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Quand Zinédine est devenu Zidane...

Four Four Two

Publié 26/02/2018 à 20:37 GMT+1

Pour Eurosport, FourFourTwo se penche sur la saison qui a consacré une star du football mondial. Aujourd'hui, on file à Turin pendant l'année 1996-97, pour la naissance du phénomène Zinédine Zidane.

Zinedine Zidane lors de la saison 1997-1998

Crédit: Eurosport

Zinédine Zidane était prévenu. Un peu avant de signer en faveur de la Juventus à l’été 96, le joueur des Girondins de Bordeaux a pris soin de passer un coup de téléphone à Didier Deschamps, recruté deux ans auparavant par les Bianconeri. Les deux coéquipiers en équipe de France ont longuement discuté et Zizou voulait savoir ce qui l’attendait en débarquant à Turin. DD ne lui a pas menti et lui a parlé avec enthousiasme du club, de la Serie A et du coach Marcello Lippi. Puis il a mentionné un préparateur physique : Giampiero Ventrone.
Quelques semaines plus tard, à la fin de l’été, Zidane avait compris pourquoi les joueurs de la Juventus citaient davantage ce bourreau de la préparation plutôt que leur entraîneur. "Deschamps m'avait parlé de ces séances physiques mais je ne pensais pas que cela pouvait être aussi difficile, confesse-t-il alors aux médias italiens. A la fin, je suis souvent sur le point de vomir tellement je suis fatigué."
Finir une séance de Ventrone est déjà une victoire en soi. Le préparateur physique, habitué à pousser les joueurs dans leurs derniers retranchements, avait pris l’habitude d’installer une cloche de la honte à proximité du terrain, obligeant les joueurs qui abandonnaient en cours d’entraînement à la faire sonner. Et certains l’ont fait, incapables de tenir face aux efforts demandés.

Pour les Italiens, Zidane est un 'predestinato'

Mais pas Zidane ! Il avait signé à la Juventus pour franchir un palier, quitter son cocon bordelais, sortir de sa zone de confort et ne surtout pas se contenter de petites victoires. Ces horribles après-midis sur un terrain de Pinzolo (nord-est de l’Italie) annonçaient quelque chose de bien meilleur. Ce serait la saison où un joueur aussi talentueux que maigrichon deviendrait une superstar. L’année qui a permis à Zidane de devenir Zidane !
Il est parfois tentant de croire que seul le talent suffit. Que les succès arrivent naturellement pour les joueurs doués et que le travail est finalement assez superflu. Les Italiens ont même un mot pour cela, 'predestinato', décrivant ces individus qui semblent être destinés dès leur naissance à réaliser de grandes choses.
Il ne fait aucun doute que Zinédine Zidane possédait ce don naturel rare. Les copains de La Castellane en plaisantaient lors des parties de foot en bas des immeubles, vantant les qualités de ce gamin qui avait une main à la place du pied. Mais cela ne pouvait suffire et les histoires de ces jeunes talents précoces qui n’ont jamais percé ne manquent pas.
Zinedine Zidane, 1996-1997

Recalé par Newcastle ?

Avant de débarquer à la Juventus, Zidane avait déjà joué une finale de Coupe UEFA avec Bordeaux et représenté la France lors de l’Euro 96. Un CV prometteur mais loin d’en faire un postulant au Ballon d’Or. D’ailleurs, ils sont nombreux à ne pas avoir cru en lui à cette époque. En 1995, le président de Blackburn, Jack Walker, a ainsi déclaré qu'il n'avait pas besoin de Zidane dans son équipe parce qu’il avait déjà Tim Sherwood.
Deux ans plus tard, l'agent Barry Silkman a prétendu qu’il avait proposé Zizou à Newcastle avant son départ pour Turin. Mais que le club anglais avait estimé que ce jeune Bordelais n’avait même pas le niveau pour jouer en Championship. De vrais visionnaires…
Vraies ou pas, ces anecdotes ont le mérite de rappeler que le transfert de Zidane a fait beaucoup parler en Italie. Acheté à Bordeaux pour un peu moins de 4 M€, juste avant l’Euro, ZZ est arrivé à Turin après une compétition ratée (il a joué blessé), certains faisant de lui le bouc-émissaire de la défaite en demi-finale face à la République tchèque.

