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Départs à Maranello, pénalité et doute pour Leclerc : Ferrari déjà en pleine turbulence

Stéphane Vrignaud

Publié 16/03/2023 à 23:29 GMT+1

GRAND PRIX D'ARABIE SAOUDITE - La première manche du Mondial a fait des dégâts chez Ferrari, et pas seulement sur la piste. Outre la pénalité de 10 places déjà officialisée pour Charles Leclerc ce week-end à Djeddah, la Scuderia est fragilisée par un départ de poids et des rumeurs qui ne paraissent plus en finir. Une chose est sûre, le directeur d'équipe Frédéric Vasseur est sous pression.

Le vent tourne pour Leclerc : "Ferrari refait l'histoire… à l'envers"

Frédéric Vasseur a été beaucoup comparé à son glorieux prédécesseur français au poste de directeur de la Scuderia Ferrari, Jean Todt, mais ils ont finalement peu de choses en commun. L'ex-patron d'Alfa Romeo, arrivé à Maranello le 9 janvier, reconnaît volontiers que l'équipe italienne n'a rien de la friche technique que l'Auvergnat avait trouvé en 1993, avant d'en faire une machine à gagner avec Michael Schumacher dans les années 2000. En revanche, sur la piste, les Rouges sont encore loin du compte.
Jean Todt avait passé beaucoup de temps à remettre le Reparto Corse aux normes d'un top team, et Fred Vasseur se sentait jusque-là loin des défis affrontés par l'actuel président de la FIA. Sauf que les problèmes de fiabilité ont resurgi dès la première manche du Mondial, au Grand Prix de Bahreïn, et que le contrôle qualité - tout premier chantier ouvert par Jean Todt - est redevenu une priorité. A Sakhir, le V6 de Charles Leclerc s'est éteint d'un coup, sans explication.
Cet abandon a fait l'effet d'une double peine : installée avant la course, la deuxième centrale électronique allouée pour la saison a lâché et le recours à un troisième exemplaire, officialisé mercredi, entraînera une pénalité de dix places sur la grille du Grand Prix de ce week-end, en Arabie saoudite. Sans compter que le Monégasque a aussi roulé à Sakhir avec une deuxième batterie, qui reservira normalement plus tard dans la saison. Là encore, les Rouges jouent avec le feu car un maximum de deux accumulateurs est autorisé pour toute une saison.
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Charles Leclerc (Ferrari) au Grand Prix de Bahreïn 2023

Crédit: Eurosport

La soufflerie sans patron

Cependant, Fred Vasseur n'est pas au bout de ses peines. Il a promis à ses supérieurs, le président John Elkann et le directeur général Benedetto Vigna, une organisation plus efficace et un plan de développement agressif jusqu'à la fin de la saison ; celui-là même qui lui avait manqué l'an dernier face à Red Bull. L'agenda de Maranello va néanmoins être un peu plus difficile à respecter suite au départ de David Sanchez de son poste de directeur de la conception. Aérodynamicien de formation, le Français était apparemment en fin de contrat mais il va faire défaut dans un secteur clé.
Après des années à doper la Vmax de la "rossa", le bureau technique a en effet décidé de prioriser ses travaux sur la réduction de la traînée. Un défi, comme on l'a vu à Sakhir : dès les premières minutes, Charles Leclerc avait roulé avec un aileron arrière à mât unique se balançant de droite à gauche. Ce qui était passé pour une expérimentation hasardeuse ne l'était pas. La Scuderia a confirmé son intention de l'installer à terme sur sa monoplace…
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Charles Leclerc (Ferrari) au Grand Prix de Bahreïn 2023

Crédit: Getty Images

Mekies sollicité par Alpine ?

Partant après dix ans passés à Maranello, David Sanchez se serait laissé tenter par une offre de McLaren. Mais peut-être pas seulement. De l'autre côté des Alpes, la Gazzetta dello Sport avance qu'un climat lourd entre lui et son nouveau patron l'aurait incité à quitter le navire. Ce que Fred Vasseur a confirmé en creux, cette semaine, en admettant dans AutoHebdo : "c'est inévitable, il y a des gens qui étaient très proches de Mattia (Binotto) et qui préfèrent partir." Sans même parler d'un désaccord avec Charles Leclerc, avec lequel il avait eu une discussion animée lors des tests à Sakhir.
Néanmoins, David Sanchez aurait une brèche dangereuse à Maranello, qui bruisse de rumeurs autour d'une menace réelle d'hémorragie. Le nom du directeur technique, Enrico Cardile, est cité, et celui du directeur de la compétition, Laurent Mekies, également. Le site italien Formu1a.uno, généralement bien informé sur ce qu'il se passe en coulisses chez Ferrari, avance que le Français a reçu des offres d'Alpine, Liberty Media et de la Fédération internationale de l'automobile. "J'ai du mal à comprendre pourquoi l'écurie devient une cible après une course seulement", s'est étonné Fred Vasseur. Pour répondre à la théorie de la désunion à Maranello reprise par le Corriere della sera, le patron des Rouges a assuré qu'il ferait de Laurent Mekies un "pilier" de l'équipe. Il aurait pourtant restreint le périmètre d'intervention de l'ex-adjoint et remplaçant ponctuel au poste de team principal de Mattia Binotto, auquel il espérait succéder.
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Charles Leclerc, Laurent Mékies et Mattia Binotto (Ferrari) au Grand Prix de Bahreïn 2022

Crédit: Ferrari S.p.A.

Leclerc veut voir Elkann

C'est d'usage, les membres les plus en vue de toutes les équipes sont régulièrement sollicités dans cet environnement restreint et concurrentiel qu'est la Formule 1, mais cette cascade de rumeurs n'a rien de bon pour le climat de sérénité dont Ferrari a besoin. Même si on a l'impression qu'il y a plus un patron à bord que du temps de Mattia Binotto.
Dans cette situation qui se tend, Fred Vasseur martèle qu'il a le soutien de sa hiérarchie. "J'ai John (Elkann) et Benedetto (Vigna) tous les jours au téléphone et je sais ce qu'ils attendent de moi", a-t-il assuré dans L'Equipe, jeudi. Et là encore, si Charles Leclerc a demandé audience auprès John Elkann "pour discuter de la situation", l'ex-patron d'Alfa Romeo Racing ne se sent pas visé. "On s'est parlé avec les pilotes, John et Benedetto avant les essais d'intersaison, et on reparlera tous ensemble après Imola (19-21 mai). Ces rendez-vous sont planifiés", a-t-il rassuré.
Néanmoins, le patron des Rouges a provoqué le courroux de Benedetto Vigna en voyageant avec Toto Wolff pour se rendre à Bahreïn, et s'est entretenu avec son alter ego de Mercedes dans les dépendances allemandes après la qualification du premier Grand Prix 2023. Fred Vasseur est un ami de longue date du patron de Mercedes Motorsport, mais le DG de Ferrari a trouvé qu'il n'avait pas à afficher sa complicité avec l'Autrichien. Décidémentr, la fébrilité règne à Maranello.
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