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"Entre Linkedin et Tinder" : Footsider, l'appli adoubée par Ronaldinho

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 02/01/2024 à 12:00 GMT+1

C'est un projet qui a immédiatement séduit Ronaldinho, au point que le Brésilien a rapidement décidé d'en devenir l'un des associés. Lancée en janvier 2023, l'application "Footsider" a connu un large succès au courant de l'année, franchissant même la barre des 100.000 utilisateurs. Son but ? Mettre en relation les joueurs et les clubs de football, qu'importe les divisions.

Ronaldinho en 2021 à Paris

Crédit: Getty Images

C'est un fléau qui gangrène le football depuis bien des années. Derrière les paillettes du très haut niveau, des coulisses parfois plus sombres, avec des joueurs laissés sur la touche et souvent abandonnés à eux-mêmes. Ou encore des jeunes promesses, à qui certains clubs décident de dire "au revoir et merci" après des années de formation. Et bonne chance pour la suite. Alors, pour tenter de remédier à tout ça, une application a vu le jour en janvier dernier.
Son nom ? Footsider. Ses objectifs ? "C'est une application qui met en relation les joueurs et clubs, professionnels comme amateurs, explique Rihane Mouhib, co-fondateur de l'application. L'objectif, c'est d'aider tous les joueurs, qu'importe la division, à trouver des opportunités près de chez soi. Par exemple, un joueur de départementale qui cherche un club de Régionale 3. Ou un joueur en R1 qui cherche un club de N3 ou N2. L'autre objectif concerne les jeunes joueurs qui viennent du milieu amateur mais qui n'ont jamais pu intégrer ou faire des essais dans des clubs professionnels. Il y a donc le volet où on veut contribuer au développement du football amateur. Un étudiant sur Bordeaux veut aller à Toulouse ? Le problème, c'est qu'il ne connaît pas les clubs sur place. Avec l'application, il va émettre une opportunité et les clubs vont recevoir la notification. Nous sommes un mélange entre LinkedIn et Tinder."
Mais l'inverse est aussi valable. En effet, pour les clubs, l’application permet de simplifier le recrutement, de publier des annonces et d’avoir accès gratuitement à une base de données qualifiée de joueurs, afin d’organiser des essais ou des détections. "Par exemple, on a un club qui nous a dit : 'pour observer une centaine de joueurs, il nous faut au moins un an'. Là, c'est instantané et rapide. Le club organise la détection et peut observer les joueurs sur une journée. Nous sommes facilitateurs de recrutement pour les clubs et d'opportunités pour les joueurs, c'est aussi simple que ça". Et le succès est au rendez-vous, puisque "Footsider" compte un peu plus de 100.000 utilisateurs à moins d'un an de son lancement en janvier 2023. Et 200.000 followers sur les réseaux sociaux.
"Nous sommes très contents, assure Rihane Mouhib. Nous avons été invités à la French Tech de Bordeaux, où nous avons été classés dans les dix start-up les plus prometteuses. Pour l'instant, on veut se développer sur le marché français. Les joueurs sont sur l'application, les clubs viennent. On a fermé, pour l'instant, l'accès aux autres pays." Afin de se développer dans l'Hexagone, des partenariats sont également signés avec certains clubs (Goal FC, Saragosse, Sochaux...). L'un des derniers en date, celui avec le Stade Lavallois, actuel leader de Ligue 2.
"On fait un gros travail, poursuit notre interlocuteur. Aujourd'hui, les clubs professionnels ont parfois une problématique sur tous les jeunes joueurs qui ne sont pas conservés au centre de formation. C'est une vraie problématique. Certains parents nous ont dit : 'mon fils a fait six ans dans tel ou tel centre, et ils ont mis trois minutes pour le virer'. C'est très violent. Ainsi, nous avons décidé d'accompagner tous les joueurs qui ne sont pas conservés par Laval pour une année. Le club peut ainsi prévenir ses joueurs en amont quant à cet accompagnement, ce qui permet de moins appréhender un éventuel départ."
Ronaldinho nous a dit que certains de ses amis étaient passés entre les mailles du filet
Côté investisseurs, Footsider a frappé fort. Si Yacine Brahimi, lui, est à l'origine de ce projet, l'ancien joueur du Stade Rennais et Porto a rapidement été rejoint par... Ronaldinho. Rien que ça. "On voulait avoir quelqu'un de connu sur l'application, confie Rihane Mouhib. Et nous avons eu la chance d'avoir un rendez-vous avec lui et son frère. Juste avant, on nous a dit : "vous avez 30 minutes". La vraie pression (rires). Ce qui est dingue, c'est que je ne pensais pas que ces gens-là étaient autant amoureux du football. Ils sont passionnés. On a passé 2h30 à parler de football. A la base, on voulait que Ronaldinho soit ambassadeur. Mais lui et son frère ont répondu qu'ils voulaient être associés. C'était l'un des plus beaux jours de ma vie. C'était dingue. Ronaldinho nous a dit que lui aussi avait des amis, parfois plus forts que lui, passés entre les mailles du filet. Et qu'ils n'avaient pas eu cette chance d'avoir une application pouvant permettre de se remettre en selle pour retrouver un club. Brahimi, Mahrez, Bennacer... Tout le monde nous a tenu le même discours."
Au total, Brahimi et Ronaldinho ont investi 1,3 millions d'euros dans le projet Footsider. De quoi permettre une structuration plutôt rapide, avec une dizaine de salariés répartis dans trois bureaux (Paris, Bordeaux et Marseille) et des partenariats avec certaines écoles, dont la prestigieuse Kedge Business School. Si les deux objectifs primaires demeurent un développement rapide en France et en Europe, trois autres marchés sont visés : l'Afrique, l'Amérique du Sud et les Etats-Unis. Dans ce but, une levée de fonds est en cours, avec de multiples rencontres au programme et un tri successif à effectuer. Une fois cette étape passée, l'international sera visé.

