Serie A | Entre Patrick Vieira et Balotelli, retrouvailles improbables et explosives au Genoa
Nommé à la surprise générale à la tête du Genoa, Patrick Vieira arrive dans un contexte très tendu en Ligurie. Entre un vestiaire marqué par le départ inattendu d'Alberto Gilardino, dont la personnalité était très appréciée par les joueurs, une opération maintien à mener à bien, un propriétaire très critiqué et des retrouvailles sous surveillance avec Mario Balotelli, rien ne s'annonce simple.
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Video credit: Eurosport
C'est un mardi comme les autres à Gênes. Le ciel a beau être sombre et nuageux, rien ne laisse présager ce qui se trame dans les bureaux du Genoa, situés au numéro 67 la "Via Ronchi". Alors que le club le plus vieux d'Italie a disputé son dernier match douze jours plus tôt, et qu'il n'en manque plus que cinq avant le prochain, il est décidé qu'Alberto Gilardino, qui s'asseoit sur le banc depuis décembre 2022 et a prolongé son contrat en mai dernier, doit être démis de ses fonctions. Une bombe. Un choc.
Certes, les résultats manquent à l'appel et le classement (17e) est alarmant. Et malgré quelques rumeurs de départ cette semaine, l'ancien attaquant, champion du monde 2006 avec l'Italie, a toujours tenu bon. Soutenu par son vestiaire, aimé par les tifosi, celui qui jouait du violon quand il marquait ne semblait plus vraiment en danger. Encore moins en plein milieu de la trêve internationale. Quand on décide de changer de coach, on s'y prend généralement à son début.
"Le Genoa indique qu'Alberto Gilardino a été démis de ses fonctions. Le club le remercie pour les objectifs atteints ces dernières années et lui souhaite le meilleur pour sa carrière", a annoncé le club rossoblù, onzième la saison dernière, mardi en fin d'après-midi. Sous la publication, des centaines de commentaires pas vraiment tendres de ses supporters. En coulisses, le vestiaire reste marqué par cette annonce. Les joueurs s'interrogent et s'écrivent sur leurs différents groupes de conversation. Même au sein de la direction, certains ne comprennent pas. Gilardino, qui a ramené le club en Serie A en main 2023, tombe de mille étages et ne cache pas sa colère. Les adieux sont difficiles et poignants avec ses joueurs.
Mais alors, quelqu'un a bien pris cette décision, non ? Selon le quotidien local Il Secolo XIX, elle provient notamment de l'administrateur délégué Andres Blazquez, pas vraiment en symbiose avec le désormais ex-entraîneur du club. Il serait reproché à ce dernier un manque de résultats, un jeu en déliquescence et une mauvaise préparation estivale, qui aurait provoqué de trop nombreuses blessures. Certaines incompréhensions lors de l'ultime mercato, où certains tauliers (Gudmundsson, Retegui...) ont fait leurs valises, auraient également joué dans cette réflexion.
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Gilardino dà disposizioni ai suoi durante Genoa-Bologna - Serie A 2024/2025
Crédit: Getty Images
Pourquoi Vieira ?
Le lendemain de ce divorce, Patrick Vieira sera nommé dans l'indifférence et le scepticisme général. Sous l'impulsion de Johannes Spors et Marco Ottolini. Le premier était le directeur sportif de tous les clubs de la holding 777 Partners, qui a fini par faire faillite. Il a été maintenu dans un rôle de consultant de la banque d'investissement Moelis, qui surveille les comptes du club depuis que A-Cap, l'un des principaux créanciers de 777 Partners, a repris le contrôle. Le deuxième, lui, est l’actuel directeur sportif du Genoa. Vous l'aurez compris : toute la complexité qui entoure l'actuelle équipe dirigeante du Grifone a joué sur le timing de cette décision. Surtout que le président Alberto Zangrillo, lui, souhaitait plutôt conserver "Gila". En vain.
Débarqué à Gênes mercredi, Vieira s'est engagé pour un contrat de deux ans (avec option supplémentaire d'une année) et un salaire légèrement inférieur à 1,5 million d'euros. Pourquoi lui ? Tout d'abord pour son profil international et ses différentes expériences (New York City, Nice, Crystal Palace, Strasbourg...). Mais aussi car l'ancien milieu de terrain des Bleus connaît déjà le championnat italien, ayant évolué à l'AC Milan, la Juventus et l'Inter. Un gros plus pour un entraîneur étranger. Son profil a rapidement été suivi par une partie des décideurs du club italien. Les échanges qui ont découlé n'ont fait que confirmer ce ressenti. Bien qu'à l'extérieur (et pas que), ce choix laisse quelques doutes. Mario Balotelli, arrivé au Genoa il y a un mois, en a plus d'un. Il faut dire que leur passé commun ne présage rien de bon.
Retrouvailles brûlantes
Les deux se sont connus à l'été 2007 à l'Inter Milan. Puis, ils ont pris le même chemin trois ans plus tard, destination Manchester City. Jusque-là, rien à signaler. Mais le destin a décidé de les réunir à Nice, en 2018. Balotelli était alors à la pointe de l'attaque des Aiglons. Vieira venait de succéder à Lucien Favre sur le banc. L'histoire durera six mois. Presque six mois de trop.
Le technicien reprochait à son attaquant différentes choses, de son comportement à son hygiène de vie, de son manque de professionnalisme à son égoïsme. "Il est difficile pour Mario de comprendre que le football est un travail d'équipe et un effort collectif", constatera-t-il amèrement à RMC. Avant de balancer au Daily Mail : "Sa mentalité ne convient pas à un sport collectif comme le football. Je voulais apporter de l'éthique et c'était difficile pour moi de travailler avec lui. La situation était devenue ingérable pour nous deux, nous avons décidé de nous séparer." Avant que cela dégénère, puisqu'il a même "eu envie de lui répondre, de le coller au mur ou au porte-manteau", avouera-t-il à SoFoot.
De son côté, Balotelli n'a pas toujours digéré certains choix de son ex-nouvel entraîneur. "A Nice, j'avais le sourire tous les jours, c'était dingue. Le problème, c'est que la façon dont jouait Vieira ne m'allait pas. Je m'entendais bien avec lui mais sportivement, je n'étais pas d'accord. Si je n'avais pas eu de problèmes avec lui, je ne serais jamais parti de Nice", expliquait l'ancien buteur de l'AC Milan et Liverpool à SoFoot en avril dernier.
Pourrait-il en être de même à Gênes ? Au sein du club, tout le monde est satisfait de ses premières semaines de travail. Et même s'il n'a pas encore marqué, mais seulement disputé quelques bribes de matches, tout le monde est confiant pour la suite. Le problème, c'est que son arrivée avait été fortement voulue et sponsorisée par Alberto Gilardino lui-même. "Gila viré, Vieira arrive : l'ennemi de Balotelli", résumait le Corriere della Sera. Il n'avait pas vraiment signé pour ça. Afin de briser la glace, les deux ont eu des premiers échanges lors de leur premier entraînement commun mercredi. On oublie tout et on recommence ?
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