Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Serie A : Il est temps pour la Roma de se débarrasser de sa Totti-dépendance

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 15/07/2015 à 13:29 GMT+2

Les années passent et Francesco Totti, capitaine de la Roma, est toujours l’emblème d'un club qui ne peut cependant plus dépendre d’un joueur qui va sur ses 39 ans. Totti doit s’apprêter à passer la main tout en continuant d’apporter sa précieuse contribution.

Francesco Totti en match de préparation à la saison 2015-2016 avec l'AS Rome

Crédit: Panoramic

Et de 24 saisons de Serie A. Francesco Totti se rapproche de plus en plus du record en la matière, détenu par un certain Paolo Maldini qui a poussé jusqu’à 25. L’éternel capitaine de la Roma continue d’être indispensable. Toutefois, on a beau tressé les louanges de cette incroyable longévité, cela n’est pas forcément une bonne nouvelle pour son équipe. Les 39 ans approchent et les premières rumeurs sur une prolongation de contrat - l'actuel prend fin en 2016 - vont déjà bon train. Il serait temps, pourtant, de préparer une fois pour toute la succession de celui que l’on surnomme “Er Pupone”.

Un joueur encore largement dans le coup

Avant toute chose, revenons sur la dernière saison de Francesco Totti, que certains qualifient erronément d’insuffisante. Elle a été au pire irrégulière, logique pour un attaquant de cet âge. Elle avait en tout cas très bien commencé, avec un double record de buteur le plus ancien de l’histoire de la Champions League, contre Manchester City et le CSKA Moscou. Positionné à la pointe de l’attaque, les performances du Romain contribuaient largement à la bonne première partie de saison de la Louve, élimination européenne mise à part. La phase aller s’est même conclue par un splendide doublé contre la Lazio qui lui a permis d’être le meilleur buteur all-time du derby de la Capitale.
Ce n’est que lors de la phase retour qu’il a coulé, avec toute son équipe d’ailleurs. Rudi Garcia a alors décidé de se passer quelques fois de ses services en des occasions où son équipe s’est d’ailleurs souvent imposée (13 points sur 15). Mais au moment de tirer le bilan de cette saison 2014-2015, c’est bien Totti qui est encore le meilleur buteur du club avec 10 réalisations, dont 4 penaltys. Et pourtant, de la concurrence il en a eu, Mattia Destro jusqu’en décembre et Seydou Doumbia à partir de janvier. Des joueurs avec des fiches de stats plutôt impressionnantes, mais les deux se sont écrasés contre l’armure de leur centurion.

Place à un "bomber" ?

Rudi Garcia repart pour une troisième saison avec les Giallorossi, et la Roma repart donc sur un 4-3-3. Le technicien français a bien tenté quelques variables avec un 4-3-1-2. Mais rien n’y fait, il ne déroge pas de sa tactique fétiche. Et dans ce schéma de jeu, il n’y a de la place que tout en haut pour Totti. Cependant, il est de notoriété publique (en tout cas de l’autre côté des Alpes) que le capitaine vampirise le jeu de son équipe lorsqu’il est aligné. Le plus contrefait de ces fameux faux “neufs” revient régulièrement quelques mètres plus bas afin de servir de rampe de lancement pour ses ailiers. Des ailiers qui, s'ils ne tiennent pas leur rang, foutent le plan de Rudi par terre. C’était le cas de Gervinho et Iturbe l’an passé. D’où le manque d’alternatives crédibles, ou en tout cas d’automatismes.
Durant cette intersaison, Garcia a peut-être dans l’idée de “tuer le père”, c’est en tout ce qui ressort des stratégies de mercato d’un club très activement à la recherche d’un avant-centre racé. Pourtant, il y en aurait déjà deux dans l’effectif, ce Doumbia pas à la hauteur et déjà soldé six mois seulement après son arrivée. Mais surtout, ce Destro qui avait une moyenne de but aussi élevée que son impatience démontrée lorsqu’il s’agissait de glisser sur le banc de touche en attendant la retraite de Totti. Le directeur Walter Sabatini a ainsi jeté son dévolu sur Edzin Dzeko, buteur qui a fait ses preuves à l’international et en manque de temps de jeu à City. S’il vient, ce ne sera surement pas pour être la doublure de l’emblème du club.
picture

La joie de Manchester City après le but de Dzeko contre Liverpool (saison 2014-2015)

Crédit: AFP

A la Altafini ou en 10 ?

L’arrivée du Bosnien ou d’un autre attaquant doté de son pedigree changerait alors forcément la donne pour Totti. Du temps de jeu, il y en aura pour tout le monde, la Roma s’étant de nouveau qualifiée directement pour la Champions League. Mais possible que le nom du capitaine ne figure plus systématiquement sur les feuilles des matches les plus importants. Le double vice-champion d'Italie doit commencer sa “détottisation” afin que le traumatisme soit moins important lorsque son joueur le plus emblématique décidera de raccrocher, ce qui n’est qu’une question de temps. Garcia doit opérer ce changement en finesse, une mission ingrate mais fondamentale pour l'avenir. Il faudra pour cela sortir de son schéma stéréotypé et exploiter les qualités d’un Pjanic sur courant alternatif et d’un Iturbe qui ne peut être le joueur médiocre observé la saison passée. Nous l'avons dit précédemment, l'an passé, la Roma a su faire sans son capitaine. A voir sur la durée.
Francesco Totti a lui tout le temps de se consacrer à un possible nouveau rôle. Numéro 10 sur les épaules comme depuis toujours, certains suggèrent de le reculer d’un cran pour occuper le poste dont il endosse le chiffre. Cela ne ferait probablement que mettre encore un peu plus en exergue son autonomie réduite, qui dépasse rarement une heure. Mieux vaut opter pour la seconde option. En Italie lorsqu’un avant-centre arrive en fin de carrière, on lui prédit souvent une reconversion à la José Altafini. C’est une référence à l’ancien avant-centre italo-brésilien, buteur impitoyable avec le Milan et le Napoli dans les années 60, et qui s’était recyclé en joker tout aussi efficace à la Juventus la décennie suivante. 4 saisons, de ses 33 à 37 ansn durant lesquelles il inscrit 37 buts en 119 matches en sortant souvent du banc de touche. Résultat, des réalisations décisives à la pelle et deux scudetti de plus dans la besace.
Voici un rôle qui pourrait convenir à Totti, encore largement capable de faire la différence. Une solution qui permettrait aussi bien d’exploiter sa capacité à conserver le ballon en cas d’avantage ou celle à “créer du football” dans une situation inverse. Car quand il s’agit de mettre ses coéquipiers en position de dangerosité, il est encore le numéro un en la matière. Cette évolution qui parait inéluctable dépendra de l’autorité de Garcia et de la lucidité de Totti. Car ce dernier ne peut décemment pas être un problème pour la Roma. Au contraire, il a encore beaucoup à donner, sur et hors du terrain, mais surtout à l’intérieur du carré vert. La retraite peut attendre un an et nous avons encore envie de nous régaler.
picture

Francesco Totti en match de préparation avec la Roma

Crédit: Panoramic

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité