France - Irlande - Après la victoire des Bleus - "J'ai été beaucoup critiqué" : Tchouaméni, retour en grâce

Tout était sans doute trop parfait, trop linéaire. Un début de carrière vertigineux, des premières sélections en équipe de France immaculées, un transfert au Real Madrid pour couronner le tout. Aurélien Tchouaméni a gravi les marches quatre par quatre, éloigné les obstacles avec la facilité du jeune prodige auquel s'offre le monde. Et puis, de petits grains sables en gros cailloux dans la chaussure, la machine a déraillé la saison dernière. Moins influent, moins spectaculaire, il passe une Coupe du monde dans l'ombre malgré un but mémorable face à l'Angleterre en quart. Sa finale, traversée comme une ombre, a mal clôturé son premier grand rendez-vous international.

Le retour à Madrid a confirmé la tendance, la phase finale de Ligue des champions et l'explosion de Federico Valverde l'ont scotché sur le banc du Real aux moments les plus importants. "Si on regarde le contenu de mes matches la saison dernière, ils étaient bons, s'est-il défendu dans les couloirs du Parc des Princes jeudi. Après, il y a des dynamiques qui font qu'il y a des choses qui se voient un peu moins. J'ai été beaucoup critiqué la saison dernière. Après la Coupe du monde, j'ai été beaucoup blessé et malade. La dynamique était moins positive. J'ai gardé confiance et j'ai bossé. C'est la carrière d'un footballeur et la vie en général."

Il fallait une bonne dose de confiance en soi pour retrouver si vite la lumière mais dans ce domaine-là, il faut faire confiance à cette nouvelle génération de Bleus, tous convaincus de leur destin. De la confiance et un gros travail de fond durant un été studieux du côté de Los Angeles. Son début de saison à Madrid l'a remis dans le droit chemin et il est le seul milieu du Real avec Jude Bellingham à avoir débuté les quatre journées de Liga. Désormais sentinelle, il semble avoir digéré une première saison irrégulière et sa rentrée internationale l'a confirmé.

Meilleur joueur du match face à l'Irlande, il a signé sa prestation la plus aboutie depuis plus d'un an en équipe de France. Après une entame poussive où il a eu du mal à prendre le jeu à son compte, sa mine petit filet opposé l'a transfiguré. Il raconte : "Sur mon premier ballon, je prends trop mon temps. Je me fais tamponner en début de match. Je sens le coach derrière qui me dit 'rentre dans ton match'."

La suite fut nettement plus convaincante. D'abord avec cette géniale inspiration. "Le staff avait analysé l'Irlande et nous avait dit de frapper de loin, a-t-il continué. Avec Cama (ndlr : Eduardo Camavinga), on a beaucoup bossé nos frappes. Le coach Ancelotti nous chambre beaucoup pour qu'on marque plus de buts. Là, la mine est rentrée, je suis content."

Ensuite avec des récupérations hautes, parfois spectaculaires et un souci constant de ressortir le ballon proprement. "Il a cette capacité de frapper la balle et de marquer. Il en avait mis une très importante en Coupe du monde. Mais là où il a été très performant, c'est dans ce qui concerne la récupération, dans tout ce qui est duel, a voulu insister Didier Deschamps en conférence de presse. C’est là où je l’attends car il y a cinq joueurs offensifs devant lui. Il doit avoir cela, et il ne l'a pas toujours. Il doit l’avoir à chaque fois. Mais l'équipe de France a besoin d'un Aurélien au maximum dans ce domaine." Deschamps sait que le départ de N'Golo Kanté vers l'Arabie Saoudite va sans doute priver pour de bon son équipe de son meilleur garde du corps.

Cette mission va désormais se partager entre Tchouaméni et Adrien Rabiot voire Eduardo Camavinga. "Dans le domaine du milieu, Aurélien et Adrien ont rayonné", a apprécié Deschamps. Il sait qu'une équipe de France dissuasive et efficace passera par une régularité des deux vigies devant la défense. Depuis un an, Tchouaméni en a manqué. Mais l'histoire redémarre plutôt bien.