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TRANSFERTS - De la passion du scouting en amateur sur Twitter aux premiers contacts avec le football professionnel

Yohann Le Coz

Mis à jour 29/07/2022 à 18:04 GMT+2

Des profils de scouts amateurs, il en fleurit ces dernières années sur Twitter. Ils ont tous en commun d'avoir souhaité, au départ, partager la passion de la recherche des talents du football de demain et leurs connaissances de championnats moins populaires. Mais à force de travail, des portes s'ouvrent et certains de ces scouts en herbe pourraient bien faire leur trou dans le monde du football.

De scout amateur à recruteur, les miracles de Twitter

Crédit: Eurosport

"C'est une drogue ! Ces joueurs comme ça que tu découvres qui te transmettent une telle émotion, une petite euphorie quand ils ont quelque chose de spécial". Mickael, 29 ans, plus connu sous le nom de Mycki_ElScout sur Twitter (@MyckiMFootball), est l'un de ceux qui se cachent derrière ces comptes de scouts et autres chercheurs de talents qui fleurissent sur Twitter depuis quelques années.
Sa passion ? Ecumer les championnats du monde entier et y dénicher des pépites du football. Et tout commence très tôt chez lui : "Quand j'étais plus jeune, je n'avais pas accès à tous ces sites de streaming pour voir les matches" se remémore le Twittos aux 25 000 abonnés. Lui qui admet avoir un faible pour l'Amérique du Sud, avec laquelle il a commencé à sortir du carcan du football européen, n'a pas toujours eu un œil sur le football mondial. "C'est à travers les jeux vidéo, Football Manager, Fifa… j'ai découvert différents joueurs, que je vois aujourd'hui dans des grands clubs. Et je me dis 'ah lui il jouait là avant !'. Et c'est comme ça que tu commences…"

Partager sa passion

Quand il débarque sur Twitter en 2019, alors qu'il occupe son premier job après ses études de finances, des comptes comme ceux de Mickael, il en existe très peu. En tout cas parmi les Twittos francophones. Les abonnés grimpent vite. Aujourd'hui, c'est différent. En suivant l'exemple de leurs aînés, de nombreux passionnés, un poil plus jeunes, n'hésitent plus à se lancer pour partager leur passion et leurs connaissances.
À l'image d'Alex. À 23 ans, depuis la banlieue bruxelloise, il anime le compte @AlexScoutRo, 2200 abonnés. Etudiant en économie, peu stimulé par les bancs de l'école, il décide en juin 2021, profitant du temps libre donné par le Covid, de se lancer sur Twitter. Avant ça, il suivait déjà quelques comptes de scouts mais ne goûtait pas encore au partage de ses analyses.
Agréblement surpris par Twitter
Né en Roumanie, avant le grand déménagement en Belgique à ses cinq ans, il garde un "lien affectif avec le football roumain". Alors quand il débarque sur les réseaux il y a un an, se spécialiser dans le foot du pays de Gheorghe Hagi est une évidence. "C'était une manière de me démarquer, explique celui qui jongle entre les casquettes de joueur, éducateur et scout amateur. Ça ne m'intéressait pas de parler des championnats et des joueurs dont tout le monde parle déjà. En Roumanie il n'y avait personne sur le créneau (rires)". Amateur de football roumain presque par nature, il saisit l'occasion de capitaliser sur ses connaissances.
"J'ai été agréablement surpris par Twitter, se souvient le Bruxellois. Parfois tu peux faire des posts intéressants dans le vent, mais sur un Tweet, une fois dans la semaine ou le mois, ça peut attirer du monde". Et qui suit le football de près et a un compte Twitter sait pertinemment que la communauté des amateurs de ballon rond est aussi large qu'active. "Les gens te posent des questions, s'intéressent à toi…" poursuit-il. Particulièrement dernièrement, quand Nice a signé un jeune Roumain prometteur, Rares Ilie, en provenance du Rapid Bucarest, "les supporters niçois sont venus aux renseignements" se réjouit-il. Les périodes de mercato et les rumeurs de transferts se transforment alors en pain béni.
Au lieu de regarder des séries, je regarde des matches
Les débuts ont beau être amateurs, la tâche est chronophage. Alex, pourtant encore jeune dans le milieu, y consacre déjà une belle partie de son temps libre. Il travaille de manière "instinctive", écume les sites de streaming illégaux, découpe les bouts de matches intéressants en enregistrant l'écran de son ordinateur et complète sa petite liste de joueurs dont il boucle les analyses. En gros, quand il n'étudie pas ou ne joue pas au foot, "au lieu de regarder des séries Netflix, je regarde des matches" s'amuse le novice, qui assume devoir "encore apprendre beaucoup sur la méthodologie du suivi d'un match, de l'écriture d'un rapport…".
Mickael, lui, a un peu plus de bouteille. Il a développé une véritable méthodologie pour construire sa base de données, bâtie sur la grosse centaine de matches visionnés tous les mois. "Je garde une trace écrite de tout ce que je regarde, explique le néo-scout. Une partie sur les joueurs avec le nom, club, poste, pied fort, point fort, une note, l'aspect tactique et commentaire personnel." Le tout, histoire de pouvoir naviguer et piocher des infos parmi les milliers de joueurs observés. Ensuite vient la répartition des observations par compétition. "Ça me permet de faire un petit bilan, une fois la compétition terminée, dont je partage une petite partie sur les réseaux". Pourquoi ne pas tout partager ? Simplement parce que grâce à Twitter, Mickael vit de sa passion.

