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Totti fête ses 40 ans, il n'a toujours pas l'intention d'arrêter et ce n'est pas un hasard

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 27/09/2016 à 12:01 GMT+2

Quarante ans et footballeur de très haut niveau : peu de joueurs peuvent se vanter d'un tel statut, surtout parmi les attaquants. Toutefois, ce n'est pas un hasard si l'éternel capitaine de la Roma continue de défier les lois de la physique.

Francesco Totti

Crédit: Panoramic

Les Dieux du foot étaient particulièrement en forme durant cette semaine de la fin du mois de septembre 1976. Le mercredi 22, Sonia dos Santos Barata accouchait de Ronaldo Luis Nazario de Lima dans le quartier de Bento Riberio à Rio de Janeiro. Le dimanche 26, dans la maternité de Görlitz, à la frontière entre l’Allemagne et la Pologne, Stephan et Karin Ballack regardaient avec tendresse le petit Michael qui venait de voir le jour. Le lendemain, mille kilomètres plus au sud, précisément à Rome, Fiorella Totti venait de mettre au monde Francesco. Enfin, le mercredi suivant, le petit village de Dvirkivščyna fêtait la naissance d’Andrei Shevchenko. Quarante ans plus tard, un seul de ces grands est encore activité alors que les trois autres ont pris leur retraite entre juin 2011 et octobre 2012. Mais comment fait-il ?

Il est en train d'inventer un nouveau poste

Et de 250 buts en Serie A. Cadeau d’anniversaire avant l’heure pour Francesco Totti malgré la défaite 3-1 sur le terrain du Torino. "Er Capitano" passe un nouveau cap symbolique et soigne les stats de sa 25ème saison parmi l’élite. 4 matches, 2 buts, 2 passes décisives. Le tout en 192 minutes de jeu, soit la capacité à être décisif une fois par mi-temps. Néanmoins, ces chiffres bruts ne rendent pas forcément grâce à la qualité de ses prestations. A l’approche de la quarantaine, le physique a forcément du mal à suivre.
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Francesco Totti, buteur avec l'AS Rome le 11 septembre 2016

Crédit: AFP

Ainsi, le Romain joue quasiment arrêté, mais surtout beaucoup plus bas qu’à son habitude. Successivement ailier, numéro 10 puis enfin attaquant de pointe, le voilà pratiquement milieu relayeur, loin des griffes du marquage adverse qui a martyrisé ses chevilles. Son champ d’action a reculé de plusieurs mètres, éloigné des buts certes, mais dans une position idéale pour servir les trois attaquants qui l’accompagnent à coups d’ouvertures millimétrées en première intention ou de passes dans des intervalles que seul lui discerne.
Quand il est sur le terrain, il reste le point de repère pour ses coéquipiers, lesquels sont conscients qu'un ballon anodin a de grandes chances d'être bonifié. En outre, Totti - qui ne peut se permettre de se désintéresser du travail défensif - se surprend même à se la jouer récupérateur grâce à sa science du placement. Il officie en fait dans un rôle de libéro offensif. Pour rester en haut de l’affiche, le néo-quadra a su avant tout se recycler.

Diète et retraite internationale précoce

Le toucher de balle et l’expérience, c’est bien, mais on n'est pas aussi performant à cet âge vénérable sans être un professionnel minutieux. Avant chaque stage de présaison, le Romain a désormais pris l'habitude de passer un contrôle technique à Merano au Nord de la Botte, précisément chez Henri Chenot, spécialiste de l’évolution du vieillissement psychophysique et qui s’occupe de nombreux VIP. S’ajoute à cela un régime draconien et surtout, une préparation physique personnalisée à l’extrême. Dès 1999, Totti s’entoure de Vito Scala qui s’occupe de soigner son corps mais aussi son image. A chaque séance d’entrainement, il est suivi par deux kinés. Attention, il ne fait pas bande à part mais est exempté de certains exercices afin de préserver son physique le mieux possible. On est loin des célèbres écarts diététiques de Ronaldo dont les problèmes de surpoids n’étaient et ne sont pas uniquement dus aux fameux dérèglements de sa glande thyroïde.
Autre aspect important que l'on tend à négliger, l'Italien avait décidé de prendre sa retraite internationale dès l’été 2006, avant même ses 30 ans et juste après avoir remporté la Coupe du monde. De quoi s'épargner de nombreuses fatigues. A l’inverse, Ballack a poursuivi avec la Mannschaft jusqu’en 2010 tandis que Shevchenko avait disputé son tout dernier match pro avec la sélection ukrainienne lors de l’Euro 2012 organisé chez lui.
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Spaletti : ''Le Totti que j’ai toujours voulu''

Spalletti, le secret inavoué ou plutôt inavouable

"Le rapport avec Francesco fonctionne toujours de la même façon et ira toujours dans cette direction. Lui est un des joueurs de l’effectif de la Roma et peut jouer au début, entrer en jeu ou être remplacé. Actuellement, il est parfait : il vient, il s’entraine, il est dans le groupe, il fait souvent référence au collectif et au jeu d’équipe, c’est ce que je voulais. On continue comme ça". A chaque conférence de presse, Luciano Spalletti doit répondre à une ou plusieurs questions sur son capitaine, centre d’intérêt numéro un de ses interlocuteurs plus fanboys que journalistes. Et à chaque fois, c’est une succession de compliments plus ou moins sincères au vue de son agacement à peine masqué.
Le rapport entre les deux hommes avait touché le fond suite à l’interview non autorisée donnée par Totti en février dernier pour se plaindre de son temps de jeu, avec pour seul résultat l'exclusion de la liste de convoqués. Le technicien giallorosso avait été intransigeant, le groupe avant l’individualité, et pas d'exception concernant la légende locale.
Une punition qui avait titillé l’orgueil de son numéro 10 au point de le transformer en joker ultra-décisif. Ce rôle - atout offensif pour venir à bout de d’arrière-gardes fatiguées - lui va comme un gant, et pourtant, beaucoup continuent de le réclamer titulaire. Spalletti n’est pas exempt de tout reproche mais doit gérer cette asphyxiante pression populaire, quand ce n'est pas madame Totti (célèbre présentatrice TV) qui le qualifie de "petit homme" comme dans une interview parue hier dans la Gazzetta dello Sport. Sa légitimité est constamment remise en question, mais il réussit à garder le cap malgré le vent contraire. Totti ne le remerciera probablement jamais publiquement, mais s'il peut même envisager d'également fêter ses 41 ans en tant que joueur, il le doit aussi à son meilleur ennemi.
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