Equipe de France | Contre la Grèce, Didier Deschamps se frotte à un dilemme pour son choix de onze

Personne n’est à l’abri du spectre de la blessure. Le visage encore poupon, les jambes solides tranchant le pré vert, Warren Zaïre-Emery semblait hors d’atteinte de cette menace de plus en plus prégnante lors des trêves internationales. Le prodige du Paris Saint-Germain n’a pas échappé au mauvais œil, et un début de saison tonitruant ponctué d’un premier but en bleu s’est évaporé après un tacle rugueux sur la cheville du "titi", contraint de sortir face à Gibraltar samedi (14-0).

Un exemple qui a fait écho de l’autre côté des Pyrénées, avec la sortie sur blessure de Gavi, victime d'une rupture du ligament croisé du genou, et sans doute indisponible pour une longue durée. Face à ce fléau gonflé par l’accumulation des matches et l’optimisation excessive de la condition physique des joueurs, Didier Deschamps tente de préserver la santé des uns, tout en assurant la continuité de ceux dont le corps réclame du temps de jeu. C’est en ce sens que le sélectionneur des Bleus a décidé d’opérer une large revue d’effectif à l’aube de l'ultime rencontre de qualifications à l’Euro 2024, contre la Grèce ce mardi (20h45).

Placé dans ce mois de novembre chargé et déjà témoin des blessures de Zaïre-Emery, Gavi et Vinicius, entre autres, ce dernier match place "DD" dans une position inconfortable. Le risque de la surcharge guette au moindre coin du terrain, prête à happer une nouvelle victime, même si certains jugent avoir trouvé une parade au mal. "C'est toujours compliqué car c'est une période où on joue beaucoup, expliquait Adrien Rabiot en conférence de presse lundi. Au mois de novembre, il y a souvent beaucoup de blessures. Le meilleur moyen d'éviter de se blesser, c'est de prendre le match à fond, de ne pas être sur la retenue."

Une approche qui n’a pas souri à WZE, habitué à ne pas retenir sa fougue, et qui ne rejouera pas en 2023. Deschamps est conscient du risque, à cela s'ajoutant le choc en ouverture de la 13e journée de Ligue 1 PSG – Monaco vendredi soir, soit trois jours après le match en Grèce, qui concerne huit éléments du phalanstère tricolore. Le tout avant d’enchaîner quatre jours plus tard en Ligue des champions pour les Parisiens. Une cadence infernale qui a le don de désarçonner le sélectionneur tricolore.

"J’ai huit joueurs qui jouent vendredi soir, lançait-il à l’assistance lundi. Si je tiens compte de tous les éléments, je vais faire jouer le staff technique. Évidemment qu’il y a le risque de blessures. Mais je ne peux pas tout gérer. On peut être très bien, pas fatigué, et avoir un pépin. Mais si un joueur a un ressenti, on ne va pas forcer. J’en tiens compte au maximum, mais j’ai une équipe à faire."

Alors, tel un funambule, Deschamps doit se résoudre à jongler entre les états de forme, le calendrier, la charge emmagasinée par ceux qui ont joué samedi face à Gibraltar… Un tableau illisible où chaque poste abrite un arbitrage rigoureux. En défense, un quatuor totalement remodelé pourrait voir le jour à Athènes, avec un point d’interrogation au-dessus de Lucas Hernandez, postulant au couloir gauche vendredi contre l’ASM en championnat.

Même constat en attaque, où Ousmane Dembélé tient la corde sur le flanc droit, dans l’optique de faire souffler Kingsley Coman, lui aussi sur le pont vendredi soir avec le Bayern. En pointe, Randal Kolo Muani subit la double lame. Auteur de partitions sans relief ces dernières semaines, le Parisien paye aussi son statut de titulaire en puissance au PSG, tandis qu’Olivier Giroud, pressenti pour démarrer en Grèce, est suspendu avec l’AC Milan.

Au milieu de ce capharnaüm, les cadres tiennent leur rang, toujours aussi demandeurs en minutes. Antoine Griezmann (pour un 84e match d’affilée avec les Bleus) et Kylian Mbappé, en passant par Adrien Rabiot : tous devraient enchaîner en Grèce. "DD" a beau vouloir calculer, l’envie furieuse des pontes du contingent bleu balaie tout. Pour le reste, le sélectionneur n’a pas voulu laisser filtrer d'indices, autant par défiance que par réel sentiment d'incertitude : "Je déciderai demain," a-t-il avoué face aux micros lundi.

"DD" le sait, il a les mains liées, embastillé d'intérêts divergents. Les clubs, refroidis par l'annonce des blessures graves d’autres pépites, ont la ferme intention de recouvrer l’essentiel de leurs troupes en bonne forme. Avec un calendrier de plus en plus dense, le fil au-dessus du vide paraît de plus en plus fin. Au point que l’enjeu sportif, déjà partiellement évacué depuis la qualification des Bleus acquise, ne soit définitivement supplanté par la gymnastique à laquelle doit se plier le héraut des Bleus. Tout cela pour observer que chaque trêve traîne son lot d'éclopés, et cela ne va pas aller en s’arrangeant.