Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Formule E | Norman Nato (Andretti) : "Je me suis parfois demandé pourquoi je n'avais pas d'opportunité"

Gilles Della Posta

Mis à jour 27/01/2024 à 09:03 GMT+1

Dixième à Mexico il y a deux semaines, Norman Nato a débuté une saison 2024 qui a des allures de croisée des chemins. Rapide, fiable, le Cannois a toujours semblé sous-coté. Mais avec sa signature chez Andretti aux cotés de Jake Dennis, champion en titre de la Formule E, et la confirmation de sa présence au volant d'une Porsche 963 de l'équipe Jota en Endurance, son statut pourrait bien changer.

Wehrlein intouchable à Mexico

Intégré chez Andretti en Formule E cette saison avec le champion en titre, aligné chez Jota avec une Porsche capable de jouer la gagne en WEC… Vous avez débuté en 2024 le plus beau programme de votre carrière, enfin !
Norman Nato : Oui et non. D'un côté, je me retrouve dans deux très beaux programmes, avec deux très bonnes équipes. Mais en sport mécanique, il y a toujours besoin d'une période d'adaptation que ce soit en WEC ou en Formule E. Arriver dans une nouvelle équipe, surtout en Formule E ou cela se joue à 1/10 de seconde, ce n'est pas facile et je ne suis pas encore à 100%.
Donc oui, avec Andretti je suis dans une des meilleures voitures. En endurance, c'est un peu plus difficile à situer car Jota, en 2023, a mis son programme en place assez tard, ils n'ont pas fait les premières courses du championnat donc on sera plus forts cette saison que l'an passé. Je me retrouve dans deux top team, et quand tu commences la saison comme ça, c'est bon pour le moral, cela te met dans les bonnes conditions pour te préparer physiquement et mentalement.
N'avez-vous pas le sentiment que ces programmes très solides ont mis beaucoup de temps à arriver pour vous ?
N.N.: Ça a pris du temps oui. On ne peut pas dire que ce soit un soulagement car ce n'est pas tombé du ciel du jour au lendemain. J'ai parfois ressenti de la frustration en me demandant pourquoi je n'avais pas d'opportunité ou quand elle se présentait, il y avait toujours un grain de sable qui surgissait.
picture

Alpine en piste à Portimao avec Schumacher

Je me souviens, deux ans en arrière, j'étais pilote de réserve chez Jaguar et je n'ai fait que six courses en Endurance. Je gagne quand même une course en tant que rookie en Formule E, et sur les moyennes par pilotes en LMP2, je suis 3e derrière Da Costa et De Vries… Donc je me suis demandé à quel moment cela allait finir par payer. Mais je voyais aussi de bons pilotes sans programme, donc j'ai toujours relativisé.

En Formule E, vous faites désormais équipe chez Andretti avec le champion en titre, Jake Dennis. On imagine que ça ne vous facilite pas la vie...
Norman Nato : Je le savais et c'est un vrai challenge. Andretti a pris tout son temps pour choisir son pilote. Ils étaient en contact avec d'autres pilotes, mais je pense que certains ont eu peur d'y aller parce que c'est bien beau de se dire que tu as une des meilleures voitures du plateau, mais tu te confrontes au champion sortant, cela fait quatre ans qu'il est dans cette équipe, il connait tous les process par cœur et c'est à toi de t'adapter. Avant d'arriver au Mexique, je n'ai passé que deux jours et demi dans la voiture.
C'est très peu pour assimiler les nouveaux systèmes de chez Porsche, s'acclimater à mon nouvel ingénieur et le volant qui contient plus de 300 modes de course. On visait mieux que 9e et 10e et personnellement j'aurais été très heureux avec un top 5. La course n'était pas très compliquée en termes de gestion de l'énergie et cela n'a pas offert beaucoup de possibilités de dépassements. J'ai fait toute la course juste derrière mon coéquipier, donc malgré le résultat, j'estime que j'ai fait une bonne course, cela m'a rassuré parce que je suis tout près de mon coéquipier qui a fait une saison exceptionnelle l'an passé.

