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Pourquoi la Formule 1 devient une ligue fermée et doit faire passer Audi avant Andretti

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 10/06/2022 à 21:58 GMT+2

FORMULE 1 - La limitation des budgets en championnat du monde instaurée en 2021 a permis de surmonter la crise et a même rendu les dix équipes actuelles viables. Dans un modèle désormais consolidé, le promoteur de la F1 doit néanmoins choisir les candidats les plus solides. D'où la priorité qu'il semble donner à Audi plutôt qu'à Andretti. Explications.

Michael et Mario Andretti

Crédit: Getty Images

La prise de position de Stefano Domenicali sur la candidature de l'écurie Andretti est un peu passée inaperçue le 2 juin, et l'absence de réactions qui l'a suivie en a dit beaucoup sur le périmètre du sport que le promoteur du championnat et les dix écuries en place souhaitent définir pour les prochaines années. "Si quelqu'un veut venir, il faut qu'il soit vraiment important", avait prévenu le PDG italien de Formula Group, lors du forum "Le business de la F1", organisé par le Financial Times et Motorsport Network, à Monaco.
Stefano Domenicali avait repoussé d'une autre façon les avances de Michael Andretti, porteur du projet d'une nouvelle écurie US à l'horizon 2024, en expliquant que le plateau était revenu à un très bon niveau de profitabilité après une période de récession, qui avait failli emporter deux ou trois formations, parmi lesquelles l'historique McLaren. "Elles sont vraiment très solides. C'est une grande récompense pour elles. Elles ont investi sur nous, et à partir de là je pense que la communauté devrait être respectée", avait insisté l'Italien, ancien patron de la Scuderia Ferrari. En clair : pas question de faire entrer une 11e équipe, à moins de représenter une valeur ajoutée indéniable pour le sport.
Stefano Domenicali

Haas, le modèle à ne plus suivre

Bref, Michael Andretti avait été prié de remettre son projet dans ses cartons, malgré des discussions fructueuses avec la Fédération internationale de l'automobile et le motoriste Renault. L'ancien pilote a peut-être accusé le coup. Il n'a pas pris la parole sur cette fin de non-recevoir, alors que le temps presse pour lui.
Andretti est un nom qui compte dans le monde de la course automobile et Michael, fils de Mario, le champion du monde 1978, est prêt à mettre sur la table les 200 millions d'euros réclamés par les dix écuries du Mondial 2022 (20M€ pour chacune) au titre de la dilution des bénéfices du sport, afin de compenser l'entrée en lice d'une nouvelle équipe. Une sorte de péage pour les prétendants pas sérieux et un faux-semblant aussi, car si Andretti apporterait bien un dédommagement en 2024, le problème du manque à gagner lié au partage des revenus à 11 au lieu de 10 se présenterait en 2025.
Le fait est que les écuries ont traversé des moments difficiles en 2020 et 2021 à cause de la pandémie et elles ne sont plus disposées comme avant à faire rentrer une écurie comme Haas. Sept ans après son intégration au championnat du monde, celle-ci n'a pas progressé du point de vue opérationnel ni réellement gagné son indépendance : elle agit plus que jamais comme un satellite de Ferrari en lui sous-traitant le design et l'évolution de sa monoplace, en confiant la construction de son bolide à Dallara.
Michael Andretti lors des 500 miles d'Indianapolis le 26 mai 2019

Le choix d'Audi conditionnera l'avenir d'Andretti

En 2016, Haas avait été accueilli à bras ouvert par Bernie Ecclestone, l'ancien gestionnaire des droits commerciaux du sport, pour une raison très simple : Manor était proche de disparaître - ce qui fut effectif en fin de saison - et il fallait assurer un championnat du monde à 20 voitures en 2017 afin de respecter les accords passés avec les promoteurs de Grands Prix, qui paient le prix du plateau sur cette base.
Aujourd'hui, le propriétaire de la Formule 1 et les équipes jugent que le modèle de type Manor ou même Haas a fait long feu, et que la seule valeur additionnelle possible au championnat est celle d'un grand constructeur. Audi en l'occurrence, déclaré comme nouveau venu en F1 en 2026 par la voix du président du groupe Volkswagen, Herbert Diess, le 2 juin dernier.
En repoussant fermement pour l'instant les avances de Michael Andretti, Stefano Domenicali garde toutes les portes ouvertes pour Audi, qui n'a visiblement pas encore tranché entre le rachat d'une équipe existante - la Williams visiblement reste la seule possibilité - ou une création. En acceptant l'inscription d'Andretti en 2024, Formula Group s'exposerait en effet à faire du constructeur aux anneaux sa 12e équipe du championnat du monde en 2026, ce qui remettrait en question l'écosystème de la Formule 1…
Herbert Diess (Volkswagen)
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