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Raymond Kopa, le football français lui doit tellement

Maxime Dupuis

Mis à jour 03/03/2017 à 13:36 GMT+1

Raymond Kopa s'est éteint vendredi à 85 ans. Premier géant de l'histoire du football français, le milieu de terrain offensif aura brillé par son talent et ouvert des horizons qui semblaient alors inaccessibles. Sa trace dans l'histoire, c'est aussi celle-là.

Raymond Kopa à Reims en 1973

Crédit: AFP

Je n'ai jamais vu jouer Raymond Kopa. Sinon une fois, il y a de cela bientôt trente ans. Au coeur d'un marathon du sport, une chaîne de télévision cryptée bien connue rediffusait la petite finale de la Coupe du monde 1958 entre la France et la République Fédérale d'Allemagne. Ce jour-là, les Tricolores avaient mis au pas la RFA (6-3) et offert au pays une revanche lointaine sur un voisin qui n'avait guère la cote sur la rive gauche du Rhin. Mais aussi, et surtout, sportivement hissé la France à un niveau footballistique inconnu jusqu'ici.
Si Just Fontaine est resté dans l'histoire pour ses 13 réalisations suédoises, l'éternité retiendra que les hommes d'Albert Batteux étaient menés à la baguette par un petit caporal aux allures d'empereur dont le surnom, d'ailleurs, ne laissait aucun doute quand à son grade véritable : Napoléon. Et c'est ce Napoléon-là, bien plus magnanime que son prédécesseur, qui avait été sacré meilleur joueur du Mondial 1958.

Etre français et gagner

Bonaparte a gagné quelques fameuses batailles de l'histoire de France. Raymond Kopa, fils d'immigrés polonais né Raymond Kopaszewski, a lui ouvert des portes au football français à une époque où elles étaient bouclées à double tour et que personne ne paraissait en mesure de les ouvrir. Kopa et sa bande l'ont fait par effraction. Par son talent naturel et son impact, le virevoltant dribbleur a montré qu'on pouvait être français et gagner ballon au pied. Collectivement et individuellement. La gueule de bois qui s'ensuivit dura bien plus d'une matinée. Mais le foot français put s'appuyer sur ces fondations quand il retrouva un grand joueur pour le guider, deux décennies plus tard.
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Raymond Kopa - France

Crédit: Imago

Le règne de Kopa est une époque que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître. Ils ne peuvent l'avoir vue, tout du moins. Car la littérature qui a suivi la folle épopée suédoise est d'une richesse insoupçonnée et je ne saurais que trop vous conseiller d'y jeter un oeil. La fin des années 50 fut d'une importance capitale pour la suite quand la destinée du football français a échu entre les mains de messieurs Platini et Zidane, successeurs naturels de l'ancien Rémois. Et dont la filiation, parfois revendiquée, est d'une évidence qui crève les yeux.

Premier partout

Raymond Kopa a été un précurseur. C'est d'ailleurs ainsi qu'il se qualifiait quand certains disaient de lui qu'il était un traitre pour avoir rejoint le Real Madrid en 1956, après avoir perdu la première finale de la Coupe d'Europe des clubs champions avec Reims contre… le Real Madrid. "J'ai été le premier joueur français à quitter le pays. A l'époque beaucoup de gens m'ont pris pour un traître. J'étais un précurseur", expliquera-t-il plus tard.
Précurseur, c'est probablement le qualificatif qui sied le mieux à ce génie du ballon rond qui n'a eu qu'un tort, finalement : être né trop tôt. Dans le règne du tout à l'image, Kopa aurait été une star globale. Ballon d'Or 1958 - le premier pour un footballeur français -, sur le podium de la prestigieuse récompense individuelle quatre années de suite, celui qui avait travaillé à la mine jusqu'à en perdre la partie d'un pouce et d'un index aura été du premier trident de feu du Real Madrid, avec Di Stefano et Puskas.
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Raymond Kopa s'est éteint

Raymond, je vous remercie. Je sais ce que nous vous devons
D'ailleurs, le Real, qui ne manque pas de mémoire, n'a jamais oublié le Français. Le 7 janvier dernier, il était sur la pelouse de Santiago-Bernabeu pas loin de Ronaldo, quand ce dernier présentait son quatrième Ballon d'Or. Si vous vouliez une preuve de la grandeur de "Kopita" (son surnom à Madrid), elle était sous vos yeux ce jour-là. Aux côtés de Zinédine Zidane, Luis Figo, Ronaldo et autre Michael Owen.
Parti au Real pour tout gagner, Kopa avait dû mettre l'équipe de France entre parenthèses pour mieux la retrouver en Suède et réussir le coup de maître que l'on sait. A la fin de la compétition et après le dernier repas pris avec les copains bleus, Paul Nicolas, alors directeur de l'équipe de France, avait conclu le banquet par deux phrases à l'endroit de Raymond Kopa. "Raymond, je vous remercie. Je sais ce que nous vous devons", avait-il lancé. Aujourd'hui, c'est tout le football français qui s'associe à ces remerciements. Du fond du cœur. Merci.
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Raymond Kopa lors de la présentation du 4e Ballon d'or de Cristiano Ronaldo à Santiago Bernabeu le 7 janvier 2017

Crédit: AFP

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