Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Udinese, l’éternel remodelage

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 29/11/2012 à 21:51 GMT+1

Comme toujours, l'Udinese est en reconstruction. Après deux belles saisons, le club est parti pour connaître une saison galère, nous explique Johann Crochet.

FOOTBALL 2012 Blog Crochet - Udinese

Crédit: Eurosport

C’est désormais une routine qui ne semble plus étonner personne. À Udine, la reconstruction est habituelle et permanente. La stabilité dans l’effectif, l’Udinese ne connaît pas. Si la structure est bien organisée, l’effectif est lui sans cesse chamboulé, la faute à des impératifs économiques obligeant le club à se séparer de ses meilleurs joueurs chaque été. Le dernier mercato en a été une ultime illustration et après deux saisons extraordinaires, le club est parti pour connaître une saison galère identique à celle de 2009-2010, mais garde l’Europa League pour se divertir.
Les limites du miracle permanent dans le recrutement
Quand on a une stratégie basée uniquement sur l’achat/revente (avec plus-value) de joueurs, il vaut mieux ne pas se louper quand il s’agit de recruter les joueurs qui compenseront les départs des meilleurs éléments de l’effectif. Cette stratégie est aussi basée sur un facteur instable : l’acclimatation des joueurs à leur nouvel environnement. On le sait, on peut avoir visionné vingt fois un joueur et ne plus le reconnaître quand il joue dans son nouveau club, car son pays lui manque, le jeu de l’équipe est un peu différent, le championnat est plus exigeant et l’équipe ne tourne pas bien.
La cellule de recrutement de l’Udinese fait un travail exceptionnel. Depuis des années, elle prospecte aux quatre coins du monde, souvent dans les championnats délaissés par les grands clubs européens, et parvient à dénicher des perles comme Alexis Sanchez, Mauricio Isla, Kwadwo Asamoah, David Pizarro, Pablo Armero, Samir Handanovic, Dusan Basta… La liste est très longue. J’avais consacré un article entier à la cellule de recrutement de l’Udinese il y a quelques mois.
Le problème, quand on perd trois, quatre joueurs par an, c’est qu’au bout de trois ans, toute l ‘équipe a changé. Et les meilleurs, arrivés il y a deux ans, sont revendus entre temps car leur valeur marchande atteint un niveau où le mot "intransférable" n’existe plus. Cette grande instabilité a des conséquences au bout de ces trois années où la fin d’un cycle est marqué, et c’est ce qui arrive à l’Udinese cette saison. Sur les deux derniers marchés des transferts, l’Udinese a perdu Handanovic, Cuadrado, Asamoah, Isla, Floro Flores, Zapata, Inler et Alexis Sanchez, donc les trois quarts de son équipe.
Quand ces joueurs sont remplacés par des éléments aussi bons, qui s’adaptent vite et sont décisifs, tout va bien. Mais quand votre recrutement n’est pas à la hauteur, le début de saison est un peu galère. L’axe brésilien choisi (Allan, Maicosuel, Willians) n’a pas porté ses fruits avec trois joueurs pour le moment décevants. Du coup, les plus en vue sont les plus expérimentés (Lazzari, Pasquale, Domizzi et Di Natale) et les derniers talentueux (Benatia, Danilo et Basta). Le jeu de l’équipe a un peu de mal à se mettre en place, et le turn-over, obligatoire avec la C3, rend cette équipe assez friable et peu compacte.
À Udine, des voix s’élèvent
Depuis l’année 2000, l’Udinese a terminé à sept reprises dans les sept premières places de Série A, a joué six fois l’Europa League et a échoué deux fois lors des playoffs de Ligue des champions, la dernière fois en août dernier. Avouez que pour un club "de province", au budget inférieur à bien de concurrents, et perdant chaque année ses meilleurs éléments, le bilan est plus que positif.
