Premier League - Arsenal est-il devenu ennuyeux ?

Ce n'est pas vraiment sa priorité. Son objectif numéro 1 est même clair et net : il doit gagner. Offrir un nouveau trophée majeur à Arsenal, alors que les Gunners n'ont plus remporté la Premier League depuis 2003-04 et n'ont ajouté à leur armoire à trophées que des FA Cup ou des Community Shield durant cette période. Et Mikel Arteta le sait : l'horloge tourne, étant donné les années terminées avec un petit goût amer dans la bouche qui s'accumulent et les moyens consentis cet été sur le marché des transferts avec près de 300 millions d'euros investis. Mais un autre débat revient régulièrement ces dernières années : les Gunners sont-ils devenus ennuyeux ?

Alors que le club londonien avait longtemps été une référence en la matière sous la coupe d'Arsène Wenger et avait aussi séduit le Royaume lors des premières années d'Arteta sur le banc, Arsenal a souvent été montré du doigt pour son jeu "boring" ces derniers temps. Et ça a notamment été le cas lors du dernier exercice quand les Gunners se sont retrouvés sans vrai neuf pour conclure la saison.

Ils n'emballaient pas vraiment les rencontres. Restaient très focus sur leur plan de jeu en attendant les erreurs adverses ou de frapper sur des coups pieds arrêtés où les Gunners sont devenus redoutables dans le sillage de Nicolas Jover. Ils n'enflammaient pas les foules tout simplement. "Je m'ennuie vraiment en regardant Arsenal, avait d'ailleurs lancé Paul Scholes dans l'émission The Overlap. C'est la même chose chaque semaine. Sans un avant-centre et Saka qui apporte du piquant et du talent… J'ai vraiment du mal à regarder ça. Il y a du beau football, c'est sympa, mais ce n'est pas passionnant.".

Cet été, le board d'Arsenal a cependant mis les bouchées doubles pour permettre à Mikel Arteta d'assouvir les ambitions des Gunners. Aucun cadre n'est parti et du beau monde a débarqué sur les bords de la Tamise (ndlr : Viktor Gyökeres, Martin Zubimendi, Eberechi Eze…). Mais pour le moment, le constat est identique. Après avoir gagné ses deux premiers matches, Arsenal est certes troisième. Mais le spectacle n'est pas vraiment au rendez-vous.

Une stat illustre ce côté minimaliste. Le club londonien, toujours aussi expert sur ces phases de jeu, est deuxième du championnat en ce qui concerne les "expected goals" sur coups de pied arrêtés derrière Chelsea. En revanche, il n'est qu'avant-dernier pour les "expected goals" dans le jeu. Alors Arsenal, la caricature du jeu anglais à l'ancienne ? On n'en est évidemment pas là. Arsenal ne balance pas de longs ballons, et se contente plus de ronronner en attendant l'opportunité. Mais c'est quand même un drôle de paradoxe quand on connait l'histoire récente des Gunners.

Contre Liverpool lors de la dernière journée et alors qu'Arteta a dû composer sans de nombreux piliers (ndlr : Bukayo Saka, son capitaine Martin Odegaard, Kai Havertz), Arsenal a d'ailleurs encore déçu en livrant un choc sans étincelles. Et derrière, les critiques ont fusé.  "Je ne veux pas insulter Arsenal, mais leur style de football est tellement ennuyeux à regarder, a lancé Peter Schmeichel, l'ancien gardien légendaire de Manchester United, sur ViaPlay. Il est conçu pour exploiter les erreurs de leurs adversaires tout en attendant les coups de pied arrêtés. Ensuite, ils prennent leur temps et ralentissent le rythme du match. (…) Arsenal apporte un style de football déplaisant à notre sport".

Un constat sans concession. Mais il n'est pas le seul à le penser. Pour TalkSport, Manu Petit n'a ainsi pas non plus caché sa frustration face au côté trop pragmatique de son ancien club. "Je m'ennuie parfois, a aussi reconnu celui qui a joué trois saisons à Arsenal. Et je voudrais juste qu'Arsenal revienne à ce qu'il était il y a trois ans, quand Arteta jouait un football magnifique, un football offensif, avec des passes vers l'avant. Il y avait de la vitesse et de superbes mouvements dans le dernier tiers du terrain à tout moment, et c'était très difficile à défendre car le danger venait de partout. Maintenant, c'est plutôt : je te passe le ballon, tu me le renvoies, je te le repasse... Et même certains joueurs commencent à s'ennuyer sur le terrain".

Face à la pression et alors que l'oxygène s'est rarifié avec les hauteurs de la Premier League, Arsenal et Mikel Arteta ont peut-être un peu trop sacrifié leur ADN sur l'autel des résultats. Et ce qui faisait leur charme. Mais la balance entre le besoin de performer et le désir de faire du beau jeu n'est pas toujours évidente à trouver. Surtout quand on court après les titres depuis si longtemps…