Ivry porté vers l'avenir

Il y a l'image d'Epinal, celle d'un club d'une paisible banlieue communiste qui a su combiner performance et valeurs fraternelles, mais l'US Ivry Handball a aussi l'ambition légitime de grandir et de se transformer, une ambition rendue pressante après le gain de son 8e titre de champion de France de D1.

Alors que les trois quarts des joueurs ont suivi la formation maison, que la plupart ont usé les bancs des mêmes écoles, la réussite ivryenne est une séduisante antithèse à une forme prédominante de professionnalisme froid dans le sport. De cette proximité, voire de ces amitiés, est né un état d'esprit particulier qui a servi de moteur aux Rouges et Noirs.

"Ils mangent souvent ensemble, se voient en dehors des entraînements, beaucoup ont été à l'école ensemble ou habité les mêmes cités. Ce groupe a envie de marquer l'histoire de ce grand club, c'est ce qui fait sa force", remarque l'entraîneur Stéphane Imbratta. "Ils ont beaucoup de caractère, d'envie, c'est un vrai groupe de banlieusards, lance-t-il en riant. Ils ne viennent pas toujours à l'entraînement avec entrain, ça manque parfois de rigueur mais c'est plaisant. Ils aiment le ballon, leur sport et ils aiment se retrouver".

Les handballeurs ivryens sont tout sauf des mercenaires. Qu'ils soient du crû ou étrangers, tous sont priés de se fondre dans un moule dont les composants sont "l'ambition sportive, territoriale et humaine", énumère la présidente Béatrice Barbusse. "Je souhaite que ce club mette au centre de sa stratégie l'homme, avec un grand H. Pour passer le cap du professionnalisme, l'USI a dû adopter la logique d'une entreprise mais d'une entreprise citoyenne. Ivry a su conjuguer l'avenir au présent", explique-t-elle alors que le club va entamer sa 50e saison consécutive dans l'élite.

Pour faire honneur aux victoires du passé et fructifier la réussite au présent, Ivry s'est lancé dans plusieurs projets dont le plus important concerne la construction d'une nouvelle salle, le Gymnase Auguste-Delaune, tout mythique soit-il, ayant fait son temps. La rénovation entreprise après le titre de 1997 n'a été qu'un luxueux cache-misère qui ne suffit pas à faire de cet antre chaleureux un écrin digne d'une formation visant les sommets nationaux et européens.

L'ambition ivryenne se retrouve aussi simplement dans ses prestations sur le terrain, avec l'apogée d'un style de jeu ultra-rapide et spectaculaire, tout droit inspiré du handball allemand qui fait référence en la matière. Une tendance qui pourrait bien influencer l'ensemble du championnat français dans les prochaines années. "Ce qui nous caractérise en premier lieu cette saison, c'est notre audace. L'exemple-type ce sont Luc Abalo et Audray Tuzolana, des joueurs audacieux, talentueux" , souligne Stéphane Imbratta en évoquant ses deux ailiers prodiges.

"Le handball moderne, pour nous, est un handball qui attire le public dans les salles, un handball qui n'est plus pratiqué seulement dans les cours d'école ou de collèges mais doit être pratiqué dans des grandes salles, devant un public enthousiaste. On veut proposer des choses étonnantes et spectaculaires" , affirme-t-il.

L'US Ivry se veut résolument "novateur" clament en choeur ses dirigeants, qui aimeraient bien se débarrasser des étiquettes un rien condescendantes souvent collées au handball, ce "sympathique sport de cour d'école, un dérivé, en moins glamour, du basket-ball". Mais avec des atouts aussi précieux que les Abalo, Tuzolana, Mokrani ou autre Crépain, le club banlieusard sait qu'il a de quoi se conjuguer un futur loin des clichés passéistes, un futur au plus-que-parfait.