Pourtant, la stratégie basée sur l’achat/revente de joueurs ne fait pas que des heureux dans le Frioul. Depuis deux ans et malgré des performances incroyables, l’Udinese joue souvent dans un stade clairsemé. La passion des tifosi ne se fait pas entendre dans un pays où la culture-club est pourtant si forte. La raison est simple : de nombreux tifosi sont fatigués par la gestion du propriétaire Giampaolo Pozzo, plus intéressé par les plus-values réalisées sur les joueurs, que par les performances sportives de son équipe.
Pour en avoir parlé avec des journalistes italiens, je sais que l’Udinese ne fait pas vraiment rêver une partie de ses tifosi. Pendant qu’eux rêvent d’exploit en Coupe d’Europe, de Scudetto et même d’une Coupe d’Italie, Pozzo pense rentabilité. Quand Arsenal vient dans le Frioul pour le match d’accès à la Ligue des Champions, le stade n’est pas plein pour deux raisons : la première, c’est que Pozzo en profite pour gonfler le prix des places, et le second, c’est que ces tifosi, très déçus, savent le résultat à l’avance et ne croient plus en l’exploit sportif. Ils sont prêts à s’emballer et aller fêter une victoire importante en ville, mais pas une vente à 40M€ d’un joueur. Le supporter rêve d’exploit sportif et non pas de plus-values financières. Voir l’Udinese comme un "centre de détection de jeunes talents" est un crève-cœur pour certains tifosi qui se souviennent encore de l’arrivée de Zico à l’Udinese, qui avait déclenché une vague d’enthousiasme qu’ils ne retrouveront probablement jamais.
Pour ces frondeurs, mieux vaut un Scudetto et dix ans en Série B (parallèle avec l’Hellas), que onze ans en Série A sans rien jouer sérieusement. Et si Pozzo avait gardé trois ans les Handanovic, Isla, Asamoah, Zapata, Inler, Alexis Sanchez, qui sait si ce club n’aurait pas réussi à décrocher un titre de champion ? Imaginez une composition d’équipe de ce type : Handanovic ; Benatia, Danilo, Zapata ; Basta, Isla, Inler, Asamoah, Armero ; Alexis ; Di Natale. Beaucoup auraient payé cher pour voir cette équipe.
2012-2013, un petit cru ?
Depuis le début de saison, l’Udinese n’affiche ni sa solidité habituelle, ni sa créativité offensive et son explosivité sur les ailes. La faute à quelques blessures (Armero, Basta) et aux départs de cadres. La défense et l’attaque alternent les bonnes et les mauvaises performances, mais jamais en même temps : 0-0 contre le Torino et le Genoa, 2-2 à Sienne, défaites 2-1 à Naples et la Florence.
La Di Natale-dépendance est plus que visible cette année et tout semble reposer sur le capitaine de cette équipe, dont la petite prise de bec avec Guidolin n’a pas aidé dans le début de saison moyen du club. Avec les départs d’Asamoah et Isla, le club italien a perdu une alliance de puissance physique et de vitesse que le jeu de Guidolin nécessite. Et personne ne semble en mesure de les remplacer aujourd’hui. Il y a moins de courses, moins de mouvements, et c’est toute l’animation offensive qui est à l’arrêt aujourd’hui, avec seulement quatorze buts en dix matchs officiels. L’Udinese pointe à une décevante douzième place avec neuf points en huit matchs.
En Europa League, le club va mieux avec un nul contre l’Anzhi et une victoire à Anfield contre Liverpool dans un match où on a eu l’impression de revoir l’Udinese des deux dernières saisons. La double confrontation à venir contre les Young Boys est très importante et pourrait être synonyme de qualification pour le tour suivant. L’Udinese a obtenu deux très bons résultats dans ses premiers matches mais attention à ne pas reprendre les mauvaises habitudes italiennes, c’est à dire, lâcher la Coupe d’Europe pour se concentrer sur le championnat. Après tout, c’est la dernière chance pour les survivants du cycle entamé il y a trois ans (Benatia, Danilo, Basta, Armero) de vraiment faire vibrer leurs tifosi. Mais paradoxalement, c’est l’effectif le plus faible des trois dernières saisons qui doit réaliser cet exploit. Ce n’est vraiment pas gagné…
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité