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Racing Bulls | Laurent Mekies : "Nos actionnaires nous ont donné des objectifs plus ambitieux"

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 22/05/2024 à 17:38 GMT+2

Daniel Ricciardo devait apparaître comme le leader et c'est finalement Yuki Tsunoda et le collectif de Racing Bulls qui ressortent des sept premiers Grand Prix de 2024. L'équipe bien calée à la sixième place du Championnat du monde, Laurent Mekies, son patron depuis janvier, nous dresse dans Les Fous du Volant les grandes lignes du projet de Faenza, et ses objectifs.

Mekies : "Le début de saison a été compliqué pour Ricciardo, c’est indéniable"

L'un des trois Français à la tête d'une écurie de Formule 1, en compagnie de Frédéric Vasseur (Ferrari) et Bruno Famin (Alpine), Laurent Mekies est l'invité cette semaine des Fous du volant, le podcast Sports mécaniques d'Eurosport. Un timing parfait puisque l'équipe qu'il dirige, Racing Bulls, a brillé le week-end dernier au Grand Prix d'Emilie-Romagne. A Imola, la formation de Faenza et Milton Keynes a placé ses deux monoplaces en Q3 - une première depuis Bakou 2022 - et marqué le point de la dixième place, grâce à Yuki Tsunoda. Ce qui permet à la structure italienne de pointer à la sixième place au classement du Championnat du monde, avec 20 unités. Un bilan provisoire qui fait déjà oublier celui de 2023 (8e avec 25 pts) et valide une nouvelle approche.
"Nos actionnaires ont décidé l'hiver dernier de changer profondément le projet, confirme Laurent Mekies, en poste depuis le 1er janvier. Ils nous ont donné des objectifs plus ambitieux : réussir à construire une équipe qui puisse à aller se battre de façon solide en tête du milieu de tableau ; ça veut dire 5e, 6e, 7e. C'est ça l'objectif à terme."

"On est une équipe complètement indépendante"

Pour cela, l'ex-équipe Toro Rosso et AlphaTauri est revenue aux bases de son engagement, en 2006 : réutiliser le matériel de l'équipe mère, Red Bull. Enfin, pas tout à fait puisqu'il ne s'agit plus de faire rouler la monoplace de la saison précédente. "Comme le règlement l'impose, il est écrit noir sur blanc que pour participer en Formule 1 vous êtes un constructeur à part entière et vous devez faire l'immense majorité des pièces de votre voiture en termes de design, de propriété intellectuelle et en termes de production, rappelle le patron français, qui réfute le terme de mutualisation : "On est une équipe complètement indépendante", souligne-t-il.
"Le règlement donne la possibilité pour certaines pièces très spécifiques de les acheter à une autre équipe, poursuit celui qui a été n°2 de la Scuderia Ferrari, sous la responsabilité de Mattia Binotto (2021-2022) puis Frédéric Vasseur (2023). La plus simple est le moteur. Evidemment, on n'impose pas à chaque équipe de faire son moteur, ça deviendrait coûteux. Dans notre cas, on l'achète à Honda, RBR également. Qu'est-ce qu'on achète d'autre ? La boîte de vitesses et les suspensions, à Red Bull ; pour notre cas, celles de l'année dernière. Le règlement nous permettrait aussi d'acheter celles de cette année mais, pour plein de raisons, nous achetons celles de l'année dernière. Une fois achetés trois éléments, vous êtes complètement indépendants sur tout le reste. Il n'y a donc pas d'autres échanges possibles avec une autre équipe, si ce n'est une relation de fournisseur à client."

Des progrès de Ricciardo, d'autres attendus

Voilà pour l'équation globale, dans laquelle est entrée la soufflerie de Red Bull à Milton Keynes, en Angleterre. "Là, on ne parle pas d'acheter quelque chose, mais d'aller banalement louer des installations, précise l'ingénieur passé par le motoriste Asiatech et les équipes Minardi et Toro Rosso. Aujourd'hui, la réglementation aérodynamique est telle que les équipes sont très limitées dans le temps. Si vous avez construit une soufflerie pour vous, en réalité vous l'utilisez entre un tiers et la moitié de son temps. Là encore, vous pouvez la louer à d'autres équipes, et c'est un modèle très diffusé dans le paddock. On loue la soufflerie de Red Bull pour notre développement aérodynamique, mais attention : le développement en tant que tel est complètement séparé et indépendant."
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Laurent Mekies (Racing Bulls) au Grand Prix d'Emilie-Romagne 2024

Crédit: Getty Images

Autrefois vivier de pilotes au service de Red Bull, Racing Bulls a un peu changé de vocation, la superlicence ayant ralenti la promotion des jeunes en Formule 1. Voilà pourquoi Faenza est repartie en 2024 pour une troisième année avec Yuki Tsunoda et Daniel Ricciardo, l'un de ses anciens espoirs et quête de rebond. Qui se fait attendre : l'Australien a perdu six de ses sept duels en qualification contre son voisin de stand et marqué le tiers des points du Japonais, sur le seul sprint à Miami. Pas de quoi sauter au plafond.

"Donner à Daniel la confiance nécessaire"

"C'est indéniable qu'on a eu un début de saison difficile avec Daniel, admet Laurent Mekies. Il ne trouvait pas un comportement de la voiture lui permettant de s'exprimer au mieux. On a eu une première phase d'analyse pour comprendre. On est dans une phase qui lui permet de s'exprimer. Ce n'est pas unique à Daniel ou à nous cette année : tous les pilotes ont des préférences en termes de style conduite. Dans notre cas, il y a eu pas mal de travail à faire pour donner à Daniel la confiance nécessaire. On a vu des progrès importants (après deux courses difficiles) en Australie, au Japon, en Chine, à Miami, à Imola." En Emilie-Romagne, l'Aussie a signé sa première Q3 en 2024.
"On le compare à Yuki, qui est en train de faire une saison extraordinaire, d'exploser, relativise le boss de Faenza, passé aussi un temps par la Fédération internationale de l'Automobile. Il fait un autre pas en avant qui est en train de surprendre tout le monde."
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Laurent Mekies et Yuki Tsunoda (Racing Bulls) au Grand Prix d'Emilie-Romagne 2024

Crédit: Getty Images

"Un combat extraordinaire pour la sixième place chez les constructeurs"

RB bien installée devant Haas (7 points), Alpine (1), Sauber et Williams (0) au championnat, Laurent Mekies aimerait juste une meilleure reconnaissance de son équipe auprès des fans, des médias, des sponsors, de cette lutte qu'il mène avec ses 600 employés au cœur de peloton. Naturellement, il voit d'un bon œil la proposition d'étendre le barème de points au Top 12.
"On la soutient, confirme-t-il. On a marqué un point à Imola, on l'a célébrée avec l'équipe, pas juste parce que c'était un point et la victoire de notre groupe de milieu de tableau, des équipes de la 6e à la 10e place (au championnat du monde) ; un groupe aujourd'hui assez séparé des équipes du niveau de la 1re à la 5e place (Red Bull, Ferrari, McLaren, Mercedes, Aston Martin). Il y a aujourd'hui un combat extraordinaire pour la sixième place chez les constructeurs entre nous, Alpine, Haas, Sauber, et Williams. Si on bat tous ceux-là, on est 11e. Si on veut expliquer ce combat du milieu de tableau aux fans, cette victoire qui vaut une 11e place théorique, c'est sans doute une bonne idée d'étendre les ponts jusqu'à la 11e place." Et de facto la 12e.
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