Max Verstappen chez Mercedes : la menace est réelle et Red Bull a tout à y perdre

Le mariage entre Lewis Hamilton et Ferrari était impossible jusqu'à ce qu'ils ne le fassent, dans des circonstances assez rocambolesques. A partir de ce constat, on ne peut exclure aujourd'hui un transfert de Max Verstappen chez Mercedes, dès 2025. Cette possibilité, encore irréaliste il y a quelques semaines, est devenue une véritable éventualité, et même une hypothèse de travail entre le clan néerlandais et Toto Wolff, le patron et actionnaire de Mercedes F1. Elle est basée sur une réaction épidermique de Jos Verstappen, le père de Max, devant l'attentisme de Red Bull vis-à-vis de Christian Horner, blanchi par une enquête interne pour comportement inapproprié à l'endroit d'une employée à l'usine.

Peu importe le motif, c'est la finalité qui compte. Aujourd'hui, le père du triple champion du monde mesure son poids - sinon sa capacité de nuisance - dans l'écurie championne du monde en diffusant un message incendiaire. Via un tabloïd, peut-être pour donner plus de retentissement à son avertissement - "si Horner reste, Red Bull explose", montrer que le problème dépasse le cadre du sport. Une contre-publicité à laquelle l'empire de la boisson énergisante est sensible jusqu'en son repaire natif thaïlandais.

Jos Verstappen ne s'en cache pas : c'est son fils ou Christian Horner chez Red Bull. Ce n'est pas la première fois qu'il prend à partie le directeur d'équipe mais c'est la première fois qu'il va aussi loin. Est-ce un point de non-retour ? Une chose est sûre : la crise a dépassé le point bas atteint à Monaco en 2022. Aux critiques de Verstappen Sr sur la stratégie de l'équipe supposée pro-Pérez, le manager anglais avait répondu que "Red Bull n'est pas le Max Verstappen Racing". Un clash parmi d'autres dans une guerre larvée.

Si Jos n'obtient pas gain de cause, Max est-il capable de faire ses valises pour Mercedes ? Autrement dit, est-il en mesure de convaincre son fils de l'absolue nécessité de quitter son cocon de toujours ? Cette question est une clé de voûte, car tout le reste ne sera alors qu'une formalité. En 2014, Jos Verstappen avait choisi le projet Red Bull au détriment de celui de Mercedes car Toto Wolff n'avait pas de place dans son team de F1. Jos a toujours été perçu comme un visionnaire à propos de cet épisode, mais Max aurait probablement été champion du monde plus tôt aux commandes d'une Flèche d'argent.

Max réfléchit immanquablement aujourd'hui à ce que pourrait être sa vie chez Mercedes, et son père s'est chargé de le faire savoir en dînant, en compagnie de Raymond Vermeulen, agent du pilote, avec Toto Wolff le vendredi soir du Grand Prix de Bahreïn. C'était de l'affichage, on est d'accord, à l'opposé de la discrétion de Lewis Hamilton et Frédéric Vasseur, mais c'est la preuve que plus rien n'est désormais impossible.

Contractuellement, "Super Max" s'est engagé avec Red Bull jusqu'en 2026, avec deux années supplémentaires en option, ce qui aujourd'hui n'a plus rien d'un acquis. Helmut Marko, le conseiller sportif de Red Bull Racing, a récemment indiqué que des clauses permettaient à son pilote fétiche de devancer l'appel. Selon des indicateurs précis, liées la plupart du temps aux performances, année après année, de l'équipe ou du pilote.

En l'occurrence, on ne voit pas comment Red Bull se mettrait en défaut cette année. Resterait alors au pilote batave à racheter ses dernières années de contrat. Lui-même ou plus probablement sa future équipe, parce que la somme donne le vertige, à raison d'une cinquante de millions d'euros de salaire annuel. Mais pour relancer ses arrières après les années Hamilton, Mercedes ne regarderait sûrement pas à la dépense. Toto Wolff s'y prépare. Il avait parlé de la situation de Lando Norris avant que les Verstappen n'entrent dans la danse et il sait pertinemment qu'il devra casser la tirelire pour sortir le jeune Anglais de son engagement pluriannuel avec McLaren. Et s'il peut récupérer Verstappen, il n'hésitera pas à en casser une plus grosse...

Dans tout ça, on se demande évidemment ce que Max Verstappen aurait sportivement à y gagner, lui qui s'est toujours vu pilote à vie chez Red Bull. Et son père clamer qu'il ne fera jamais affaire avec Toto Wolff, dont le management ne convient ni à lui ni à l'agent du pilote, Raymond Vermeulen. Mais ça, c'était avant.

Pour le triple champion du monde, lâcher Milton Keynes en pleine gloire procéderait de la même démarche que Michael Schumacher fin 1995, lorsque l'Allemand avait quitté Benetton pour relever un challenge régénérateur à Maranello. Avec force dommages collatéraux : le double champion du monde en titre avait précipité le déclin de l'équipe d'Enstone, incapable de trouver un remplaçant à sa dimension. Il n'y en avait de toute façon pas. L'histoire peut se répéter avec Red Bull et c'est un rôle d'arbitre qui la guette, au milieu d'un duo Mercedes - Ferrari reconstitué. Une douce revanche à laquelle Toto Wolff ne serait pas insensible non plus.

Chez Mercedes, Max Verstappen se retrouverait avec George Russell, dans un rapport de force contrôlé qu'il a connu pendant trois ans avec Daniel Ricciardo chez Red Bull. Il se mettrait plus en danger qu'avec Sergio Pérez et c'est aussi ce qui ajouterait du relief à ses succès futurs.