Les ambitions vont-elles être plus élevées en arrivant en Arabie Saoudite ?
N.N. : Oui, même si c'est impossible de savoir qui va être devant. On sait tout de même que les 2 équipes avec le groupe motopropulseur, Jaguar et Envision sont les plus "passe-partout", elles vont être difficile à battre. Nous on n'allait pas au Mexique pour faire 9e et 10e, notre objectif c'est donc de passer un cap et de viser les gros points.
picture

3D, intelligence artificielle, 360° : De quoi sera fait le futur des pneus en sports automobiles

On le voit sur les dernières saisons, il y a des moments plus difficiles pour toutes les équipes et il faut réussir à éviter ces périodes. Les 3 points qu'on a empochés au Mexique feront peut-être la différence à la fin de la saison. Si on finit les deux courses dans le top 5, on marque beaucoup de points et ce qui compte dans ce championnat, c'est la constance.

Après l'Arabie Saoudite, il va falloir se consacrer au début de saison en WEC. Quel est le programme ?
N.N. : L'épreuve en Inde ayant été annulé, cela laisse un petit peu de temps pour se tourner vers le WEC au Qatar avec le Prologue (les essais de présaison, NDLR) et la course. Il ne faut pas oublier que Jota est une équipe "cliente" donc on fait beaucoup moins de roulage que les constructeurs et cela fait maintenant quelques mois que je n'ai pas roulé dans l'auto.
Ce qui est vraiment bien au Qatar, c'est qu'il y a quelques jours entre le Prologue et les premiers essais libres, ça laisse le temps d'analyser les datas et de ne pas débarquer directement pour les essais sans savoir où on va. Il faut revoir toutes les procédures car on n'a pas le droit à l'erreur, donc le Prologue va être très précieux. Sur une saison, on aura du mal à battre Ferrari et Toyota, mais sincèrement, Le Mans sera notre plus grosse chance de claquer un podium et même une victoire… Quand tu arrives au Mans avec une Porsche, tu sais que tu es dans de bonnes conditions, il faut être régulier et on l'a vu l'an passé, Toyota et Ferrari peuvent avoir des soucis. Si on se prépare bien, on aura un coup à jouer au Mans.

On a le sentiment que c'est la meilleure chance de votre carrière. C'est ce que vous pensez aussi ?
N.N. : C'est clairement une des meilleures chances de ma carrière de montrer ce que je sais faire, mais je ne dois pas oublier de dire que j'ai eu d'autres opportunités dans ma carrière qui ont été très importantes qui m'ont permis d'être là où je suis aujourd'hui. C'est une saison importante, mais je la place au même niveau que d'autres années charnières dans mon parcours. La différence, c'est que je suis plus détendu. Il y a eu des années où je n'avais qu'un seul programme, où je ne roulais quasiment pas, et où il fallait arriver sur les épreuves et être performant immédiatement. Tu es donc en manque de rythme, tu n'as pas le droit à l'erreur et il faut faire bien.
picture

Buemi-Hartley-Hirakawa gardent leur titre, Toyota s'offre un doublé à Bahreïn

Alors que cette année, je dois juste faire ce que je sais faire, et dès que ça va briller, certains penseront que j'ai progressé mais ça fait des années que je suis à ce niveau. Je n'ai pas toujours été au bon endroit au bon moment, mais je ne regrette pas. Ca a pris du temps, mais j'estime que tout le travail qui a été fait paie. Sans compter qu'à 31 ans, j'ai désormais de l'expérience. Moi je sais développer des voitures, j'ai toujours eu ça en moi, dès gamin, et c'est précieux quand il faut développer des systèmes pour la Formule E comme pour l'endurance.. J'ai un bon ressenti technique, je sais travailler en équipe, je n'ai pas de difficulté particulière avec les consignes d'équipe, ça me laisse quelques qualités, il ne reste plus qu'à briller !
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité