arne Slot, tout aussi exigeant techniquement, avait fini par admettre, au sortir de l'hiver dernier, que Diogo Jota lui avait beaucoup manqué en raison de ses blessures musculaires récurrentes. Il était un joueur intelligent, généreux, polyvalent, à l'aise des deux pieds, bien plus fort que la plupart des joueurs de sa taille dans le domaine aérien, et bon finisseur. Un couteau-suisse comme les entraîneurs adorent. Un joueur opportuniste dont les supporters - en particulier anglais - raffolent.
Le secret de la réussite est de ne jamais abandonner
Son dernier but restera un petit bijou dans un match bien choisi : un derby de la Mersey verrouillé à double tour. Les fans des Reds n'avaient de toute façon pas attendu cela pour l'adorer. Et lui avaient même consacré un chant :
"Oh, he wears the number 20,
(Oh, il porte le numéro 20)
(Oh, il porte le numéro 20)
He will take us to victory,
(Il va nous mener à la victoire)
(Il va nous mener à la victoire)
And when he’s running down the left wing,
(Et quand il court depuis l'aile gauche)
(Et quand il court depuis l'aile gauche)
He’ll cut inside and score for LFC.
(Il repique dans l'axe et marque pour Liverpool FC)
(Il repique dans l'axe et marque pour Liverpool FC)
He’s a lad from Portugal,
(C'est un gars du Portugal)
(C'est un gars du Portugal)
Better than Figo don’t you know,
(Meilleur que Figo, sachez-le)
(Meilleur que Figo, sachez-le)
Oh, his name is Diogo !"
(Oh, son nom est Diogo !)
(Oh, son nom est Diogo !)
"Je pense que mon parcours prouve que le secret de la réussite est de ne jamais abandonner", disait-il à The Athletic, en 2020. Diogo Jota n'était pas un immense talent mais il était un modèle d'abnégation et un exemple d'implication. L'avoir lui, plutôt qu'un autre, offrait beaucoup plus de chances de ne pas se tromper.
"Sur les neuf dernières années, je pense que nous n'aurions pas dû vendre Diogo Jota, a confié Jeff Shi, patron des Wolves, dans le podcast Business of Sport. À cette époque-là, nous devions vendre un joueur entre Adama Traoré et lui. Mon entraîneur de l'époque, Nuno, avait choisi de garder Adama. Mais si vous m'offriez la possibilité de changer l'histoire, je n'aurais pas vendu Diogo." Cette interview a été diffusée mercredi, quelques heures seulement après l'accident qui a coûté la vie à l'international portugais. Encore un symbole cruel.
Sur le même sujet
Publicité
Publicité