De scout amateur à scout professionnel

S'il s'est lancé au départ dans une optique de partage, Mycki El_Scout a vite pris contact avec des professionnels du milieu du football via les réseaux sociaux. Ces derniers l'approchaient pour commenter son travail, lui poser des questions, échanger à propos d'un joueur… "Quand un professionnel te félicite et te dit de ne pas lâcher, tu commences à te dire 'et pourquoi pas ?', tu as déjà sacrifié tellement de temps".
À mesure que les contacts se nouent et que les followers s'amassent, l'idée de payer le loyer grâce à son travail de scout fait son chemin. Jusqu'au jour où Mickael rencontre la bonne personne au bon moment. Un professionnel qui suivait son travail l'a mis en contact avec un agent à la recherche d'un coup de main pour ratisser les championnats du monde entier. "J'ai eu un entretien et désormais je bosse avec lui en tant que scout, sourit l'intéressé. Soit je cherche des joueurs et je les lui propose, soit en période de mercato, quand des clubs cherchent des joueurs, je leur communique des profils qui correspondent".
Alex n'en est pas encore là, mais le passage du football roumain au peigne fin semble proche de porter ses fruits. "J'ai été contacté par le directeur du recrutement du club d'Uta Arad (D1 roumaine), confie-t-il. En Roumanie, il y a très peu de cellules de recrutement et ce gars veut en créer une, recruter du personnel et le former". Et donc par extension le former. Ironiquement, "c'est arrivé à un moment où je me disais que je mettais beaucoup de temps dans cette passion et qu'il fallait peut-être se calmer", s'esclaffe Alex.
Ce travail serait rémunéré via des pourcentages sur des achats et des ventes, pas de quoi remplir l'assiette, mais assez pour mettre un pied à l'étrier. À terme, un job de scout serait le "rêve ultime" pour le Bruxellois. Idem chez Mickael, qui rêve "d'intégrer un club, une structure professionnelle et être pleinement investi dedans", à l'image d'autres qui y sont parvenus avant eux, comme Enzo Djebali (@EnzoDjebali) au Stade de Reims. Des objectifs ambitieux, mais atteignables. En attendant, ils ont un match de deuxième division bulgare à analyser.
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