La victoire de Vettel reste un exploit, mais elle risque de changer la donne chez Mercedes

L'image de Sebastian Vettel immortalisée avec le drapeau italien à sa descente de voiture a étrangement rappelé le triomphe de Fernando Alonso à Montmelo en 2013, où la Scuderia avait gagné pour la dernière fois. La façon dont l'Allemand a savouré son succès – en même temps que la Scuderia – a paru surjouée. Mais après tout, la victoire avait des allures d'exploit et elle servira d'anesthésiant aux prochaines déceptions infligées par des Mercedes qui restent la référence.

Les crises comme les sursauts, rien ne saurait être dans la norme au sein de la Scuderia. Par principe. Mais le nouveau patron, Maurizio Arrivebene, spectateur privilégié de la splendeur de Michael Schumacher, a certainement eu raison de remettre ce petit monde "les pieds sur terre". Il sait que ce résultat revient pour beaucoup à son prédécesseur, qui a laissé le directeur technique James Allison garder ses prérogatives et son périmètre. Qu'il aurait dû réaliser un gros travail de fond pour parvenir à la cohésion de nombreuses ses recrues hivernales, désormais scellée dans cette providence pour un bon moment. Que le pilote de pointe qu'il n'a pas choisi non plus lui apporte sur un plateau d'argent une fraîcheur, une grinta qui n'existait plus vraiment dans le baquet précédant.

Cette victoire est le fait de circonstances mais elle n'est pas un coup de chance. Elle est le produit d'une opportunité qui se présente deux ou trois fois par an, et que Sebastian Vettel a su maximiser en greffant son talent sur un plan bien précis ; une conduite infaillible aussi. Comme Daniel Ricciardo (Red Bull) l'an dernier. La prochaine sera peut-être donc pour un rendez-vous comme Spa-Francorchamps et sa météo chaotique... Si si, les tifosi ne doivent pas trop rêver mais plus sûrement se montrer être patients. La SF15-T est dotée d'un bon châssis, mais d'une aéro et d'un moteur pas à la hauteur de la Flèche d'argent. Maranello a 10 jetons à utiliser pour développer son moteur, soit trois de plus que Mercedes. Une marge pas énorme…

Il faut le redire, Mercedes a été battu à la régulière, le plus normalement du monde. Une saison est une somme de Grands Prix plus ou moins spécifiques et il faut savoir s'adapter à tout. Coordonner une monoplace à des pneus à un bitume chauffé à 62°C par exemple. Lewis Hamilton n'a pas eu tout le temps pour le faire aux essais mais c'est son problème. Quand à Nico Rosberg, sorti assez affaibli de ce week-end, il a plus vu ses limites et va devoir se reprendre pour ne pas donner de prise à Ferrari. Le constat est quand même clair : Vettel, le "Monsieur Plus", a imposé dimanche l'idée qu'il était le deuxième meilleur pilote du plateau dimanche. Qu'il n'y avait pas, dans les faits, deux numéros 1 chez les Gris...

Dans ce contexte, il va être intéressant de voir comment Hamilton et Rosberg vont performer, intéragir si Vettel joue encore les empêcheurs de tourner en rond ; même ponctuellement. Si l'Allemand pourra encore mettre sa W06 en travers de la route du Britannique en qualification sans que celui-ci ne bronche devant les micros. Hamilton n'est que trois points devant Vettel au championnat, une réalité plus qu'une menace à considérer pour Toto Wolff. Néanmoins, on connait la priorité "Constructeurs" de Mercedes et sa capacité à arbitrer, passer des ordres au besoin.