Grand Prix de Sao Paulo | Tout ce qui rend Fernando Alonso (Aston Martin) si différent

Fernando Alonso ne se trompe jamais. Dès vendredi, alors qu'Aston Martin avait surtout semblé profiter d'une situation chaotique pour tirer son épingle du jeu en qualification du Grand Prix de São Paulo, l'Espagnol avait promis un retour au premier plan. La journée de samedi n'a pas apporté beaucoup d'eau à son moulin. Mais qu'importe. Quand "Nando" dit quelque chose, c'est souvent qu'il a une idée derrière la tête. Ou qu'il est sûr de lui.

C'est peut-être l'un des privilèges de l'âge, ou tout simplement d'un talent un peu à part au milieu d'une grille qui n'en manque pourtant pas. De son podium à Interlagos, on retiendra sans doute longtemps cette arrivée à la photo-finish, et ces 53 petits millièmes qui l'ont séparé de Sergio Pérez. Peut-être gardera-t-on quelque temps en mémoire son superbe duel avec "Checo".

Mais il ne faudrait pas oublier, non plus, tout ce qui a précédé. Son attaque incisive sur Lewis Hamilton, son rythme un temps similaire à celui de Norris, sa gestion de l'usure pneumatiques et puis... ces plus de 30 tours de résistance devant le Mexicain. À mi-course, "Checo" n'était déjà plus qu'à quelques petits dixièmes d'entrer dans la zone DRS. Et à ce moment-là, il était difficile d'imaginer le double champion du monde résister à la puissance de la Red Bull.

Alonso n'a peut-être pas le meilleur matériel entre les mains mais il a tout ce qu'il faut sous le casque. "C'est un grand pilote, a observé Christian Horner, beau joueur au micro de Sky Sports après la course. Il a été très intelligent dans son utilisation de l'ERS." C'est effectivement là que le quadragénaire a fait toute la différence : en gérant son système de récupération d'énergie à la perfection, tant dans la récupération d'énergie elle-même que dans son déploiement dans les premiers mètres de chacune des deux lignes droites.

Il fallait au moins ça pour éviter d'être croqué tout cru par l'époustouflante supériorité du DRS de Red Bull. "J'ai aussi fait en sorte de ne pas toujours utiliser la même trajectoire, a-t-il révélé en conférence de presse. Ça l'a contraint à changer de ligne aussi. J'essayais de mettre un peu de turbulence dans son aileron avant."

Son utilisation d'une trajectoire très extérieure à la sortie du virage n°13, pour limiter le patinage, a aussi causé de sacrés maux de têtes à Sergio Pérez. "C'était un peu plus facile jusqu'aux cinq derniers tours, a analysé Alonso. Je pensais avoir tout son contrôle. Puis il s'est sérieusement rapproché [...] et m'a doublé à deux tours de la fin. Là, j'ai pensé que c'était fini."

Mais l'Espagnol n'a pas perdu sa capacité d'analyse. "Dans le dernier tour, il a freiné un peu tard dans le premier virage, a-t-il révélé. Et là, je me suis dit : 'au virage 4, j'y vais.'" Les paroles, les actes. Et ce finish à couper le souffle entre deux pilotes qui s'apprécient. "Il n'y a pas beaucoup de pilotes avec lesquels vous pouvez faire ce type de manœuvres, a souligné "Checo" après coup. C'était fun."

Quelques instants plus tard, alors qu'Alonso racontait ses exploits auprès de Viaplay, le Mexicain est même allé saluer son bourreau du jour. Et dans une longue et franche accolade, le pilote de 42 ans a glissé une petite demande à l'oreille du coéquipier de Verstappen : "ne me mets plus jamais sous un tel stress, je n'ai plus 20 ans !" On pourrait presque en douter.