France - Irlande - Marcus Thuram : enfin un but, enfin le décollage ?

Trois ans. Voilà trois ans que Marcus Thuram fait partie du paysage en équipe de France. Souvent à l'arrière-plan, un peu flou. Parfois hors-cadre aussi. Après une entrée remarquée dans la cour des grands un soir de défaite face à la Finlande (0-2) où le Stade de France n'a vu que lui, il a surfé sur ses bons débuts l'espace de deux matches et puis, plus rien ou presque. Des longues absences, un statut éternel de doublure qui l'ont condamné à des bouts de match : l'histoire est jusqu'ici pour le moins hâchée alors que les blessures et l'affaire du crachat ne l'ont pas aidé à s'installer.

Mais dans ce parcours sinusoïdal, il a réussi l'exploit de participer aux deux grandes compétitions (Euro 2021 et Coupe du monde 2022) dans la peau du 26e larron. Très proche d'Ousmane Dembélé et Kylian Mbappé, il est un membre important du groupe, un des visages du renouvellement en dépit d'un rôle très effacé sur le terrain. Discret au Qatar, son destin aurait pu basculer en finale. Lors des 83 minutes, son plus grand temps de jeu depuis sa 1re sélection, il a amené de la vie et une passe décisive pour Mbappé. Une prestation qui a changé son statut. Désormais, il est de tous les rassemblements… mais ne joue pas beaucoup plus.

Appelé en mars et en juin, il n'a eu droit qu'à une minute en quatre matches. Le problème de Thuram ? La concurrence. L'inusable Olivier Giroud et la révélation Randal Kolo Muani ne lui laissent que des miettes. Mais ce jeudi, Kolo Muani trop court, Giroud blessé, l'heure de Thuram a sonné et le nouvel attaquant de l'Inter Milan en a profité pour inscrire le premier but de sa carrière en équipe de France. Un moment précieux pour celui qui commençait à s'impatienter : "C'est une grande fierté et une grande satisfaction", a savouré l'un des deux buteurs du soir.

Un tournant, peut-être, pour le grand gaillard de 26 ans qui n'a plus franchement de temps à perdre. En début de semaine, Didier Deschamps avait prévenu : "Derrière Kylian et Olivier, les autres ont encore une marge de progression pour gagner en efficacité." Thuram a compris le message. "C'est très bien pour lui parce que ce n'est jamais évident de rentrer, s'est félicité le sélectionneur jeudi. Il est là avec nous depuis un petit moment et vu la concurrence c'est toujours bien qu'il soit performant." Ousmane Dembélé n'a plus marqué en Bleu depuis deux ans, Kingsley trois et Randal Kolo Muani n'est qu'à un but en neuf capes. Marquer, quand on ne s'appelle pas Mbappé ou Giroud, en sélection, c'est un événement.

"Il a fermé les yeux et il a mis un très joli but, l'a gentiment chambré Dayot Upamecano après la rencontre. Avec l'Inter, il a mis un super but de la tête. Je lui ai dit : 'pourquoi pas l'équipe de France ?' Il m'a répondu : 'La prochaine fois.'" "Il était énervé contre lui-même parce qu'il aurait pu en mettre un ou deux de plus", a continué DD. Parce que Thuram est retombé dans ses travers. Très actif sur le front de l'attaque, proposant à la fois de la profondeur et des points d'appui, il a raté l'immanquable dans le temps additionnel. "Il aurait dû marquer le deuxième, a continué Upamecano. Mais il va vite, protège bien son ballon. J'ai joué contre lui quand il était à Gladbach et je peux vous dire qu'il ne lâche pas. C'est un bon début mais ce n'est pas fini."

Dès lors, que peut-il espérer d'autre que des fins de matches ? "Il est plus dans le profil d'Olivier par rapport à ce que fait Randal Kolo Muani. Ce sont des options différentes", a décortiqué Deschamps. Giroud n'est pas éternel et il est d'ores et déjà forfait pour le déplacement en Allemagne. L'occasion d'enfoncer le clou et de s'écrire un nouveau destin en Bleu ?