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L'intelligence artificielle testée à Abu Dhabi pour en finir avec les problèmes de limite de piste

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 25/11/2023 à 10:39 GMT+1

Les inextricables problèmes de jugement des limites de piste rencontrés à Spielberg et à Austin cette année, et avec elles tous les cas restés en suspens, ne seront peut-être bientôt plus qu'un mauvais souvenir. La FIA expérimente ce week-end au Grand Prix d'Abu Dhabi un logiciel utilisant l'intelligence artificielle pour trancher plus rapidement les cas litigieux.

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Les pilotes ne sont pas les seuls excédés par les problèmes de perception des limites de piste. Assis dans une position aveugle dans leur cockpits, nombre d'entre eux ont été déconcertés cette saison par les avertissements et sanctions infligées ; ou non, d'ailleurs. On les croyait seuls face au dilemme de la sanction, mais la Fédération internationale de l'automobile ne l'était pas moins devant la multiplication des cas difficiles à juger, et finalement nuisibles à sa réputation, et par-delà celle du sport.
Rien que lors du Grand Prix d'Autriche, en juillet, pas moins de 1200 situations litigieuses ont été dénombrées. Six pilotes seulement ont été pénalisés, faute de temps pour s'occuper de tous. Les commissaires de la FIA ont souffert de cette distorsion et des critiques qui en ont résulté. La Formule 1 y a même perdu ses nerfs quand son président, Ben Sulayem, a soutenu les directeurs d'équipe offusqués, estimant lui aussi que Spielberg devrait régler son problème ou disparaître du calendrier.
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L'IA utilisée comme un filtre

Il n'a fallu atteindre que quelques mois pour atteindre le point de non-retour, à Austin, où Haas a remis en cause le résultat du Grand Prix des Etats-Unis d'Amérique, arguant que de multiples infractions avaient été ignorées au virage n°6. La FIA l'a débouté et expliqué lors de la manche suivante, à Mexico, que les caméras de surveillance placées dans fameuse courbe ne permettaient pas d'établir la position d'une monoplace vis-à-vis de la piste avec certitude. Et qu'en conséquences elle n'avait traité aucun litige… Sur la question de la gouvernance d'une discipline d'élite, on a vu mieux.
En fait, Haas avait été bien naïve car les pilotes qu'elle avait incriminés avaient été avertis par leurs équipes au préalable de l'incapacité des fédéraux à juger les limites de piste à l'endroit précis. Le problème devenu véritablement toxique pour tous, il fallait avancer et chacun a fait un effort : les directeurs d'équipe ont arrêté de dramatiser à outrance et la FIA a mis en place une expérimentation lors de la dernière manche du Mondial, à Abu Dhabi. De quoi s'agit-il ? Ni plus ni moins que le recours à l'intelligence artificielle (IA) pour filtrer les situations épineuses, couplée à l'augmentation des moyens humains en place dans la cellule de visionnage de la FIA (le Centre d'opération à distance ou ROC), à Genève.
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80% des cas traités instantanément

Concrètement, la FIA s'appuie sur un logiciel informatique qui dissèque les images des monoplaces dans les différents virages litigieux et apprend à reconnaître chaque situation et les interpréter. Elle ne compte pas obtenir des résultats immédiats car, selon l'intelligence artificielle a pour principe d'apprendre au fur et à mesure pour affiner ses analyses et rendre ses verdicts plus pertinents.
Interrogé par motorsport.com, Tim Malyon, directeur du ROC, précise que l'intelligence artificielle doit rester une aide à la décision, agir comme un filtre. Elle est là pour opérer un premier tri visant à réduire le nombre de cas réellement délicats. Pour illustrer son propos, il fait référence à ce que l'IA réussir très bien dans le monde médical : dans les dépistages de cancer, elle est capable de déterminer à partir des images que 80% des cas n'en sont pas, sans se tromper. C'est autant de temps de gagné pour l'humain, qui peut se concentrer sur les 20% plus difficiles à juger.

Un doute certain

Et pour Tim Malyon, une autre chose est claire pour juger la position d'une voiture par rapport à une ligne blanche : l'œil humain sera toujours plus pertinent qu'un positionnement GPS ou un capteur posé sur le circuit. A partir de là, il espère réduire de 800 à 50 les signalements suspects.
Néanmoins, l'IA ne va pas tout régler et le Centre d'opération à distance de Genève va être renforcé. L'effectif de la cellule va passer de quatre à huit personnes et les capacités d'analyse vont être doublées. Mais comme rien n'est parfait, il restera toujours une place au doute, une incapacité à trancher. "La règle générale est que s'il y a une incertitude, le pilote a le bénéfice du doute", précise-t-il à nos confrères.
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