Comment, en un an, les Bleus ont clos le débat Benzema

Nice, 8 octobre 2015, Allianz Riviera, 81e minute. Après avoir inscrit un doublé en quelques secondes face à l'Arménie (4-0), Karim Benzema laisse sa place à Olivier Giroud sous une belle ovation. La nuit est douce et insouciante sur la Côte d'Azur. Pourtant, l'atout offensif numéro 1 des Bleus ne verra pas l’Euro 2016. Mais personne ne s'en doute encore. Après le terrible séisme qu'ont provoqué l'affaire de la sextape, son absence à l'Euro et ses déclarations dans Marca, l'équipe de France semble enfin avoir totalement apprivoisé la vie sans Benzema.

Pour la première fois, jeudi dernier, Didier Deschamps a dévoilé sa liste des 23 sans qu'aucun journaliste ne le questionne sur le cas de l'attaquant du Real Madrid. Il a fallu un an pour que son absence ne fasse plus l'évènement et c'est finalement plutôt logique au regard de l'année écoulée. D'un point de vue des stricts résultats sportifs, l'équipe de France a atteint la finale de l'Euro et s'est replacée parmi les meilleures nations mondiales. Elle n'a perdu que deux de ses 18 rencontres disputées en 12 mois (la finale de l'Euro et la rencontre à Wembley disputée dans des circonstances très particulières). Les Bleus ont inscrit 38 buts soit une moyenne de plus de 2 buts par match. Ils ont su assez vite se relever de son absence. Si personne ne sait comme ils se seraient comportés avec lui, ils ont signé une brillante année sans le Madrilène.

Trois dates ont joué un rôle crucial pour l'équipe de France post-Karim Benzema.

Au-delà du succès à la portée limitée par la faiblesse de l'adversaire, cette rencontre réhabilite Olivier Giroud, tancé par des sifflets lors du premier match de préparation à Nantes, dans l'opinion public. Il passe de bouc-émissaire à héros après son doublé. Il s'offre sa première ovation, fait taire les sceptiques et écarte, pour un temps au moins, les doutes à son sujet. Avant de débuter l'Euro, l'équipe de France a éloigné le fantôme Karim Benzema en se trouvant un avant-centre aux épaules assez larges et à la réussite insolente.

Les Bleus ont grandi d'un coup et cette génération s'est trouvé un nouveau symbole. Leader technique et chef de file de l'équipe de France depuis les éliminatoires de l'Euro 2012, Karim Benzema est remplacé par Antoine Griezmann. Auteur d'un doublé face aux champions du monde allemands, l'attaquant de l'Atlético parachève ce jour-là son Euro brillant dont il finira meilleur buteur avec six réalisations. Ces Bleus sont rebaptisés "Génération Griezmann". Ils ont trouvé ce leader, ce grand joueur capable de les propulser en finale d'un tournoi international. Et ce n'est pas Karim Benzema, qui a longtemps incarné cet espoir.

Olivier Giroud est blessé et rate son premier rendez-vous international depuis 2014. Même en l'absence de son avant-centre titulaire, Deschamps ne rappelle pas Benzema. C'est Kevin Gameiro qui a ses faveurs. Le Sévillan est excellent face à la Bulgarie et son entente avec Griezmann crève l'écran. L'absence de Benzema se fait ressentir quand l'attaque des Bleus est en panne. Mais elle n'a jamais semblé aussi vigoureuse.

Peu à peu, Karim Benzema s'est effacé des débats. Aujourd'hui, l'équipe de France est, même s'il s'en défend, celle d'Antoine Griezmann. Le duo Giroud-Gameiro se dispute sa pointe à l'issue de douze mois aboutis pour l'un en sélection pour l'autre en club. Par définition, cet équilibre demeure fragile. Mais tant que Didier Deschamps pourra compter sur un secteur offensif aussi efficace, la question du retour de Karim Benzema en Bleu ne se posera plus. C'est tout le mérite du sélectionneur, de sa communication et de ses hommes d'avoir su éteindre un brasier qui menaçait leur équilibre.