Les enjeux du Grand Prix

Après le non-GP de Bahreïn, au scenario uniformisé par des pilotes attentistes et des équipes branchées sur la même stratégie, Melbourne doit remettre le spectacle au premier plan. Ce GP a souvent donné lieu à des courses échevelées, et l'on peut être confiant qu'il parvienne à remplir sa mission pour plusieurs raisons. D'un caractère semi-urbain, le tracé a plusieurs fois provoqué par le passé l'intervention de la safety car et bousculé les stratégies les mieux préparées. Par ailleurs, la météo a parfois joué un rôle prépondérant. Ce week-end, l'automne qui s'installe pourrait envoyer quelques ondées en fin d'après-midi. En comme l'an passé, la course démarrera à 17h00 locales pour s'achever au soleil couchant...

Le septuple champion du monde de 41 ans a reconnu jeudi que son retour au volant avait été plus laborieux que prévu. A Sakhir, il avait avoué être encore "rouillé" sur un tour, et son objectif sera de battre enfin son jeune coéquipier de Mercedes, Nico Rosberg. Content de son rythme en course, il avait quand même été battu sept fois dans les dix derniers tours à Sakhir par son compatriote. "Je ne suis pas non plus un magicien", a-t-il résumé. Et puis, sa W01 ne lui offre pas encore le grip espéré sur le train avant pour lui permettre de rentrer avec précision dans les virages. Patience...

Derrière les quatre grands, on pensait retrouver Renault à Bahreïn. Robert Kubica avait tenu son rang de "best of the rest" en qualif (9e) avant de ne pouvoir disputer ses chances en course, aveuglé par la fumée de la RBR6 de Mark Webber et heurté par la VJM03 d'Adrian Sutil. Le Polonais jure qu'il aurait pu décrocher une 7e place mais il a maintenant peur qu'on attendre trop de lui, trop vite. "Il me faudra encore deux courses, je pense, afin d’être vraiment clair sur la situation", explique-t-il, au sujet de l'exploitation de la R30. De quoi laisser une opportunité à Force India de rester devant, d'autant que la voiture indienne va rouler à Melbourne avec des ailerons avant et arrière revus.

Jamais un Australien n'a remporté son Grand Prix national. Il faut dire que l'épreuve a été créée en 1985 et que Mark Webber est sûrement l'Aussie matériellement le mieux armé depuis cette première. Reste à bien faire le travail… "Je n'ai pas été bon en Q3 et j'en ai payé le prix (6e sur la grille)", a-t-il reconnu jeudi. "Mais en course, la voiture m'a semblé fantastique. Nous avons l'opportunité de frapper un grand coup. Mais il faut pour cela que tout se passe parfaitement", a-t-il ajouté. Transparent également en course alors que son coéquipier Sebastian Vettel faisait une démonstration, le grand Mark doit se montrer sous son meilleur jour à Melbourne, où il avait réalisé un exploit en 2002 en obtenant la 5e place pour son premier GP, sur une Minardi. Il est par ailleurs en fin de contrat et Lewis Hamilton a parlé de lui comme d'un possible retraité. Il a démenti l'info mais le Britannique est peut-être mieux informé qu'on ne le pense…

Felipe Massa (Ferrari) n'a sans doute pas digéré de s'être fait subtiliser la 2e place, et finalement la victoire, par son nouveau coéquipier Fernando Alonso à Bahreïn. Le Brésilien avait été meilleur en vitesse pure, ce qui avait laissé l'Espagnol perplexe. En course, il avait cédé et même du ralentir, en proie à une surchauffe à bord de sa "rossa". Il sera aussi intéressant de voir le comportement de la F10 par des températures plus fraîches. Chez McLaren, Lewis Hamilton avait remporté le premier round. Le champion du monde 2008 n'est pas d'un optimisme forcené sur ses chances de répéter un podium. Quant au champion en titre Jenson Button, il devra peut-être surmonter une difficulté supplémentaire : faire chauffer ses pneus.

Confortable leader à Bahreïn, Sebastian Vettel avait du battre en retraite à cause d'un allumage défectueux au niveau d'une bougie de son V8 Renault. L'Allemand rêve de concrétiser. Et puis, il a tiré les enseignements de sa 2e place perdue dans les roues de Robert Kubica l'an passé, alors qu'il tentait de résister à la BMW en vue de l'arrivée.