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Le Parme de Donadoni bouge encore : il se bat avec l'énergie du désespoir

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 26/04/2015 à 15:17 GMT+2

SERIE A - Le mythique club italien, lanterne rouge et hôte de Palerme dimanche (15h00), pour le compte de la 32e journée, file tout droit vers la relégation et une possible faillite. Toutefois, joueurs et staff tiennent à finir la saison la saison la tête haute.

Roberto Donadoni, l'entraîneur de Parme.

Crédit: AFP

Il ne s’agit pas de faire le deuil du grand Parme, capable de remporter trois Coupes d’Europe dans les années 90. Non, celui-ci a été englouti il y a plus de dix ans, en même temps que le crack financier de la Parmalat. Les Crespo, Thuram, Buffon, Cannavaro, Chiesa, Brolin & co sont ancrés dans la mémoire du peuple gialloblu, mais au rayon des très bons souvenirs et non des éternels regrets. On tend d’ailleurs à oublier que l’on avait salué Parme en 2008 et la première relégation de son histoire en Serie B. Cette fois, cet au revoir pourrait se transformer en un long adieu, le club a déjà fait faillite et ne sait toujours pas de quelle division il repartira l’été prochain. C’est le triste épilogue d’un retour en haut de l’affiche avorté. La tentation de tout envoyer balader était très forte, mais joueurs, staff et ce qu’il reste de la direction ont décidé de couler la tête haute.

Touchés, mais pas coulés

Si l’agonie n’est pas finie, l’hémorragie a été stoppée le 19 mars dernier, lorsque le tribunal de Parme a annoncé officiellement la faillite du club. Il s'agissait surtout d'un garrot très serré pour immobiliser la dette sportive. En l’espace de quelques mois, le FC Parme avait connu deux reventes, trois propriétaires et cinq présidents. Des transactions effectuées avec une transparence discutable sans que les institutions italiennes ne bougent le petit doigt. Le dernier propriétaire en date, Giampietro Manenti, a même fini en cellule. Il était cependant trop tard, l’ardoise avait déjà dépassé les 100 millions d’euros. Paradoxalement, cette faillite était ce qu’il y avait de plus souhaitable et un soupir de soulagement a été poussé par joueurs et staff. Cela a même était le déclic pour se remobiliser.
Jusqu’alors, Parme avait perdu 19 rencontres de championnat sur 25 et avait même dû en reporter deux pour des raisons économiques. Sur les six matches suivants, les Gialloblu ont réussi à faire un étonnant score de 2/2/2. Des défaites chez le Genoa et contre le Torino, des nuls chez l’Empoli et l’Inter et deux victoires. Une contre l’Udinese et surtout, celle contre la Juventus alors que près de 60 points séparaient les deux équipes avant le coup d’envoi. Voici une belle revanche prise sur les nombreux présidents adverses qui s’amusaient à parler de championnat faussé à cause de la situation économique du club. Sur ses 19 points effectifs engrangés, Parme en a pris 4 contre l’Inter, 3 contre la Juve et la Fiorentina et 1 contre la Roma. Pas mal pour un mort-vivant.

Donadoni et les braves

Le capitaine Alessandro Lucarelli a eu l’honnêteté de déclarer que lui et ses coéquipiers ne pensent plus au football depuis novembre. Ce qui se peut se comprendre. Ils ont vu de nombreux collègues quitter le navire, ainsi que le directeur général. La cantine a fermé, la laverie également, le matériel informatique en leasing a été rendu aux propriétaires, des camionnettes ont été réquisitionnées par les huissiers, les bancs du vestiaire vendus aux enchères. Les points de pénalité, eux, s’accumulaient. D’abord 2, puis 3, et maintenant 7 ! Les salaires ne sont plus versés depuis le mois de juillet. Je vous l'accorde, on parle là de personnes qui touchent des dizaines de milliers d’euros par mois depuis des années, pas de quoi les empêcher de faire le plein de leurs grosses cylindrées. Ils vivent dans une cage dorée certes, mais ils ont une sensibilité (et des droits!), comme tout le monde.
Ceci, Roberto Donadoni l’a bien compris. Il aurait pu, lui aussi, claquer la porte et poser sa démission. Après tout, qu’a-t-il à y gagner en vivant jusqu'au bout cette saison humiliante ? Il aurait pu se prendre quelques mois de repos et attendre les offres à l’intersaison qui ne manqueront pas. Pas le genre du Bergamasque, qui a défendu les intérêts des siens, tout en restant mesuré, et sans pleurer sur son sort plus que de raison. Les mots justes, toujours, soigneusement choisis, et adressés avec parcimonie aux anciens propriétaires et les hautes instances du football italien. Difficile de trouver un leitmotiv pour aller de l’avant sur le terrain, mais la dignité et la droiture ne sont pas des paroles en l’air chez Donadoni, et ses joueurs le suivent. On savait l’entraîneur fiable, on connaissait les qualités morales du bonhomme. On n’a pas été déçu.

Victime expiatoire ou cobaye ? Ou les deux ?

Depuis un mois, l'avenir du FC Parme dépend des deux mandataires liquidateurs épaulés par Demetrio Albertini, venu apporter son expérience. Le club a été estimé à 25 millions d’euros et une première mise aux enchères sera effectuée début mai, puis d'autres les semaines suivantes, en abaissant à chaque fois de 25 % le montant jusqu’à ce qu’une offre concrète soit faite. Vu comme ça, cela ressemble à une bonne affaire. Sauf que l’éventuel repreneur devra s’acquitter de la dette sportive qui s’élève à 74 millions d’euros aujourd’hui. Un gros effort a ainsi été demandé aux joueurs et au staff, qui ont accepté de renoncer à 70 % des salaires non payés et 50 % de ceux restants. Respect ! Le dernier coup de poker, sinon ce sera la Serie D, soit le quatrième niveau national. 
Les autres employés ont été épargnés et pourront réclamer l'intégralité de leurs créances. Ce sont les grands oubliés, les jardiniers, magasiniers, secrétaires, etc… ainsi que leurs familles. Les vraies victimes. Qu’ont fait les institutions sportives italiennes pour éviter ça ? Pas grand-chose. Si, elles se réveillent maintenant, mettant en place des nouvelles règles pour éviter qu’un tel cas se reproduise. Le casier judiciaire des nouveaux propriétaires sera analysé, ce ne sera évidemment pas rétroactif, sinon bonjour le carnage. Du vent ? On verra. De toute façon, il est bien trop tard, messieurs. Parme coule, mais la tête haute. Joueurs, staff et employés peuvent se regarder en face, eux. Que d'autres en prennent de la graine.
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