Fernando Alonso et Kimi Räikkönen mieux que Sebastian Vettel mais encore loin d'Alain Prost

Fernando Alonso pilotera la deuxième fois seulement avec un champion du monde en 2014, chez Ferrari. Il a eu Flavio Briatore pour manager chez Renault, et à ce titre a toujours bénéficié d'un statut protégé de numéro un. En choisissant McLaren en 2007, dans le dos de l'Italien, il a vu avec Lewis Hamilton (sacré en 2008) à quel point partager pouvait poser problème. Retourné tranquillement chez Renault, il a ensuite obtenu chez Ferrari d'être le préféré, avec Felipe Massa en lieutenant dévoué. Il n'accueille peut-être pas Kimi Räikkönen de gaîté de cœur mais ce challenge va donner un certain éclat à sa carrière et "vendre" fabuleusement la saison 2014.

Pour Kimi Räikkönen, 2014 marquera sa première comparaison directe avec un champion du monde, aussi incroyable que cela puisse paraitre. Ce n'est pas vraiment de sa faute : David Coulthard, déjà laminé par Mika Häkkinen, n'était pas à la hauteur du challenge chez McLaren, et le prometteur tandem qu'il forma avec Juan Pablo Montoya en 2005 et 2006 a tourné court, le Colombien ayant explosé en plein vol. Il a réalisé chez Ferrari ce que Felipe Massa n'est pas parvenu à faire : être champion (2007). Ayant éclipsé le débutant Romain Grosjean chez Lotus, il voulait rejoindre Sebastian Vettel chez Red Bull. Le marché l'a fininalemt conduit à revenir chez Ferrari, où Fernando Alonso est bien installé. Une sacrée preuve de caractère.

On a malheureusement trop retenu le refus d'Alain Prost de cohabiter à nouveau avec Ayrton Senna chez Williams, en 1993. A 38 ans, il souhaitait une fin de carrière sans polémiques et encore moins guerre ouverte avec le Brésilien. Néanmoins, le Français, quadruplement titré, a bien montré pendant toute sa vie de pilote qu'il n'avait pas de problèmes à se confronter aux calibres de sa trempe, en l'occurrence Niki Lauda en 1984 et en 1985, Keke Rosberg en 1986 et Ayrton Senna en 1988 et 1989 chez McLaren. Avant de rejoindre en 1990 Ferrari, où officiait Nigel Mansell. Aiguillon de Jean Alesi en 1991, il a retrouvé après une saison sabbatique le futur champion du monde, Damon Hill, chez Williams en 1993.

L'Italien a exercé à une époque où les écuries pouvaient aligner trois ou quatre titulaires. Il a été champion en 1950 et a accompli ses quatre saisons complètes en Mondial au contact d'un champion du monde, chez Ferrari : Juan Manuel Fangio en 1950 et 1951, et Alberto Ascari en 1952 et 1953.

Le Londonien, roi des saisons 1962 et 1968, a consenti une rivalité chez BRM avec l'étoile montante Jackie Stewart en 1965 et 1966, puis chez Lotus avec Jim Clark en 1967 et Jochen Rindt en 1969.

Le Britannique a formé un duo flamboyant avec Keke Rosberg chez Williams en 1985 avant de connaître des problèmes relationnels avec Nelson Piquet en 1986 et 1987. Il a vu débarquer Alain Prost chez Ferrari en 1990 et, dépassé par les intrigues de Maranello, a choisi en 1991 de retourner chez Williams où Riccardo Patrese ne lui a jamais fait d'ombre. Ce qui lui a permis de conquérir en 1992 un titre qu'il méritait depuis longtemps. Il aurait poursuivi en 1993 si le Français n'avait débarqué sans prévenir. Ce qui a privé la F1 d'un somptueux duel…

Le Britannique a prouvé sa valeur en dominant Jacques Villeneuve (champion 1997) chez BAR en 2003 avant de souffrir un peu plus au contact de Lewis Hamilton chez McLaren pendant de 2010 à 2012. Toujours fair play et prêt au défi. Il a exploré la piste Ferrari 2014 mais son duel avec Alonso, à qui il a fait de la place chez Renault en 2003, n'aura sans doute jamais lieu.

L'Anglais a surpris son monde et spécialement son collègue Fernando Alonso dès ses débuts en F1 chez McLaren en 2007, où l'association a tourné au vinaigre. Son tandem avec Jenson Button pendant trois ans n'a pas fait rêver autant que celle constituée par Alain Prost et Ayrton Senna mais elle tient une bonne place dans l'histoire de l'écurie. Souhaitant changer d'air en 2013, Lewis Hamilton a sondé Red Bull, qui a redouté ne pouvoir gérer son tandem avec Sebastian Vettel. Chez Mercedes, il n'a pas demandé de statut spécial.

L'inventaire comprend Jack Brabham, Denny Hulme, Jochen Rindt, Niki Lauda, Nelson Piquet et Keke Rosberg. Jack Brabham avait du panache : patron de son écurie et en même temps pilote, il a fait équipe de 1966 à 1968 avec Denny Hulme, consacré sur une Brabham en 1967.

Figurent sur cette liste Alberto Ascari, Juan Manuel Fangio, Jackie Stewart, Emerson Fittipaldi, Ayrton Senna, Damon Hill et Jacques Villeneuve. Le cas d'Ayrton Senna est intéressant : c'est en constatant la quasi impossibilité de faire cohabiter deux champions (en l'occurence Senna et Prost) que Ron Dennis, le patron de McLaren, a ensuite décidé d'associer sa star brésilienne à un pilote numéro 2, Gerhard Berger. Cette vision de la gestion d'une équipe a été reprise par Briatore pour Alonso chez Renault, par Todt pour Schumacher chez Ferrari, et Marko pour Vettel chez Red Bull.

Ils sont trois à présenter cette caractéristique dans l'histoire de la F1 : Michael Schumacher, Mika Häkkinen et Sebastian Vettel.

Michael Schumacher, sept fois titré (94, 95, 2000-2004), a en fait côtoyé le triple couronné Nelson Piquet à son arrivée chez Benetton fin 1991, pendant 5 grands prix. Ayant précipité la retraite du Brésilien, il a bénéficié d'un statut de pilote numéro un de 1992 à 1995 à l'initiative de son patron, Flavio Briatore, avant de connaître le même traitement de faveur chez Ferrari de 1996 à 2006, aux bons soins de Jean Todt. Eddie Irvine (1996-1999), Rubens Barrichello (2000-2005) puis Felipe Massa (2006) ont été pour lui des soutiens quasi infaillibles. Lorsqu'il a décidé de revenir à la compétition en 2010, Mercedes avait déjà signé Nico Rosberg. Le jeune allemand remportera peut-être un titre un jour, ce qui changera forcément un peu la lecture de sa fin de carrière, réalisée de toute façon au contact d'un grand espoir.

Titularisé chez Lotus avec Johnny Herbet (1992), Mika Häkkinen a essentiellement connu David Coulthard comme coéquipier chez McLaren (1996-2001).

Sebastian Vettel a fait sa première saison complète chez Toro Rosso en 2008 aux côtés de Sébastien Bourdais avant de rejoindre Red Bull, où il n'a connu que Mark Webber dans son voisinage. "Baby Schumi" a indiqué qu'il était prêt à accueillir n'importe qui en 2014 mais l'échec des négociations avec Lewis Hamilton courant 2012 et des discussions avec Kimi Räikkönen cette saison suggèrent fortement que le recruteur Helmut Marko ne souhaite pas lui opposer une concurrence interne trop vive. On ignore à quel point Daniel Ricciardo (Toro Rosso) peut progresser mais il ne devrait pas lui faire de l'ombre en 2014. Bref, Vettel se mettra véritablement en danger le jour où il quittera Red Bull.

Phill Hill (1961), James Hunt (1976), Mario Andretti (1978), Jody Scheckter (1979) et Alan Jones (1980).