Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Mondial 2014, barrages : Pourquoi Cristiano a peur des Bleus

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 13/12/2013 à 10:56 GMT+1

Cristiano Ronaldo a déclaré vouloir éviter la France en barrages "pour plusieurs raisons". Sans en dire davantage. Nicolas Vilas vous explique lesquelles.

FOOTBALL 2013 Portugal - Cristiano Ronaldo

Crédit: Panoramic

Vendredi soir, Cristiano Ronaldo était amer. En offrant le nul à Israël (1-1), le capitão de la Seleção espérait gâter le public lisboète pour son retour à sa casa d’Alvalade. Le Portugal s’est quasiment condamné à passer par les barrages pour espérer se payer une virée au Brésil. Et en play-offs, CR7 ne veut surtout pas croiser l'équipe de France. "Théoriquement la sélection la plus forte est la France", a-t-il déclaré avant de (se) lâcher : "Il peut y avoir beaucoup d’intérêts autour de ce match, c’est pour ça que c’est une possibilité que j’écarte. S’il y a une sélection que je n’aimerais pas affronter c’est la France, pour plusieurs raisons… Je ne peux pas en dire plus sinon je risque d’être sanctionné…" Ne pensez pas que la décla de la star Merengue n’est animée que par le désir de provoquer. Les Bleus sont la bête noire de l’équipe des Quinas. Et cela, comme le dit son meneur, "pour plusieurs raisons".

Le Portugal perd "toujours" et tragiquement contre la France

Depuis qu’il est né, Cristiano Ronaldo (28 ans) n’a jamais vu son Portugal s’imposer face à la France. Le dernier succès de la Seleção sur les Bleus remonte au 26 avril 1975. Le sélectionneur Paulo Bento – qui s’apprêtait alors à fêter ses six ans - doit à peine s’en souvenir. En 22 confrontations, les Portugais ne comptent que cinq victoires, contre seize défaites… En compétitions officielles, le bilan est sans appel : 3-0 pour la France. Des épisodes tragiques qui ont bouleversé les supporters lusitaniens. Demi-finale de l’Euro 84. Les deux nations se tiennent tête et poussent le duel en prolongation (1-1). Jordão enfile un deuxième pion et donne l’avantage aux siens (98e). Domergue va rétorquer (114e) avant que Platini ne fasse chavirer le Vélodrome, dans le sprint final (119e). 3-2 après prolongation. Le latéral gauche de la Seleção d’alors, Alvaro Magalhães, ne peut l’oublier : "Tout le monde se souvient de cette rencontre qui génère une grande frustration chez les Portugais."
En 2000, nouvel Euro et nouvelle demi-finale. Dénouement à l’ancienne. Thierry Henry (51e) répond à Nuno Gomes (19e) et envoit le match en prolong. Abel Xavier dévie un centre de Wiltord de la main, dans sa surface de réparation. Irréparable. Et imparable Zidane. Toute une génération de Portugais a grandi avec ce doute : y avait-il main ou pas du défenseur décoloré ? L’intéressé donnera raison à l’arbitre (Mr Benkö)… bien des années plus tard. Pour le Mondial 2006, peu de choses ont changé. Cette fois-ci, le supplice n’ira pas au-delà des 90 minutes mais le héros est toujours le 10… ou l’arbitre, selon. Jorge Larrionda sanctionne Ricardo Carvalho pour une faute sur Thierry Henry et indiqué le point de pénalty. Zizou vient de mettre fin à la carrière internationale de son pote Figo sur un péno.

La peur d’être "volé"

Comme partout où le ballon roule (partout dans le monde, donc), les décisions arbitrales font jaser. Celles qui concernent le Portugal ont su justifier leur paranoïa. Larrionda – l’officiel de la demi-finale du Mondial de 2006 – est un corrompu. Quatre ans auparavant, il avait été exclu de la Coupe du monde et suspendu six mois par la FIFA pour des "irrégularités" dans l’exercice de ses fonctions dans son pays. Et puis, c’est un arbitre français qui a privé le Portugal d'un participation à la Coupe de Monde 1998. 6 septembre 1997. Le Portugal tient sa qualif face à l’Allemagne en menant 1-0. Rui Costa s’apprête à céder sa place à Sérgio Conceição en marchant. Marc Batta n’apprécie pas sa nonchalance et lui fait manger un deuxième jaune. A dix, les Portugais vont craquer en toute fin de rencontre… Batta demeure l’un des Français les plus connus au Portugal, depuis ce jour. Il cristallise la méfiance des lusophiles à l’égard des institutions dirigeantes.
Platini, bourreau de 1984 et actuel président de l’UEFA n’est pas le plus grand fan de Cristiano Ronaldo. Il a critiqué le prix de son transfert vers le Real en (s’)estimant : "S’il a coûté 92 millions d’euros, moi, à 23 ans, j’en valais 93 !" Quelques piques plus tard, les tensions se sont accentuées. CR7 n’était pas présent au gala du joueur UEFA de l’année, fin août dernier. Et Platoche ne l’aurait pas du tout digéré. Le Portugais avait pourtant une excuse : son employeur disputait un tournoi amical le jour-même. Mais le patron de l’UEFA aurait voulu qu’il assiste à la remise du trophée à Franck Ribéry. Et ça, Cristiano et pas mal de ses suiveurs, le perçoivent comme la preuve du bon fonctionnement du lobby français.
picture

FOOTBALL 2009 Platini et Cristiano Ronaldo

Crédit: Panoramic

Un complexe d’infériorité

Autant d’histoires, d’excuses (bonnes ou pas) ne sauraient dissimuler le réel complexe d’infériorité nourrit par une grande partie des Portugais à l’égard de la France. Le palmarès du Portugal demeure tristement vierge, au très haut niveau. Durant de longues années, les supporters lusitaniens ont boudé leur équipe nationale et basculer leur passion sur leurs clubs qui, eux, savent briller. Ce même clubisme qui a gangréné la Seleção durant des décennies. La "génération dorée" championne du monde juniors 1989 et 1991 devait confirmer au top. Elle échouera en finale de son Euro (2004), là où l'équipe de France explosait pour son Mondial. En France, le Portugal aurait été comme à la maison. Mais il butta sur Batta.
La belle et riche terre française suscite l’admiration voire la salvation pour nombre de Portugais fatalement confrontés aux récurrentes crises tantôt politiques, tantôt économiques, bientôt les deux… Au Portugal, le football est bien plus qu’un jeu. Et Cristiano bien plus qu’un pousseur de ballons. Une victoire sur l’équipe de France ne serait pas sentie comme la simple rupture d’une malédiction par le peuple portugais mais aussi  comme une forme de justice. Le désamour a changé de pays. La victoire, elle, se fait encore attendre…
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité