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Perin, Rugani, Dybala : En Serie A, les meilleurs ne sont pas ceux que l’on croit

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 24/01/2015 à 09:16 GMT+1

Un agréable vent de fraicheur souffle sur la Serie A, et il était temps. En effet, à mi-saison, les joueurs les plus performants sont de brillants surdoués aux statistiques impressionnantes.

Mattia Perin, Daniele Rugani, Paulo Dybala

Crédit: Eurosport

Comment désigner les meilleures individualités sans être un minimum subjectif ? Vaste question à laquelle on ne saura surement jamais répondre, mais on a peut-être trouvé un moyen pour satisfaire le plus grand nombre. En Italie, les notes font partie intégrante de la culture footballistique depuis des décennies. Chaque quotidien sportif et généraliste y va de son bulletin après chaque match, distribuant ses bons et mauvais points. Le barème lui diffère de la France, la moyenne est à 6, à 7 on a déjà fait un très bon match, à 5 un mauvais. C'est plus subtil qu'on pourrait le croire et ça se joue souvent à un demi-point. Les notes les plus légitimes sont évidemment celles du trio de quotidiens sportifs : la Gazzetta dello Sport (tendance milanaise, la ville pas le club), le Corriere dello Sport (tendance romano-napolitaine) et Tuttosport (tendance turinoise voire génoise), comme ça, pas de jaloux.
Et en calculant la moyenne des notes obtenues par les joueurs dans ces trois journaux, on obtient un classement plutôt crédible qui permet de ressortir les meilleurs individualités. La diversité des votants diluant suffisamment leur part de subjectivité pour s’en servir de fait mathématique assez précis. À mi-saison, on s’attend à voir les Tevez, Buffon et Higuain truster les premières places, et bien pas du tout. La jeunesse a pris le pouvoir en cet exercice 2014-15, Pogba étant par exemple le meilleur milieu de terrain dans son registre. Pas de surprises donc pour les milieux de terrain, mais qu’en est-il pour les autres postes ?

Perin malgré tout

Malgré tout oui, parce que le jeune Mattia en a ramassé des ballons au fond de ses filets depuis qu’il évolue régulièrement en Serie A. 136 en 84 matches entre sa saison à Pescara et les derniers 18 mois au Genoa. Des chiffres qui auraient plombé mentalement plus d’un portier de son âge. Mais Perin, c’est avant tout un mental d’acier et un gardien qui ne se laisse pas envahir par les doutes et le contexte dans lequel il évolue. Une qualité fondamentale quand on évolue à son poste. Il n’est donc pas qu’un dernier rempart pétri de talent, il fait montre aussi d’un incroyable sang-froid que l’on confond trop souvent avec de l’insouciance.
Rappelons qu’il était le troisième portier de l’expédition italienne au dernier Mondial. Et surtout, si Perin encaisse pas mal de buts, il en évite encore plus. L’an dernier, il a conclu la saison avec 142 parades, soit le second meilleur total du championnat derrière Rafael du Hellas (157). Cette année, il est troisième avec 64 tirs parés. Toujours concernant cette statistique très parlante, il a marqué la saison 2012-13 de son sceau avec le record de 15 parades effectuées lors d’un Fiorentina-Pescara ! C’était il y a pile deux ans, depuis, il continue de se bonifier tout en limant son pourcentage d’erreur. Sa permanence au Genoa ne devrait plus durer très longtemps à ce rythme-là, qu’il atterrisse vite dans un club plus huppé pour passer un nouveau palier. Il n’y a pas de temps à perdre !
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Mattia Perin, avec l'Italie - 2014

