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Serie A : Milan, alerte rouge et crise noire

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 29/01/2023 à 10:51 GMT+1

SERIE A - L'AC Milan est officiellement en crise. Après avoir perdu deux de leurs trois objectifs de la saison depuis la reprise, les champions d'Italie patinent désormais en championnat, où le Napoli s'est envolé vers le Scudetto avec 12 points d'avance. Plus inquiétant, Olivier Giroud et sesx coéquipiers semblent en crise de tout : confiance, jeu et identité.

Olivier Giroud à terre après la défaite du Milan contre la Lazio (4-0)

Crédit: Getty Images

Stefano Pioli n'est plus "on fire". Au point qu'on se demanderait presque si le refrain du dernier Scudetto des tifosi de l'AC Milan, entonné sur les notes "Freed from Desire" avant chaque match à San Siro pour encenser leur entraîneur, sera lancé dimanche midi avant le match face à Sassuolo. Sans pitié, les réseaux sociaux ont même déjà transformé ce "Pioli's on fire" en "Pioli's in ferie", soit littéralement de "Pioli est en feu" à "Pioli est en vacances". Érigé en l'un des héros de l'épopée milanaise la saison passée, à juste titre d'ailleurs, l'entraîneur de 57 ans est définitivement redescendu sur terre après une série de mauvais résultats et, surtout, d'être à la tête d'une équipe méconnaissable. La dure loi des grands clubs.
Alessandro Nesta l'a d'ailleurs parfaitement résumé, un jour, dans une discussion sur Instagram avec son ami Fabio Cannavaro : "A Milan, c'est comme ça. On gagnait le Scudetto et on pensait déjà à la Ligue des Champions. On gagnait la Ligue des champions et on pensait déjà à la Supercoupe d'Europe. On gagnait la Supercoupe d'Europe et on pensait au Mondial des clubs (...) Dans un club comme ça, où tu te casses le c** pendant dix ans, ou alors tu ne peux pas y rester." "Ce Scudetto doit être un point de départ, pas un point d'arrivée", avait d'ailleurs reconnu, en décembre dernier, le technicien milanais. Problème, la machine semble s'être complètement enraillée en début d'année. Et même depuis le début de saison.

93e minute de Milan-Roma, et la lumière s'éteint...

Il y avait déjà eu, en effet, quelques signes avant-coureurs. Des victoires à l'arrachée face à Empoli, l'Hellas, Spezia ou encore la Fiorentina, notamment. Des prestations pas totalement abouties, avec une défense devenue soudainement friable. Des gestes de nervosité, aussi, souvent entre coéquipiers, comme si l'esprit de combat et d'entraide s'était soudainement envolé après la victoire du titre. A l'époque, la grande majorité des observateurs estimait que cette équipe n'arriverait pas au bout. Alors, pour les faire mentir, la bande à Pioli est allée au bout de son rêve, unie et soudée, consciente de ne pas être la plus forte, mais tout simplement la meilleure. Depuis, ce nouveau statut de champion a tout changé. Et pas forcément en bien.
Sandro Tonali, l'âme de cette équipe, l'avait compris dès le 21 août dernier. "Nous ne sommes pas différents, mais nous devons comprendre que c'est un autre championnat, lâchait-il après un match nul sur la pelouse de l'Atalanta. C'est un moment difficile en dehors du terrain, il faut être bon et tout laisser de côté, penser seulement à nous. Quand tu gagnes un Scudetto, tu reviens avec un énorme enthousiasme. Mais nous avons commencé la saison comme s'il s'agissait de la 39e journée de la saison dernière, et pas la première de celle actuelle...". Des mots forts et inattendus, mais qui prennent aujourd'hui tout leur sens.
Après avoir souvent tangué, le bateau milanais est quand même parvenu à suivre, tant bien que mal, celui d'un Napoli lancé en pleine vitesse. A la trêve de novembre, la distance n'était "que" de 8 points. Un mois plus tard, en pleine Coupe du monde, les lourdes défaites face à Arsenal, Liverpool et le PSV Eindhoven en amicaux ne rassuraient (encore) personne. Stefano Pioli, lui, utilisa alors la manière forte en obligeant ses troupes à dormir à Milanello après le 3-0 en terres néerlandaises, symbole que quelque chose ne tournait déjà pas rond. Ce qu'il reproduira après l'élimination en Coupe d'Italie contre le Torino (0-1), pourtant en infériorité numérique, le 11 janvier dernier, trois jours après un match nul face à la Roma (2-2) qui semble avoir tout précipité. 87e minute, Milan mène tranquillement 2-0 face aux hommes de Mourinho. Son homologue milanais en profite alors pour effectuer des changements et modifier son assise tactique (passage à la défense à trois) pour la fin de match, ce qui fait totalement reculer son bloc. 93e minute : 2-2. Et là, la lumière va complètement s'éteindre sans jamais se rallumer depuis.