Un 4-3-3 qui ne convient pas à Zidane

Dans un contexte nouveau et difficile, ses premiers mois avec la Juventus ont été très compliqués. Compte tenu de ses difficultés à suivre la préparation physique de Ventrone, le journal La Repubblica l'a décrit ironiquement comme un coureur de cross-country qui se retrouvait au milieu d’une équipe de sprinters.
Dans les faits, Zidane a surtout été la victime de tactiques mal choisies. Perçu comme le successeur de Paulo Sousa, il a souvent été coincé au milieu du 4-3-3 de Lippi, aux côtés le plus souvent de Didier Deschamps et d’Antonio Conte. Zidane a eu un mal fou à exister dans cette position.
C’est finalement un coup du sort qui a décidé de la suite de la saison du Français. Conte s’est en effet rompu les ligaments d’un genou en octobre, lors d’un match de l’Italie face à la Géorgie, et Marcello Lippi a dû revoir ses plans. Exit le 4-3-3 qui ne convenait guère à Zidane et place à un 4-4-2 beaucoup plus adapté à ses qualités.

La victoire contre l’Inter, le déclic

Pour autant, Zizou n’était toujours pas un titulaire en puissance dans l’esprit de son entraîneur. Au point de ne pas être retenu pour une rencontre de Ligue des Champions face au Rapid Vienne. Mais il a retrouvé le groupe et l’équipe lors du match suivant, à domicile face à l’Inter Milan.
Pour la première fois depuis son arrivée en Italie, Zidane a montré ce dont il était capable. Il a évolué plus haut sur le terrain, dans un faux rôle de numéro 10 derrière les attaquants, et il y a excellé. Ses accélérations et ses passements de jambes ont donné le vertige à la défense de l’Inter. Et alors que Vladimir Jugovic avait ouvert le score de la tête pour la Juventus, Zidane a scellé la victoire d’une merveilleuse frappe du gauche depuis l’extérieur de la surface.
Cette victoire et ce but ont marqué un tournant et lancé la saison de Zidane. En janvier, les mêmes journalistes italiens qui s’étaient moqués de lui mangeaient désormais dans sa main. La Gazzetta dello Sport a même été jusqu’à interviewer ses voisins, insistant sur le fait que le Français était beaucoup plus apprécié que le locataire précédent, Gianluca Vialli.

Son chef-d’œuvre face à l’Ajax

A l'intérieur du Stadio delle Alpi, Zidane faisait également l’unanimité. Sa montée en puissance a ravi les fans et le 23 avril, le numéro 21 de la Juventus a été l’époustouflant chef-d’orchestre d’un succès 4-1 contre l’Ajax Amsterdam, en demi-finale retour de la Ligue des Champions.
S’il ne fallait retenir qu’un seul moment de sa saison 1996-97, c’est ce match face à l’équipe néerlandaise ! Un spectacle étonnant, une partition géniale, une prestation de virtuose pendant laquelle il a délivré trois passes décisives et inscrit le dernier but, humiliant au passage Ronald de Boer et Edwin van der Sar avec une facilité déconcertante. Ce soir-là, Zidane est devenu l’un des meilleurs joueurs de la planète.
Malheureusement pour Zizou et pour la Juventus, le Français n’a pas su rééditer son exploit en finale face au Borussia Dortmund. La Vieille Dame s’est inclinée 3-1 et deviendra l’année suivante la première équipe à perdre deux finales de Ligue des Champions consécutives (défaite contre le Real Madrid en 1998).

Retrouvailles douloureuses en 2006

Zizou et ses partenaires se sont consolés en décrochant le Scudetto, la Supercoupe d’Europe et la Coupe Intercontinentale. Joli palmarès pour une première année en Italie. Zidane reconnaitra d’ailleurs un peu plus tard que cette saison aura été le tournant de sa carrière.
"Marcello Lippi a été comme un interrupteur pour moi, a expliqué Zidane. Il m'a changé et j'ai compris ce que cela signifiait de travailler pour quelque chose qui comptait. Avant d'arriver en Italie, le football était un travail, bien sûr, mais c'était surtout un moyen de m'amuser. Après mon arrivée à Turin, le désir de gagner des trophées a pris le dessus et il ne m'a jamais quitté."
Les deux hommes se sont retrouvés dix ans plus tard, en finale de Coupe du Monde. Et l’Italie de Marcello Lippi a privé Zidane d’un second sacre mondial. On pourrait y voir une nouvelle preuve de l’avertissement de Deschamps en 1996 : les entraîneurs de la Juventus vous feront progresser mais ne vous épargneront aucune douleur. On ne peut que confirmer…
FourFourTwo
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