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Angleterre - Lituanie : Harry Kane, "a star is born"

Philippe Auclair

Mis à jour 27/03/2015 à 12:08 GMT+1

Harry Kane découvre l'équipe d'Angleterre qui affronte la Lituanie ce vendredi. L'attaquant de Tottenham est déjà présenté comme le sauveur de la nation. Et ce n'est pas illogique.

Harry Kane par Philippe Auclair

Crédit: Eurosport

Petit quiz pour commencer. Quel est le dernier footballeur anglais à avoir fini meilleur buteur de la Premier League? Réponse, Kevin Phillips, auteur de trente buts pour Sunderland en 1999-2000. Il y a quinze ans. Quinze ans! Quinze ans pendant lesquels on a attendu en vain un successeur à la génération de Phillips, d’Alan Shearer, de Michael Owen et d’Andy Cole, ce que Wayne Rooney n’est pas (il est davantage que cela).
Et voilà que de nulle part ou presque est apparu un jeune Londonien qui s’apprête à fêter sa première sélection, ce vendredi, contre la Lituanie, et partage la première place du hit-parade des hotshots du championnat d’Angleterre avec Diego Costa, devant Kun Agüero, Giroud, Alexis Sanchez, Hazard... En août dernier, vous auriez pu avoir une cote de 500 contre 1 si vous aviez parié sur ‘Harry Kane, top Premier League goal scorer’.
De quoi faire tourner la tête de plus d’un supporter, sans parler du joueur lui-même, que le chroniqueur Matthew Syed s’est risqué à comparer à Gerd Müller au début de cette semaine. Un peu rapidement, sans doute – le Bomber avait marqué 43 buts en 45 matchs pour le Bayern lorsqu’il avait l’âge de Kane, soit vingt-et-un ans; l’Anglais en est à vingt-neuf unités en 43 rencontres. Mais comment résister au Hurrikane, un jeu de mots déjà usé jusqu’à la corde?
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Harry Kane (Tottenham) après son but face à West Ham - 22/02/2015

Crédit: AFP

Une aisance et un naturel bluffant
Le week-end dernier, un premier triplé en championnat, après celui inscrit contre Asteras en Ligue Europa au mois d’octobre; pas des plus beaux, au passage: un ballon poussé dans un but vide, un penalty, une frappe déviée. Mais c’était néanmoins la confirmation qu’on avait bien affaire à un fox in the box, à un de ces attaquants qui, en sus d’un bagage technique plus qu’honorable et d’une imposante présence physique (1m88, comme Thierry Henry), ont le don d’être là pile au bon moment. On a aussi affaire à un buteur qui ne laisse pas intimider par le statut de son adversaire, comme Chelsea, Arsenal et Tottenham peuvent en témoigner.
Mais le plus étonnant est l’aisance et le naturel avec laquelle un jeune homme qui avait fait ses gammes lors de prêts à Leyton Orient, Milwall, Norwich et Leicester, s’est glissé dans la peau de futur numéro 9 (et pour longtemps) de l’équipe d’Angleterre. Quand il dit qu’il "prend du plaisir", qu’il ne ressent "pas de pression", on le croit. Un ami qui l’avait côtoyé lorsqu’il sortait tout juste de l’académie des Spurs, son club de coeur, celui avec lequel il entend faire un bon bout de route, m’a affirmé qu’il n’avait perçu aucun changement dans la personnalité de la nouvelle superstar. "Poli, courtois, pas noceur, la tête sur les épaules". Harry Kane serait-il trop parfait pour être vrai? Le fait est que l’Angleterre a épisodiquement le béguin pour des joueurs à qui était prédit un avenir lumineux, mais dont la carrière s’est rapidement poursuivie dans l’obscurité.
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Harry Kane (Totteham)

Crédit: AFP

L'un des patrons du vestiaire des Spurs
Le Daily Telegraph publia récemment un Top 10 de ces flops. Ah, oui, Michael Bridges, la petite merveille de Leeds United… Dix-neuf buts dès sa première vraie saison. Et puis les blessures, et un parcours qui vient de s’achever dans le championnat d’Australie. Matt Jansen. Blessé, lui aussi. Francis Jeffers, qui sombra à Arsenal. Michael Ricketts, qui avait affolé les compteurs pendant six mois avec Bolton en 2001-02, fut appeler en sélection par Sven-Göran Eriksson et qui, ne marqua plus une seule fois cette saison-là. Il a atteint son terminus à Tranmere. Neil Mellor, l’ex-futur Robbie Fowler-bis qui passa telle une étoile filante dans le ciel de Liverpool. Scott Sinclair…Ravel Morrison…James Vaughan…David Bentley! Andy Carroll, l’homme qui valait 35 millions de livres (selon Kenny Dalglish), autre blessé à répétition.
On n’accrochera pourtant pas le portrait de Harry Kane dans cette galerie de joueurs que leur mental, leur physique et leur caractère, et parfois les trois ensemble, ont empêché d’être plus que des promesses. Encouragé par Hugo Lloris, il est devenu l’un des patrons du vestiaire des Spurs, au point que ses dirigeants verraient en lui leur futur capitaine. Sa maturité a aussi impressionné Mauricio Pochettino – un homme sur lequel faire impression n’est pas chose facile -, ainsi que la patience dont le jeune homme fit preuve en début de saison, lorsque les fans qui voient en lui "one of our own" ("l’un des nôtres") réclamaient sa titularisation en championnat et que le manager argentin préférait l’aligner en Ligue Europa. Kane ne rua pas dans les brancards, garda le sourire et força la main de Pochettino en marquant but sur but dans cette compétition (sept en six rencontres).
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Harry Kane (re.) setzt sich gegen Laurent Koscielny durch

Crédit: AFP

Des buts de la tête (quatre, dont une merveille contre Arsenal), du pied gauche (trois de ses quatre derniers, alors qu’il est droitier), de l’extérieur de la surface comme à proximité du but, et souvent inscrits dans le money time, pour ne rien gâcher. Si l’on s’en tient aux statistiques, Kane est bien aujourd’hui le plus complet de tous les avant-centres actifs en Premier League. Habile dribbleur, il participe aussi au jeu (cinq passes décisives), et a d’ailleurs été utilisé deux fois sur l’aile gauche par Pochettino, sans que cela nuise à son efficacité. En fait, il marqua lors de ces deux rencontres, contre AEL Limassol et Besiktas. Et s’il a une faiblesse, c’est peut-être un certain manque de vélocité, encore que ses coaches affirment qu’il a beaucoup progressé dans ce domaine en l’espace de quelques mois. Sinon…
Sinon, la cote que vous avez désormais pour ‘Harry Kane, top Premier League goal scorer’ est de 5 contre 4. Les bookmakers se trompent rarement. Et il y a tout lieu de penser que, sauf accident, l’Angleterre n’est pas non plus dans l’erreur. Pour une fois.
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