Serie A I Napoli - Juventus Turin I Top ou flop : Jonathan David, 90 jours chrono

En Italie, lorsqu'un joueur fraîchement arrivé du mercato peine pendant ses premiers mois avec son nouveau club, il devient généralement un "oggetto misterioso", soit littéralement un "objet mystérieux". On ne sait pas encore comment se finira l'histoire entre Jonathan David et la Juventus Turin, mais l'attaquant canadien, débarqué du LOSC en fin de contrat l'été dernier, remplit pour l'instant tous les critères requis pour obtenir, bien malgré lui, cette appellation.

Au compteur, il ne compte pour l'instant que deux petits buts, bien loin de ce qui était espéré au moment de son arrivée. Son bilan parle aussi de 18 matches toutes compétitions confondues (755 minutes) pour huit titularisations. Voilà pour le côté comptable. Pour le reste, on parlera d'un joueur globalement très critiqué par la presse transalpine pour ses performances sur le terrain. "Il glisse dans un anonymat très périlleux", pouvait-on lire dans La Gazzetta dello Sport après sa triste performance face à l'AC Milan début octobre.

"Sa terrifiante passe en retrait cause le but du 1-0. Le Canadien est détaché du jeu de son équipe avec un comportement passif, presque irritant", constatait nos collègues d'Eurosport Italie quelques semaines plus tard après une défaite à Rome face à la Lazio (1-0). Arrivé dans la peau du possible titulaire du poste, Jonathan David a fini par se faire dépasser par Dusan Vlahovic, pourtant annoncé sur le départ tout l'été (il est en fin de contrat) mais finalement resté. Sauf que le Serbe, en grande forme, a fini par se blesser la semaine dernière, et il restera sur le flanc pour au moins trois mois. De quoi laisser le champ libre à son concurrent canadien, sans oublier Lois Openda, lui aussi arrivé lors du dernier mercato et lui aussi en grande difficulté.

Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. Et cette longue absence de Vlahovic relance inévitablement l'aventure turinoise de David. C'est lui, d'ailleurs, qui a récupéré le flambeau lors du 8e de finale de la Coupe d'Italie face à l'Udinese (2-0) mardi. Convaincant, il a joué un rôle décisif dans l'ouverture du score de son équipe, se jetant parfaitement au premier poteau sur un centre venu de la droite. Si le but a finalement été considéré comme un csc, et qu'un autre - magnifique - a finalement été annulée, de quoi faire perdurer son abstinence de presque cinq mois en championnat, sa prestation a semblé encourageante. Plus impliqué, plus concerné, plus appliqué : il a rendu sa meilleure copie de la saison.

"C'est un joueur qui très bon techniquement et capable de se fondre dans le jeu de l'équipe, a rappelé son entraîneur Luciano Spalletti mardi soir, lui qui a remplacé Igor Tudor sur le banc piémontais il y a quelques semaines. Il se déplace très bien dans la surface, et il sait aussi gérer des situations difficiles."

Après tout, on parle quand même d'un attaquant capable d'inscrire 109 buts sous le maillot de Lille en 232 matches toutes compétitions confondues. La saison passée, il avait marqué les esprits sur la scène européenne en contribuant aux victoires en Ligue des champions contre le Real Madrid (1-0) et l'Atlético (3-1). Au classement des buteurs de Ligue 1, une quatrième place du classement des buteurs lors du dernier exercice, une deuxième place la saison d'avant et une troisième en 2022-2023. Pas le premier venu, donc. Et la Juve avait décidé de sortir l'artillerie lourde pour l'arracher à la concurrence, notamment celle de l'OM et Naples, que la Vieille Dame affronte dimanche : un contrat de cinq ans, un salaire net de 6 millions d'euros plus 2 de bonus et, surtout, 12,5 millions d'euros de commissions.

Au vu de l'investissement consenti malgré l'économie de l'indemnité de transfert, et bien consciente du temps d'adaptation nécessaire pour tout joueur provenant d'un autre championnat, la Juve se laisse encore le bénéfice du doute concernant l'ancien Lillois. La blessure de Vlahovic est une aubaine pour lui. En 90 jours, il joue son présent mais surtout son futur. Peut-il être le numéro 9 de la Vieille Dame ? Celui d'aujourd'hui et de demain ? Si la réponse devait être oui, il enlèverait une belle épine dans le pied à ses dirigeants, qui s'éviterait un retour sur le mercato des attaquants l'été prochain. Dans le cas contraire, un potentiel départ n'est pas à exclure, les rumeurs dans ce sens étant déjà insistantes de l'autre côté des Alpes.

"Le nouveau Jonathan grandit et convainc. Il gagne en confiance et semble prêt à porter l'attaque. La Vieille Dame est à ses pieds", pouvait-on lire dans La Gazzetta dello Sport jeudi. Elle est surtout sur ses épaules, en espérant qu'elle ne pèse pas trop lourd sur celui qui avait également eu des difficultés à son arrivée au LOSC. Lors de la saison 2019-2020, et après son transfert de Gent, l'international canadien avait marqué son premier but en Ligue 1 le 22 novembre, puis le deuxième le 6 décembre, toujours en championnat. Ses onze autres réalisations sont toutes arrivées ensuite lors de la deuxième partie de saison. À Turin, on ne demande que ça.