Trapattoni est prêt

A 70 ans, il en a vu d'autres. Depuis le début de sa carrière d'entraîneur, en 1974, il a tout gagné ou presque. Giovanni Trapattoni a été champion en Allemagne, au Portugal, en Autriche et sept fois en Italie. Avec la Juventus de Michel Platini, il a même remporté la Ligue des Champions. Ajoutez à cela une Coupe des Coupes, trois Coupes de l'UEFA, une Supercoupe d'Europe et une Coupe Intercontinentale. Voilà un palmarès qui tranche avec celui de Raymond Domenech. Arrivé à la tête de l'Eire en 2008, il préfère pourtant se tourner aujourd'hui vers l'avenir et ce match face à la France, samedi, à Dublin. Entraîneur de caractère, dont le coup de gueule lorsqu'il était aux commandes du Bayern est entré dans la légende, espère une équipe à son image. "Le Trap joueur affrontait Pelé sans avoir peur. Casse-cou et courageux. C'est comme ça que je veux voir mon Irlande", a-t-il lancé.

L'Italien ne se voile pas la face. La France est un mauvais tirage pour son équipe. "Les équipes nationales ont les mêmes droits et mettre en place des têtes de série va l'encontre de ces principes. Mais le business des grosses équipes contrôle tout", avait-t-il regretté. Néanmoins, Trappatoni n'est pas effrayé. Loin de là. Interrogé sur l'écart entre les deux équipes sur un plan technique, il a livré sa vision des choses dans La Gazzetta dello Sport : "Ce défi me rappelle les derbies milanais: avec mon Inter contre le Milan des phénomènes Van Basten, Gullit, Rijkaard et Sacchi sur le banc de touche. Techniquement inapprochables. Mais regardez au bout du compte qui a gagné le plus souvent: mon Inter savait mordre... Et comment!". "La France est équivalente (pour le foot) à La Scala (pour l'opéra), a-t-il ajouté. Mais le foot n'est pas une science, ce n'est pas de la mathématique. Il ne suffit pas d'être plus fort pour gagner".

Trapattoni n'est pas du genre à faire un complexe d'infériorité. Il aurait d'ailleurs bien tort. N'a-t-il pas fait de l'Eire l'une des cinq équipes européennes restées invaincues durant la campagne de qualification ? "Le match est équilibré. Nous aussi nous avons des joueurs très importants", souligne-t-il également. "Je ne suis pas du tout effrayé de jouer contre cette équipe. Je connais la qualité de leurs joueurs, mais nos joueurs les ont déjà affrontés, en Angleterre notamment. Le football aujourd'hui est tellement tactique mais des inspirations de génie peuvent toujours faire la différence". La dernière fois que les deux équipes se sont affrontées, le 7 septembre 2005 à Lansdowne Road, c'est Thierry Henry qui avait eu l'inspiration en inscrivant le seul but du match (0-1). Quatre ans plus tard, la donne sera-t-elle différente ?

Dans l'enfer de Croke Park, le Trap promet une réception musclée aux Bleus. "Nous ne sommes pas connus mais nous sommes des guerriers", a-t-il lancé. Le sélectionneur transalpin a également annoncé qu'il était "prêt aussi à tout jouer aux tirs au but" et envisage la manière de marquer : "Ça pourrait être de la tête, sur corner. Ou sur coup franc: j'ai dit à mes joueurs d'étudier la frappe d'un certain Pirlo. Plutôt pas mal, non?". En fin tacticien, il a visiblement tout prévu. Même le petit coup de pression sur l'arbitre. "Je voudrais rappeler à la Fifa que M. Giovanni Trapattoni porte encore les cicatrices que lui avaient infligées l'arbitre Moreno au Mondial-2002 (l'Italie qu'il entraînait alors avait été éliminée en 8e de finale par la Corée du Sud, 2-1 en prolongation, les Italiens contestant l'arbitrage, ndlr). J'ai déjà été échaudé une fois, cela suffit!", a-t-il prévenu.