Handball - Mondial 2025 : Pour Dika Mem et l'équipe de France, une "cicatrice" à refermer
Publié 14/01/2025 à 00:06 GMT+1
Sortis dès les quarts des JO sur leur sol il y a 5 mois, les Bleus de Dika Mem, tête de turc après une improbable perte de balle ayant causé la sortie de route, sont de retour sur le devant de la scène pour le Mondial, qu’ils débutent face au Qatar ce mardi (18h). Alors que Paris 2024 est encore dans toutes les têtes, la France veut rebondir pour lancer au mieux l’après-Karabatic.
Six secondes et un but d'avance : L'énorme erreur qui a fait perdre le fil aux Bleus
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C’est sûrement la plus grosse contre-performance des Jeux de Paris. Au cours d’une olympiade record pour la délégation française, les handballeurs tricolores, habitués à porter haut les couleurs bleu-blanc-rouge tous les 4 ans depuis Pékin, d’où ils avaient ramené l’or en 2008 (avant de récidiver à Londres en 2012 puis à Tokyo en 2021, après la médaille d’argent ramenée de Rio en 2016), sont sortis par la petite porte de "leurs" Jeux, à Paris.
Éliminés en quart de finale par l’Allemagne (35-34, a.p.), après une phase de groupe souffreteuse, les hommes de Guillaume Gille, champions d’Europe sept mois plus tôt, étaient surtout abattus par le scénario rocambolesque de la fin de match. Et une improbable perte de balle de Dika Mem à quelques secondes du buzzer alors que les Bleus avaient un pied et quatre orteils en demi-finale.
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Mem héros malheureux : "J'ai l'impression d'avoir lâché l'équipe"
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Un traumatisme profond. "C’est vrai qu’on a connu quelque chose de difficile. Il faut en avoir conscience", reconnaissait le nouveau capitaine des Tricolores, Ludovic Fabregas, à la Maison du handball, dans la dernière ligne droite de la préparation au Mondial organisé à partir de ce mardi et jusqu’au 2 février en Norvège, Croatie et au Danemark. "Perdre comme ça chez soi, devant son public, c’est une désillusion", a appuyé Elohim Prandi.
C’est comme une cicatrice. C’est quelque chose qui restera toujours dans ma tête. Mais c’est passé
Si Gille évoque "une période qui a été cruelle", Dika Mem, principale cible des critiques, assure que l’épisode est oublié, à l’instar de tous ses coéquipiers interrogés. Après, on l’imagine, quelques maux de tête et nuits blanches : "Les JO, c’est derrière moi. Forcément, si on en reparle, c’est comme une cicatrice. C’est quelque chose qui restera toujours dans ma tête. Mais c’est passé. Le Mondial, c’est une autre opportunité de gagner une médaille", dit l’arrière droit tricolore, déjà extrêmement heureux de s’envoler avec le groupe bleu.
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Début idyllique, fin cauchemardesque : comment la France a sombré face à l'Allemagne
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Blessé à l’épaule droite et opéré fin novembre, il avait été annoncé, dans un premier temps, forfait pour ce tournoi. Mais il a entrepris une rééducation expresse pour prendre la direction de la Croatie, où les Bleus joueront les tours préliminaire et principal. Parce qu’il fallait effacer le crève-cœur parisien ? "Honnêtement non, je ne pense pas, a répondu un Mem déterminé et rasséréné. C’est une opportunité pour moi de gagner une médaille avec l'équipe de France, ce sont des choses qu’on ne prend pas pour acquis. Mais forcément, on ne va pas se mentir, le fait d’avoir été éliminé en quart de finale, de cette façon, j’avais encore plus envie d’être ici en janvier".
Quand je regardais ce qui se disait sur Dika Mem… On était sur du 'footix', c’était assez incroyable. On dénigrait sa personne, sa couleur de peau, pourquoi il était français...
Peu disert sur les quelques jours qui ont suivi l’élimination aux JO, Mem aurait vraiment tourné la page, malgré tout : "Quand je regardais ce qui se disait sur lui… On était sur du 'footix', c’était assez incroyable. On dénigrait sa personne, sa couleur de peau, pourquoi il était français, beaucoup de choses… Aujourd’hui, il sait qu’on est là pour lui, qu’on a toute confiance en lui", dit son coéquipier de la base arrière Elohim Prandi, lui aussi longtemps incertain après qu’il s’est gravement luxé l’épaule début novembre avec les Bleus.
Un groupe tricolore diminué par les blessures
"Il (Dika Mem) a la capacité de se relever de ça. Je pense que c’est le premier qui s’est dit ‘ok, on m’a bien mis dans la sauce, mais moi je vais montrer que Dika Mem n’est pas mort, qu’il ne se laisse pas enterrer’. C’est ce qui fait que c’est un grand joueur aujourd’hui, au-delà de ses performances handballistiques. Je l’ai senti envieux, acharné, combatif, encore plus avec sa blessure !", explique le joueur du PSG handball, tourné, comme le reste du groupe, sur le rebond tricolore.
