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"Il y a deux dates gravées dans la mémoire collective : le 12 juillet 1998 et le 17 novembre 1993"

Maxime Dupuis

Mis à jour 05/10/2016 à 16:15 GMT+2

Le 17 novembre 1993, Vincent Guérin ne l’oubliera jamais, comme l’ensemble des joueurs de l’équipe de France qui ont foulé la pelouse du Parc des Princes ce soir-là. Pour Eurosport.fr, l’ancien international s’est remémoré cette soirée maudite qui a vu la France chuter face à la Bulgarie (1-2). Et la reconstruction, difficile, qui a suivi le coup de poignard d’Emil Kostadinov.

Vincent Guérin à la lutte avec Lubo Penev en 1993

Crédit: AFP

La France n'a plus affronté la Bulgarie depuis des lustres. La dernière fois, ce n'était pas au Parc des Princes, en 1993. Mais à Newcastle, lors de l'Euro 1996. Ce match, remporté par les Bleus (3-1), n’avait pas lavé l’affront du 17 novembre 1993. Mais permis aux Tricolores d’exorciser un échec trop marquant pour être périssable. Aujourd’hui patron de VGS, entreprise spécialisée dans l’événementiel, Vincent Guérin était aux premières loges quand Emil Kostadinov a fusillé Bernard Lama et privé la France d'une place en Coupe du monde (1-2). L’international aux 19 sélections a ensuite participé à la reconstruction bleue. A deux jours des retrouvailles entre Bleus et Bulgares, vendredi au Stade de France, il nous raconte cette période étrange.
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1993 France Bulgarie Marcel Desailly

Crédit: AFP

Le cauchemar du 17 novembre 1993

"Ce match, c'est un terrible coup de massue. Il reste gravé dans la mémoire collective. D'ailleurs, quand il est question du football français, on se remémore deux dates : le 12 juillet 1998 et 17 novembre 1993. Beaucoup de gens se souviennent où ils étaient ce soir-là. Quand on revoit la rencontre, c'est assez incroyable. Les Bulgares ne tirent pas une seule fois au but au cours des quarante-cinq dernières minutes. Jusqu'à la dernière seconde…
L'avant-match était rempli de tension, en raison de l'enjeu colossal qui accompagnait ce France - Bulgarie. Pour nous, les joueurs, il y avait une Coupe du monde au bout et nous n'étions pas sûrs de pouvoir en disputer une autre. L'atmosphère était d'autant plus lourde qu'il y avait eu Israël juste avant (ndlr : défaite 2-3 au Parc en octobre). Ajoutez à cela la rivalité entre les Marseillais et les Parisiens, qui étaient en nombre en équipe de France. Autour du cas Ginola, il y avait aussi des problèmes qui n'ont pas aidé à apporter confort et sérénité. A l'arrivée, ce scénario ubuesque…
Pour ma part, j'étais confronté à une situation particulière. Une fois, j'étais sélectionné. Une autre, je ne l’étais pas… J'avais joué en Finlande en septembre, je pensais que serais du voyage pour affronter Israël alors que je cassais la baraque avec le Paris Saint-Germain. Et puis non… Deux jours avant la Bulgarie, j'avais la sensation que j'allais jouer. Finalement, j’avais débuté sur le banc. Il n'y avait pas de clarté au niveau des idées directrices de l'équipe. On était dans le brouillard."

Reconstruction et génération gâchée

"Quand on est confronté à ça, on veut partir très loin. Il faut du temps pour digérer. Beaucoup de temps. Psychologiquement, on est marqué par ce genre d'épreuves. Cette génération 1994 a été gâchée. C’était pourtant un formidable melting pot de talents, avec les Marseillais d'un côté, et nous (les Parisiens) de l'autre. Il y avait aussi les autres clubs, comme Monaco qui avait disputé une finale de Coupe d'Europe, Auxerre, Nantes ou Bordeaux notamment. On peut avoir des regrets. Surtout lorsqu'on se remémore le parcours des Suédois et des Bulgares en Coupe du monde (ndlr : 3e et 4e aux Etats-Unis).
Il a fallu passer à autre chose, absolument. Mais c'était compliqué. Je ne suis pas réapparu tout de suite en équipe de France. Je suis revenu au milieu des éliminatoires de l'Euro, qui n'avaient pas bien débuté. J'ai un peu été la torpille qui a propulsé tout le monde vers l'avant et fait prendre conscience aux joueurs de leur potentiel lors du France - Slovaquie de Nantes (4-0, avril 1995). Ce fut un match référence. Je marque un but extraordinaire, donne trois passes décisives, je ne pouvais pas rêver mieux. Ce match a cassé le ressort négatif. La qualité était là mais on faisait un blocage. La suite a été extraordinaire."
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Vincent Guérin face à la Pologne en 1995

Crédit: AFP

La "revanche" de Newcastle

"Avant le match (au premier tour de l’Euro 1996), on nous reparle évidemment du 17 novembre 1993. Dans le groupe, il existe un esprit de revanche pour certains, même si le terme n'est pas forcément adapté. Une chose est sûre : on a vraiment envie de remporter ce match parce que la Bulgarie nous a fait très mal trois ans auparavant. On souhaite exorciser cette vieille histoire. Ajoutez à cela que Hristo Stochkov n'avait pas été très fin dans ses déclarations. Il avait motivé tout le groupe…
Sur le terrain, en revanche, c’est resté très sportif. Il n'y a jamais eu de problème sur ce plan. Ce jour-là, il fallait surtout rester concentré, on avait des joueurs matures et un plus motivés qu'à l'accoutumée. La bataille s'est limitée au carré vert. Cette fois, il n'y a pas eu photo entre les deux équipes."
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