Crédit: Panoramic

Rugani, l’ascension fulgurante

Celui-là, on ne l’avait pas vu venir, même si on en disait le plus grand bien lors de sa saison en Serie B l’année passée. Le problème justement, c’est que c’était sa première vraie expérience professionnelle. On s’attendait donc légitimement à quelques difficultés parmi l’élite, ou tout du moins à un temps d’adaptation. Finalement, rien de tout ça, comme quoi, quand les jeunes ont du talent, il ne faut hésiter à les faire jouer. L’impact avec la Serie A a été parfaitement encaissé, il faut dire que, malgré ses 20 ans, Rugani fait preuve d’une étonnante maturité. C’est la qualité la plus souvent louée quand son entraineur et ses coéquipiers parlent de lui. Un professionnel minutieux qui ne pense qu’à une chose : s’améliorer.
Loin, bien loin des clichés des footballeurs de sa génération, Rugani, c’est une tête et un comportement de premier de la classe. Pour le coup, l’habit fait très bien le moine. Il s’illustre ainsi avec la surprenante équipe de l’Empoli et affiche des stats éloquentes. Deuxième au classement des ballons récupérés (derrière Magnanelli de Sassuolo), il n’a pas loupé une seule minute de cette première partie de championnat et n’a reçu aucun avertissement ! Ça en dit long sur le style de jeu du bonhomme que l’on pourrait résumer en deux mots : élégance et intelligence. On comprend mieux pourquoi Conte le prélève des espoirs italiens pour l’intégrer à la Nazionale. Son avenir en club est lui déjà tout tracé puisque la Juve lui a mis le grappin dessus et le rapatriera l’été prochain. En toute logique.
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Daniele Rugani (Empoli) face à Gonzalo Higuain (Napoli) - 2014

Crédit: Panoramic

Dybala, la patience a payé

En voilà un qui n’est plus un inconnu depuis que le PSG l’a dans le viseur. Et puis, il est plus facile de marquer les esprits quand on évolue au poste d’attaquant. Pourtant, ça n’a pas été facile pour lui lors de son arrivée en Italie en 2013. Passer de la D2 argentine à la Serie A à seulement 18 ans, le tout avec une grosse pancarte dans le dos sur laquelle était écrite : "J’ai été acheté 11 Millions d’€".  Avec le recul, on peut dire que ce fut un investissement sur le long terme, puisque le court terme déboucha sur une relégation en Serie B après une saison cauchemardesque. Si la remontée fut une promenade de santé, Dybala galérait à trouver du temps de jeu malgré une concurrence amoindrie. Du coup, le constat statistique était largement déficitaire : 3 buts en 27 matches, excusable pour l’année de Serie A. 5 en 28 - dont le premier inscrit en mars - beaucoup moins compréhensible pour le séjour en Serie B.
Il s’apprêtait ainsi à intégrer le royaume des "bidoni" (expression italienne pour désigner un transfert loupé), et puis le déclic. Mais d’où est-il venu ? Dans la tête et dans le corps. La confiance, la maturité, et les séances de musculation. En effet, la technique elle a toujours été là, Rino Gattuso qui l’a entrainé l’été 2013 parlait même de "manuel de football" pour décrire ses qualités. Voici donc un attaquant totalement libéré, celui qui cadre le plus de frappes en Serie A en duo avec Quagliarella : 28, pour 10 réalisations. Son président Zamparini est déjà prêt à le vendre au plus offrant pour en tirer un maximum comme il a fait précédemment avec Pastore. La Serie A retiendra difficilement Dybala, l’Italie aussi. En effet, Conte a tenté le coup pour le faire évoluer avec la Squadra Azzurra, mais Dybala a bel et bien promis son cœur à l’Argentine.
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Paulo Dybala avec Palerme - 2014-2015

Crédit: AFP

Perin, Rugani, Dybala et donc Pogba. Les meilleurs joueurs de cette saison de Serie A affichent donc 20 ans et 6 mois de moyenne d'âge, en total opposition avec le statut de deuxième championnat le plus vieux d'Europe après celui de Chypre. Et si 2015 était l'année du changement que tous les passionnés de football italien attendent ?
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