Un "titi" du PSG débarque à une détection

Mais revenons au terrain. Pour faciliter certaines rencontres, Footsider organise des évènements liés justement à la détection. D'un côté, les "scouting day", destinés aux clubs professionnels, et de l'autre les "matching day", uniquement pour ceux amateurs, qui effectuent généralement leur marché directement sur l'application. "Grâce aux 'scouting day', organisés deux fois par an et avec des présélections en amont, certains joueurs sont partis faire des essais dans des clubs professionnels français, espagnols ou encore italiens, se remémore Mouhib. Pour l'occasion, on avait invité plusieurs équipes étrangères. Résultat, des essais au Rayo Vallecano, à Saragosse, à la Fiorentina, Torino, Vicenza, Lens, Paris FC, Bordeaux... On a deux joueurs qui ont signé. Il y eu Benjamin Idaro, qui avait été viré du centre des Girondins il y a un peu plus de deux ans, qui a eu trois essais concluants à Bologne, Vicenza et au Torino. Et il a choisi Bologne. C'est fou, car il ne jouait même pas dans son club amateur à Bordeaux. Le gamin était plus ou moins en dépression, il était dégoûté. Le club n'avait pas identifié ça. Le jour où il s'est présenté à notre détection, il nous a dit : "je repars avec un club". C'était magnifique. Il était tellement déterminé..."
Lancer une carrière, parfois en relancer une autre. L'application a de multiples fonctions. "Qui peuvent être sociales, aussi, précise le co-fondateur de Footsider. Par exemple, nous avions un joueur qui venait de Fleury, un club amateur. Il a fait un super effet. Lens le voulait, la Fiorentina et un club allemand aussi. Il a finalement signé au Paris FC pour une raison de proximité. Un autre exemple sur Bordeaux, avec un joueur né en 2007. Il n'a plus de papa, seulement sa maman. Ses deux frères étaient à ses côtés, sauf qu'ils ont terminé en prison. Lui a dégringolé, a pris dix kilos et a été viré du centre de formation. Un joueur des Girondins décide de nous contacter pour nous le présenter. Il s'est mis sur l'application, avant de faire quelques essais. Résultat, il a retrouvé un club près de chez lui et suit également un accompagnement scolaire. Je ne sais pas s'il deviendra professionnel, mais je pense qu'il serait parti en vrille sans tout ça."
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Le logo des Girondins de Bordeaux.

Crédit: Getty Images

Ancien "titi" du PSG, Yanis Saidani a lui aussi bénéficié de "Footsider". Laissé libre par le club de la capitale au terme de l'exercice 2020-2021 après sept saisons, celui qui était passé par toutes les catégories de jeunes et s’entraînait régulièrement avec les pros, au point d'être convoqué par Mauricio Pochettino un soir de quart de finale de Ligue des champions face au Bayern Munich, est parvenu à trouver un rebond. "Le 24 février, il débarque à notre détection, raconte Rihane Mouhib. On avait vu son nom dans les inscriptions, mais sans vraiment percuter. Le jour J, il nous dit que le PSG a décidé de ne pas le conserver. Maintenant, Yanis évolue du côté de Suresnes. Des exemples comme celui-là, il y en a tellement..."
Ce vendredi, une grande journée de détection exclusivement réservée aux féminines et gratuite est également organisée, avec une centaine de joueuses entre 14 et 30 ans attendues et plusieurs clubs français et étrangers présents. "Une première en France, qui témoigne de la volonté de Footsider de s’impliquer concrètement dans le football féminin", précise le communiqué. "Concernant le suivi des joueurs et joueuses, nous avons Sami, notre manager-joueur, qui s'en charge, se félite Mouhib. Il a deux téléphones pour tout gérer. De plus, sur l'application, nous avons des vidéos en guise de tutos pour donner et délivrer des conseils aux utilisateurs. Nous avons l'ancien arbitre Amaury Delerue, l'ancien directeur du centre de formation Nasser Larguet, les anciens joueurs Nicolas Anelka et Giannelli Imbula. C'est important pour prévenir et guider sur la marche à suivre, les erreurs à ne pas commettre. Footsider, c'est aussi ça."
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