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Avant le 1000e match de l'Angleterre, Gareth Southgate le sélectionneur rassembleur

Philippe Auclair

Mis à jour 14/11/2019 à 14:15 GMT+1

QUALIFICATIONS EURO 2020 - Jeudi, face au Monténégro, l'Angleterre va disputer 1000e match officiel devenant la première nation dans ce cas-là. Le tout dans un contexte abrasif avec un pays divisé autour du Brexit. Dans ces temps troubles, Gareth Southgate incarne un sélectionneur à contre-courant, rassembleur et tranquille en temps de tempête selon notre chroniqueur, Philippe Auclair.

Gareth Southgate

Crédit: Getty Images

999 matches, 3172 buts marqués - par l'un ou l'autre camp -, et un seul véritable trophée, la World Cup de 1966 : voilà, résumée en deux lignes, l'histoire de la sélection anglaise qui, jeudi soir à Wembley, face au Monténégro, fêtera donc sa 1000ème, devenant ainsi la première nation à atteindre ce cap. Ce qui est la moindre des choses quand on sait que la première rencontre internationale officielle à se jouer hors du territoire britannique fut organisée presque trente ans après que l'Angleterre avait ouvert le bal en faisant match nul contre l'Ecosse à Glasgow, le 30 novembre 1872 (*).
Gareth Southgate aurait sans doute préféré un avant-match plus apaisé que ce à quoi on eut droit, à savoir une vive altercation entre Raheem Sterling et Joe Gomez, lesquels s'étaient retrouvés à St George's Park, la base de toutes les sélections anglaises de football, 24 heures après la victoire 3-1 de Liverpool sur Man City. On se souvient que les deux joueurs s'étaient échangés quelque vérités dans les dernières minutes de la rencontre ; Sterling, qui n'avait pas décoléré depuis, saisit l'occasion de reprendre le débat avec le défenseur des Reds, si farouchement qu'il fallut le maîtriser et l'éloigner de Gomez, auquel il rend pourtant dix-huit centimètres.

Les tabloïds n'ont rien à se mettre sous la dent

Son manager, tenté de renvoyer l'attaquant de City dans ses foyers, choisit finalement de se montrer magnanime. Sterling avait fait son acte de contrition en public, se servant de ce confessionnal du 21ème siècle qu'est Instagram. Jordan Henderson, qui s'était lié d'amitié avec Sterling lorsque celui-ci était le troisième larron du trio SSS des Reds (les deux autres étant Suarez et Sturridge), plaida avec succès la cause de son ancien coéquipier, qui sera donc mis au piquet pour ce qui devrait être une formalité contre le Monténégro (battu 5-1 chez lui lors du match aller) mais réintégrera le groupe pour de bon pour la rencontre suivante, un déplacement plus délicat au Kosovo. Rien de bien méchant, on doit ajouter, si ce n'est que l'image renvoyée par les Three Lions de Southgate a subi une écorchure, comme celle qu'on pouvait voir sur le visage de Gomez à l'entraînement de mardi matin.
Quand il s'agit de l'Angleterre et de son équipe de football, le petit pois caché sous le matelas de la princesse acquiert vite la dimension et la dureté d'une boule de bowling. Tout frémissement devient tremblement de terre, l'ouragan souffle dans la tasse de thé. C'est que les tabloïds anglais sont frustrés. Ils n'ont presque rien eu à se mettre sous la dent depuis que Southgate remplaça Sam Allardyce. Condamner les cris de singe entendus dans un stade bulgare, c'est à la portée de tout le monde. C'est un scandale sans en être un. Mais comme le digne Gareth a géré la controverse en virtuose, fustigeant racisme et racistes tout en se gardant bien de donner des leçons à qui que ce soit, eh bien, nous voilà revenus à l'ordinaire.
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Gareth Southgate

Crédit: Getty Images

Southgate le rassembleur détonne dans le Brexit ambiant

Un ordinaire qui, cela dit, dans le climat actuel, ne l'est en rien. On respire un air empoisonné outre-Manche de nos jours, d'intolérance, de violence verbale, de déraison, qui ne va pas devenir plus sain à l'approche des élections législatives du 12 décembre. La grande majorité de la population en est consternée, mais de remède, aucun en vue, tant la scène politique s'est radicalisée autour de ce maudit Brexit. Southgate le rassembleur détone dans ce décor de film-catastrophe.
Son patriotisme ne peut être mis en doute, un patriotisme qu'il porte avec beaucoup de simplicité et sans complexes, qu'il fussent de supériorité ou de son contraire. Il prêche la modération mais ne craint pas de dire des vérités qui dérangent, sans hausser la voix. Il renvoie une image de dignité et de droiture qui n'a rien de compassé. Il est respectueux des médias, mais attentif à ne pas copiner avec les faiseurs et casseurs de réputation.
Et son équipe ne se débrouille pas si mal que cela, tout compte fait. Demi-finaliste du Mondial, demi-finaliste de la Ligue des Nations (après avoir battu l'Espagne chez elle et pris quatre points sur six à la Croatie), assurée à 99,99% de participer à un Euro 2020 dont les demi-finales et la finale se joueront à Wembiey, elle a réappris à gagner. Elle est jeune. Elle reflète la diversité de la population britannique. Elle n'est pas parfaite - ah, ce milieu de terrain qui n'en est toujours pas un -, ce qui ne l'empêche pas de manquer d'ambition, y compris dans le jeu.
Ah, si seulement Gareth pouvait être Premier Ministre...
(*) L'Argentine humilia l'Uruguay 6-0 à Montevideo le 20 juillet 1902. Un match organisé un an plus tôt entre les mêmes adversaires est décrit par certains historiens comme le premier match international s'étant joué hors des Iles Britanniques; mais celui-ci n'avait pas été organisé par les fédérations, et ne compte pas comme match 'officiel'.
Gareth Southgate
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