Le jour où Sébastien Loeb a failli devenir pilote de Formule 1 : "je n'étais pas très loin de faire un Grand Prix"

Sébastien Loeb en Formule 1, c'était un rêve que beaucoup d'amateurs de sports mécaniques faisaient. C'était devenu une réalité, le temps d'une séance d'essais au volant d'une Red Bull, en novembre 2008. Ce test aurait même pu permettre au nonuple champion du monde des Rallyes de disputer un Grand Prix, l'année suivante, s'il avait pu obtenir la Super Licence. Pour Eurosport, l'Alsacien raconte.

Loeb : "Red Bull s'était dit : 'et si on mettait le champion du monde des Rallyes dans une F1 ?"

Video credit: Eurosport

Rouler aux côtés d'Isack Hadjar lui a-t-il rappelé des souvenirs ? Le 13 septembre dernier, sur le circuit de Magny-Cours, Sébastien Loeb a partagé la piste avec le jeune pilote de Formule 1 lors d'un événement organisé par Red Bull. Lui était au volant de la Peugeot 208 T16, une sorte de monstre absolu avec lequel il avait battu le record de la prestigieuse ascension de Pikes Peak, en 2013. Hadjar, lui, s'était amusé avec la RB7.
C'est avec l'une des devancières de cette monoplace, la RB4, que le multiple champion du monde des Rallyes s'était essayé à la F1, au cours d'une séance d'essais privés où ses performances furent si impressionnantes qu'elles donnèrent envie à Red Bull de lui offrir une chance de disputer un vrai Grand Prix, à Abu Dhabi, en 2009. Nous l'avons interrogé sur cette courte période au cours de laquelle le plus grand pilote de Rallye de l'histoire aurait pu devenir... pilote de Formule 1.
Sébastien Loeb, quels souvenirs avez-vous gardé de cette période où vous avez failli toucher le rêve de rouler en Formule 1, en 2009 ?
Sébastien Loeb : Je dirais que je l'ai touché, en réalité. Je ne prétends pas que j'aurais été à la hauteur de faire des courses, car c'est une autre discipline. Je suis pilote de rallye, ça roule au feeling, à l'improvisation. La F1, c'est une autre façon de préparer les courses. Mais c'est clair que les sensations qu'on peut ressentir dans une F1 sont incroyables. La voiture est plaquée au sol, les vitesses de passage et les points de freinage sont assez incroyables. Je n'en demandais pas plus, c'était cool de pouvoir ressentir ces sensations.
Regrettez-vous que cette journée d'essais, réalisée en 2008 au volant d'une Red Bull RB4, n'ait pu déboucher sur quelque chose d'encore plus concret alors que vous aviez impressionné ?
S.L. : J'avais passé une journée incroyable, je m'en souviens encore aujourd'hui. C'était top, mais honnêtement, il n'y a pas de regret de ne pas être allé plus loin dans la discipline. J'ai continué à faire mon championnat WRC et ça m'allait très bien.
Ça ne s'est quand même pas joué à grand-chose : vous auriez pu participer au Grand Prix d'Abu Dhabi 2009 si la FIA vous avait accordé la Super Licence*…
S.L. : A la base, l'idée était de ne faire qu'une séance d'essais, et c'est ce qu'on a fait. Mais à la suite de ces essais-là, Red Bull s'était dit : "tiens, et si on essayait de mettre le champion du monde des Rallyes dans une F1 ?" C'est parti de là. Sur le moment, quand on me l'a proposé, c'était inattendu pour moi. Après, ces choses ont fait que tout cela n'a pu aller plus loin. Mais effectivement, je pense que je n’étais pas très loin de faire au moins un Grand Prix.
Vous étiez-vous imaginé ce que cela aurait pu donner ?
S.L. : Difficile à dire, puisque ça ne s'est pas fait. Je pense que de toute façon, je n'étais pas au niveau pour me battre pour la victoire sur un Grand Prix dès mon arrivée. En revanche, vivre les sensations, ça aurait pu être quelque chose de sympa.
Après cela, il n'y a plus jamais eu le moindre rapprochement avec la F1 mais vous avez touché à tout le reste : le WTCC, le rallycross, le Dakar, le GT… Aujourd'hui, qu'est-ce qui vous donne encore le plus envie ?
S.L. : C'est la passion du pilotage avant tout. Le Dakar, c'est mon objectif principal. Aujourd'hui, c'est mon métier. C'est pour ça que je me prépare toute l'année. A côté, j'aime toujours les Rallyes. J'aime bien faire un peu de circuit de temps en temps. C'est pour ça qu'on peut me voir apparaitre sur le rallye du Mont-Blanc, ou au Charlemagne, ou sur une piste avec une Porsche pour m'amuser un peu. Mais le Dakar, c'est quelque chose de différent. Mon objectif est de gagner et je ne l'ai pas encore fait.  J'ai été plusieurs fois sur le podium. C'est une course assez originale où, finalement, il y a un côté aventure. Il y a du partage avec le copilote, avec l'équipe. On vit un peu en vase clos pendant deux semaines. C'est une atmosphère différente qui est sympa à vivre. C'est pour ça que je continue.
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Sébastien Loeb lors d'une séance d'essais avec Red Bull, en 2008

Crédit: Getty Images

Puisque vous avez touché à presque tout, vous pouvez répondre à cette épineuse question : quel est le pilotage le plus difficile ? D'aucuns estiment que les pilotes de Rallye ont plus de mérite que ceux de F1, car la prise de risque serait plus grande...
S.L. : Je ne sais pas si on peut juger ça sur la prise de risque. Le rallye, c'est un pilotage complet. On a la prise de notes, la correction, le copilote, les notes, le terrain changeant. On roule sur tous les types de terrain, que ce soit de la neige, de la terre, de l'asphalte. J'ai fait ça toute ma carrière. Je suis plus à l'aise sur un rallye que sur autre chose. C'est sûr qu'un circuit de F1 est beaucoup plus sécurisé, mais les vitesses de passage sont beaucoup plus élevées aussi. Je ne sais pas si on peut dire que l'un est plus dangereux que l'autre, mais c'est vrai que le rallye, on roule dans les forêts. Il y a des endroits où on n'a pas trop le droit à l'erreur.
Vous avez marqué l'histoire du Rallye et du sport automobile en général. Y a-t-il des pilotes, toutes catégories confondues, que vous admirez aujourd'hui ?
S.L. : La MotoGP, c'est quelque chose que j'aime beaucoup. Je ne suis pas pilote de moto, j'en fais un peu pour le plaisir. Mais quand on voit comment Marc Marquez est revenu dans le coup, on ne peut qu'être impressionné. Je n'ai jamais été fan de quelqu'un en particulier, mais je suis assez admiratif des pilotes qui, comme lui ou comme d'autres en F1 par exemple, dominent leur discipline. Ce n'est pas simple de dominer et de revenir en permanence devant. C'est ce que certains sont capables de faire, donc je suis forcément admiratif.
*La Super Licence, c'est le "permis" pour pouvoir disputer un Grand Prix de Formule 1.
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