Joueurs en méforme, blessés, mercato raté et gestion compliquée

Après la triste élimination face au Toro, un match nul pas plus glorieux à Lecce (2-2) après avoir été mené de deux buts. Ensuite ? Une grosse claque sur la joue droite en Supercoupe d'Italie dans le derby contre l'Inter (3-0), puis une autre sur la gauche lors du déplacement à Rome face la Lazio (4-0) mardi soir. "Milan a disparu (...) Zéro réaction, zéro solution, une équipe nerveuse et sans âme", résumait La Gazzetta dello Sport le lendemain. Malgré un déséquilibre évident et des joueurs hors de forme, Pioli n'hésite pas à reconduire son 4-2-3-1 match après match. Résultat, lors des trois derniers, son équipe était menée de deux buts à la pause.
Les clean sheets ? Quatre depuis le début de saison. L'absence prolongée de Mike Maignan n'y est pas anodine, tout comme le niveau de sa doublure Ciprian Tatarusanu. Milan est également la 14e équipe au classement de la distance parcourue avec 107,075 derrière Lazio, Inter, Juve et Roma. Pour beaucoup, elle court peu mais surtout mal, tant dans le pressing, la couverture du terrain et l'intensité. "C'est une équipe qui a surtout besoin de se retrouver d'un point de vue mental", estimait la Gazzetta.
Côté mercato, celui estival n'a rien rapporté aux champions d'Italie. Alors que Paolo Maldini estimait avoir besoin de "trois top player" pour ouvrir un cycle, il s'est finalement rabattu sur d'autres profils visiblement boudés par son entraîneur. L'international belge Charles De Ketelaere, acheté 35 millions d'euros, n'a été titulaire que cinq fois en championnat, devant désormais se contenter de simples entrées en jeu. Le tout pour une passe décisive et zéro but . Sans parler de Divock Origi (581 minutes), Yacine Adli (114 minutes jouées), Aster Vranckx (153 minutes) ou Malick Thiaw (124 minutes). Revenu de prêt, Tommaso Pobega (769 minutes) a affiché ses limites. Pour cet hiver, Nicolò Zaniolo est toujours pisté, mais les requêtes de la Roma (transfert définitif entre 30 et 35 millions) devraient réduire à néant cette possibilité malgré la volonté de l'international italien, qui pousse pour rejoindre la Lombardie.

Giroud en difficulté, Théo aussi

Sur le terrain, les leaders du groupe sont également dans le dur. Olivier Giroud n'a plus marqué depuis huit matches et peine à se remettre de la Coupe du monde. Même chose pour Théo Hernandez et Rafael Leão, toutefois auteur de 9 buts et 9 passes décisives cette saison. Sans lui, difficile de dire où en serait son équipe. Pierre Kalulu et Fikayo Tomori, infranchissables dans le rush final du dernier Scudetto, se découvrent vulnérables, tout comme Sandro Tonali, lui aussi en difficulté. "C'est à se demander quelle type de préparation a été effectuée durant le stage à Dubaï cet hiver, nous confie une source proche du club. Entre le nombre de blessés et l'état physique des joueurs, la gestion est plus que douteuse. La tête n'y est pas, mais les jambes non plus. Et Pioli s'entête à toujours faire jouer les mêmes joueurs sans installer une réelle concurrence, ce qui n'arrange vraiment rien. L'équipe prend l'eau de partout et rien ne change. C'est à lui de réagir et trouver les solutions."
L'AC Milan d'Olivier Giroud a subi une lourde défaite contre la Lazio
Le technicien du 19e Scudetto a toujours prouvé, durant sa gestion, savoir gérer ces moments difficiles, même si celui-là semble le plus compliqué. Après un 5-0 face à l'Atalanta, en décembre 2019, il changeait de système et passait avec succès au 4-2-3-1. En mai 2021, il innovait avec un 4-4-1-1 décisif à Turin face à la Juve (0-3). En octobre de la même année, il s'inventait des positions plus axiales pour ses latéraux et repartait victorieux après une démonstration à Bergame (2-3). Face à Sassuolo, dimanche, Pioli sera donc attendu au tournant. Le Scudetto probablement déjà dévolu à Naples, il va devoir obtenir, au moins, une qualification en Ligue des champions. Pas simple au vu de la meute à ses trousses. "Il a notre confiance totale, quelle genre de question me posez-vous ?", s'est agacé un Paolo Maldini venu calmer l'incendie après le 4-0 de mardi.
"Ce groupe doit retrouver l'humilité, la grinta, la faim et l'envie qui l'ont caractérisé l'an dernier, témoigne un habitué de Milanello. On aurait presque l'impression qu'ils ont tous la 'pancia piena' (le ventre plein, ndlr) après avoir remporté un Scudetto. Cela devrait être le début de quelque chose, d'un cycle, mais pas la fin." Le retour de Zlatan Ibrahimovic, prévu pour courant février, pourrait servir à l'intérêt général.
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