"L’un des grands enseignements des JO c’est qu’on n'a pas su trouver notre carburation, on n’a pas su trouver la justesse dans notre jeu, c’est ce qu’on souhaite retrouver. On sait que c’est par le jeu, par le handball et par notre justesse sur le terrain qu’on retrouvera une dynamique positive", a ainsi exposé Guillaume Gille, rapidement suivi dans le diagnostic par Prandi : "Aux JO, on parlait beaucoup d’individualités, d’égos, de divisions... Dans un groupe, parfois, il y a des choses qui font que ça marche un peu moins. On a su se remettre de tout ça, on a tous pris du recul, chacun a fait son petit bonhomme de chemin".
Pour que ce Mondial soit réussi, il faut qu’on retrouve une cohésion, une solidité défensive ou offensive
"Le stage qui a suivi, j’ai eu l’impression qu’on a senti autre chose de beaucoup plus positif, collectif", a poursuivi l’arrière gauche, en référence aux deux succès glanés en novembre face à des cadors, la Suède (37-31) et la Norvège (31-27). Un rassemblement primordial pour cette équipe, à la fois pour mettre les JO 2024 derrière eux et surtout, entamer la reconstruction d’un groupe qui a perdu l’icône Nikola Karabatic, mais aussi Vincent Gérard, Valentin Porte ou Timothey N’Guessan. "On a échangé sur les points qui nous semblaient importants, de manière à démarrer cette nouvelle aventure et en même temps trouver des axes de progression", a complété Ludovic Fabregas.
Deux larges victoires en préparation pour se rassurer
Passé largement au travers l’été dernier, Nedim Remili, seul rescapé, avec Mem et Fabregas, du dernier titre mondial tricolore, remporté en 2017 à la maison, a reconnu à demi-mot s’être appuyé sur le soutien d’un préparateur mental individuel pour surmonter l’envol d’un rêve qui tenait à cœur de tous. "Il n’y a pas de cicatrice à refermer, on travaille dur, fort, on a remis des bases solides et maintenant il faut concrétiser ça, donc ne me parlez pas de cicatrice", a-t-il intimé aux journalistes. "Pour que ce Mondial soit réussi, il faut qu’on retrouve une cohésion, une solidité défensive ou offensive, l’assise qu’on avait sur les dernières compétitions avant ces fameux JO", a expliqué le joueur de Veszprem.
Lors des JO, on a eu un jeu beaucoup plus stérile, statique (...). Là, on essaye de mettre beaucoup de vitesse
"On veut, par le jeu et notre état d’esprit, repositionner la France dans le cercle des équipes qui comptent", poursuit Guillaume Gille, dont le travail a été grandement compliqué par les blessures en cascade. Privé de l'expérimenté Kentin Mahé, il n'a pas pu compter, non plus, sur ses deux ailiers titulaires, Yanis Lenne et Hugo Descat. Et il doit aussi faire sans Kylian Villeminot, l’un des joueurs les plus emballants de la nouvelle génération. Des absences qui laissent un doute sur la capacité de ces Bleus à viser la plus haute marche du podium, malgré les deux victoires en préparation face à la République Tchèque (38-28) et au Portugal (44-38).
"Lors des JO, on a eu un jeu beaucoup plus stérile, statique, qui ne nous a pas permis de développer les qualités des uns et des autres, rappelle Remili. Là, on essaye de mettre beaucoup de vitesse". Ce sera la mission des cadres, mais aussi des nouveaux, très nombreux sur la base arrière et donc sur les postes les plus exposés, tactiquement. Les Nantais Julien Bos, Aymeric Minne et Thibaud Briet, qui brillent en championnat et en Ligue des champions, sont particulièrement attendus, surtout les deux derniers.
C’est compliqué parce qu’il n’y a qu’un seul ballon, énormément de grands joueurs et que chacun dans nos clubs, on porte énormément la balle
"Ce sont des nouveaux joueurs qui ont une autre manière d’appréhender le handball, explique Nedim Remili. On essaye de faire en sorte que tout le monde puisse apporter son maximum pendant ses moments sur le terrain. C’est compliqué parce qu’il n’y a qu’un seul ballon, énormément de grands joueurs et que chacun dans nos clubs, on porte énormément la balle. Mais c’est cette envie de la partager qui nous fera gagner", assure l’ancien Parisien, qui débutera l’opération rachat face au Qatar ce mardi (18h, à suivre en DIRECT commenté sur Eurosport.fr).
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Luka Karabatic et Nedim Remili - Equipe de France
Crédit: Getty Images
"On a envie de repartir en reconquête. C'est quelque chose qui nous anime au plus profond de nous-mêmes, parce que l'équipe de France a toujours su rebondir après certains échecs. C’est ce qui fait qu’on la considère comme l’une des meilleures nations du monde", indique le capitaine Fabregas, alors que le Danemark, triple champion du monde en titre, fait figure de grand favori, même sans Mikkel Hansen, à la retraite après l’or olympique de Paris. Au pivot et ses coéquipiers de perpétuer l’héritage laissé par les anciens, et ainsi reléguer un peu plus l’échec de Paris 2024 au fond du placard.
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