En route pour le titre

De retour en tête du championnat Pilotes depuis sa victoire en Corée, Fernando Alonso est l'homme fort du moment. L’Espagnol avait démarré la saison en fanfare par un succès pour l'ouverture à Bahreïn. Ensuite, il a su faire le dos rond pour revenir fort depuis l'Allemagne. Là-bas, il a signé son 2e succès de l'année. Depuis, il a enregistré 5 nouveaux podiums dont 3 victoires. Plus éloquent, il a marqué 90 points sur 100 possibles lors des quatre derniers Grand Prix. Avec encore deux épreuves à disputer, il possède assurément une dynamique de champion. Et peut même espérer être titré dès ce week-end au Brésil. L'expérience acquise en 2005 et 2006 dans la gestion des fins de saisons victorieuses, les performances de Ferrari sur le tracé d’Interlagos entre 2006 et 2008 – trois victoires - font de lui l'homme à battre. S'il peut en plus compter sur Felipe Massa, son équipier "back in business" remonté sur le podium en Corée, Nando ne sera pas loin du compte au soir du GP d’Abou Dabi.

Mark Webber a perdu sa place de leader du championnat à la faveur d'une erreur de pilotage, sous la pluie coréenne. Ça ne lui arrive pas souvent mais ça fait mal à deux courses de l'épilogue de la saison. Pour autant, le grand Mark a plutôt philosophé la chose. Désormais relégué à 11 points d'Alonso, il n'a plus le droit de commettre une nouvelle bévue. Red Bull a déjà perdu beaucoup de points en route. Trop peut-être ? Pour l'heure, l’Australien croit encore en ses chances et possède à son actif son expérience victorieuse en 2009 à Sao Paulo et une RB6 qui devrait se montrer une nouvelle fois irrésistible. Sauf si le propulseur Renault venait une fois de plus jouer un mauvais tour. En revanche, à la différence d’Alonso, Webber ne pourra pas compter sur l'aide de son équipier, Sebastian Vettel. Tant que ce dernier reste mathématiquement en course pour le titre, jamais Christian Horner ne lui demandera de seconder Webber. A trop vouloir ménager la chèvre et le chou, le directeur de Red Bull risque bien de perdre sinon le championnat Constructeurs, au moins le titre Pilotes. D'autant que Milton Keynes ne possède pas l'expérience des fins de championnat victorieuse...

Ce qu'il pense de la fin de la saison : "Nous essayerons évidemment de réitérer la performance de l'an passé (victoire, ndlr). Nous arrivons à un stade charnière du championnat et nous devrons saisir chaque opportunité qui se présentera à nous."

De retour sur la terre de ses exploits ou de ses déceptions, c'est selon, Lewis Hamilton tentera de faire abstraction des années précédentes. A 25 ans, le Britannique a tout connu sur le circuit pauliste : la défaite en 2007 pour un point et le titre en 2008 dans le dernier virage. Cette année, il ne peut pas espérer être titré dès Sao Paulo mais pourrait bien dire définitivement adieu à ses rêves de 2e couronne mondial. Avec 21 points de retard sur Alonso, Hamilton a plutôt intérêt à terminer devant l'Espagnol s’il veut conserver une chance à Abou Dabi. Mais la MP4-25 n'est pas la meilleure monoplace du plateau. Loin de là. Les dernières évolutions n’ont pas apporté le gain escompté et elle reste en retrait par rapport aux Red Bull et aux Ferrari. En revanche, Hamilton pourra compter sur un F-Duct performant qui devrait apporter un plus dans le dernier secteur et lui permettre de dépasser au bout de la ligne droite d’Interlagos. La force de McLaren réside également dans la connaissance qu’ont ses deux champions du monde de la gestion des moments chauds en fin de saison. Et si le dernier en date, Jenson Button, se met au service du second comme l’équipe l’envisage, cela pourrait faire mouche. Du côté du classement Constructeurs, McLaren ne possède que 27 unités de retard sur Red Bull. Là réside peut-être l’équation la plus compliquée à résoudre. L’équipe de Woking va-t-elle concentrer ses efforts sur le titre Pilotes ou Constructeurs ? Car à vouloir courir deux lièvres à la fois, les hommes de Martin Whitmarsh pourrait bien voir les deux leur échapper...

Une casse moteur qui coûte cher. S'il ne gagne pas le titre Pilotes, Sebastian Vettel maudira longtemps son problème mécanique qui l'a contraint à l'abandon au 45e tour du Grand Prix de Corée. Car au lieu de remporter la course du côté de Yeongam et d'être leader aujourd'hui, il n'est que 4e à 25 unités de Fernando Alonso. Pourtant, tout n’est pas perdu. Au Brésil et à Abou Dabi, il est capable d’aller chercher deux victoires. Il est passé maître dans l’art de la pole position et n’est jamais aussi fort lorsqu’il se trouve en position de pointe. Dans ce cas-là, seul un incident mécanique pourrait venir une nouvelle fois troubler sa marche en avant. Mais même si sa RB6 est censée fonctionner à merveille sur les deux derniers tracés, deux victoires ne suffiront pas au jeune allemand. Car si dans le même temps, Alonso termine sur le podium à deux reprises, c'est l'Espagnol qui sera Champion. Pis, Vettel peut même être exclu de la course au titre dès ce week-end s'est ne termine pas devant le pilote Ferrari. Pas facile. Mais Vettel possède en lui une foi inébranlable. Et tant que c'est encore jouable, il va foncer. Il bénéficiera également d'un propulseur tout neuf. De quoi lui redonner du baume au coeur avant d'aborder la ligne droite finale.

Ce qu'il pense de la fin de la saison : "Ce n'est pas terminé. Je vois pleins de choses positives pour le Brésil. Le circuit requiert de bons appuis aérodynamiques et devraient convenir à la RB6 même si la dernière ligne droite en montée avantage les moteurs plus puissants."

La tâche est quasiment insurmontable pour le Champion du monde en titre, Jenson Button. Relégué à 42 unités du leader alors qu’il reste 50 points à prendre, il faudrait un exploit pour qu'il conserve son bien au soir du GP d'Abou Dabi. Et pourtant, le Britannique y croit encore. Il se remémore certainement la fin de saison de Kimi Räikkönen en 2007. Le Finlandais avait repris 17 points sur un total de 20 possibles au leader - selon l’ancienne méthode de calcul - pour remporter le championnat. En convertissant les 42 points de Button dans l'ancien système, cela équivaudrait à 16,8 unités. Moins que Räikkönen. Mais en 2007, le Finlandais n'avait que deux adversaires à reprendre. En 2010, Button en a aujourd'hui quatre à dépasser. Mission impossible ? Le Britannique a expliqué que sa tâche était comparable à l’ascension d’une "montagne", sans dire laquelle. On parierait sur l’Everest !

Ce qu'il pense de la fin de la saison : "Je sais que j'ai non seulement besoin d'un bon résultat, mais aussi d'une défaillance des autres. J'ai une montagne à gravir mais je donnerai tout pour rester dans le coup. J'ai lutté pour décrocher le titre en 2009 et je ne laisserai pas sans avoir combattu."