JO Paris 2024 | Bouleversante De Jesus Dos Santos : "Là maintenant, j'ai juste envie de me cacher dans un trou"

C'est d'ores et déjà un moment qui restera, quoiqu'il arrive, comme l'un des plus déchirants de ces Jeux Olympiques de Paris 2024 pour le clan tricolore. Arrivée, comme toute l'équipe de France féminine, avec beaucoup d'espoirs et surtout des ambitions fondées, Mélanie De Jesus Dos Santos a vécu un véritable calvaire ce dimanche lors des qualifications.

Le cauchemar de la cheffe de file des Bleues, médaillées de bronze au concours par équipes des Mondiaux d'Anvers, a débuté dès le passage aux barres, où elle visait une finale. Après avoir vu ses coéquipières en difficulté sur l'agrès, "MDJDS" n'est pas parvenue à supporter le très lourd poids qui pesait sur ses épaules. "Je suis déçue de moi, a-t-elle confié à notre micro en fin de journée. J'ai essayé d'être forte, je n'ai pas réussi. Mon mental n'a vraiment pas tenu."

Le cercle vicieux était enclenché. Une première chute aux barres. Une seconde à la poutre - comme Coline Devillard quelques instants plus tard. Les nerfs ont fini par lâcher, les larmes par couler, malgré la tentative de réconfort d'un public de Bercy exceptionnel derrière les Françaises, avec la présence d'Antoine Griezmann. "Après la première chute, je me suis dit : 'Ce n'est pas grave, je me remobilise...', a-t-elle glissé à notre micro, une nouvelle fois envahie par l'émotion. Puis je refais une chute en poutre, puis je réessaie de me remobiliser. Je retombe au sol parce que je donne tout et que physiquement, ça ne tient pas. Je suis passée à côté de tout."

Ses notes (12.233 aux barres, 12.366 à la poutre, 12.700 au sol et 14.200 au saut) ont évidemment été très en-deçà de ses standards habituels. Et le constat est déchirant. Multiple championne de France, championne d'Europe au général (2019), à la poutre (2021) et par deux fois au sol (2018 et 2019), l'athlète avait choisi de s'exiler aux Etats-Unis, il y a deux ans, pour s'entraîner aux côtés de la reine Simone Biles. La Martiniquaise, très exigeante avec elle-même, sans doute un peu trop parfois, n'avait pas digéré des Jeux de Tokyo décevants à ses yeux. Au Texas, l'objectif était de découvrir une nouvelle méthode d'apprentissage. Et d'apprendre à mieux gérer les enjeux liés à son statut en France.

"J'avais tout mis en place pour être forte aujourd'hui et je n'y suis pas parvenue, a résumé De Jesus Dos Santos. Je suis passée à côté de mes Jeux. J'ai l'impression d'avoir fait tout ce travail pour rien. J'ai tout donné pendant deux ans et aujourd'hui ça n'a pas fonctionné. Il n'y a rien de positif aujourd'hui. [...] Ces Jeux signifiaient tout. C'était mes derniers Jeux et je n'ai pas réussi à prendre du plaisir. Je ne me suis pas amusée."

Après leur brillante performante à Anvers, les Bleues avaient fait de cette notion de plaisir - désormais ultra-développée au sein du Team USA, dans le sillage de Biles - un moteur pour performer. Le rendez-vous d'une vie, à domicile, dans une salle bondée, a sans doute étouffé ce besoin. Il n'y aura donc aucune finale pour les gymnastes tricolores, alors que la Fédération en espérait cinq, et comptait même sans doute sur la plus titrée pour arracher une médaille. Le coup de massue est immense. Pour De Jesus Dos Santos, il faudra sans doute de longs mois pour digérer : "Là maintenant, j'ai juste envie de me cacher dans un trou et de ne plus jamais en ressortir." Déchirant.