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Léna Grandveau et le vertige des Mondiaux : "Je ne peux pas imaginer ce que ça va être pour les JO"

Fabien Esvan

Mis à jour 06/01/2024 à 15:32 GMT+1

L'éloge de la décomplexion, voilà qui semble bien coller à Léna Grandveau. Révélation de l'équipe de France de handball, championne du monde en décembre, la jeune demi-centre (ou arrière-droite) de 20 ans a réalisé un tournoi de haute volée. A quelques heures de la reprise des Neptunes de Nantes en Ligue Européenne, la native de Beaune s'est longuement confiée à Eurosport.

Grandveau 'sauveuse de la France' en finale des Mondiaux ? "C'est un coup de génie"

Léna, il y a trois semaines, vous montiez sur le toit du monde avec vos coéquipières des Bleues. Est-ce que vous êtes encore sur votre petit nuage ?
Léna Grandveau : Je pense que j’y suis encore un peu. Ça reste quelque chose de grand, on ne peut pas oublier ça comme ça. Mais oui, il faut forcément passer à autre chose. Les Neptunes reprennent avec de gros objectifs avec l’équipe, c’est un autre parcours qui s'ouvre. J'ai hâte de reprendre, de découvrir cette aventure européenne. Le petit nuage équipe de France reste là quand même.
Vous avez été l'une des révélations du tournoi avec notamment une finale de gala (5 buts dont les 4 derniers des Bleues). Ce Mondial, c'est un sacré acte de naissance au très haut niveau ou c’est la continuité de ce que vous avez déjà mis en place ?
L. G. : Déjà, c’était tout nouveau pour moi de jouer arrière-droite. C’est une discussion que l’on avait eue avec Olivier (Krumbholz) un peu avant le Mondial. Il m’avait dit que si je voulais exister dans cette équipe, il fallait que je joue arrière-droite, sur un poste où je pouvais performer. J’ai pris ce rôle à cœur, même si j’ai pris un peu de temps pour l’accepter, ce n’est pas toujours facile de se dire que l’on ne va pas jouer à son poste que l’on va devoir un peu tout changer. Je suis contente d’avoir réalisé ce défi. J’ai su monter en grade pour prendre plaisir sur ce poste et en profiter.
Olivier Krumbholz a dit que vous aviez "sauvé la France parce [vous ne trouviez] pas de solutions en attaque". C'est un bel hommage…
L. G. : Je n’y croyais pas quand on me l’a dit. J’ai pris les opportunités qu’il y avait, je n’ai jamais rechigné, ce n’était pas ce jour-là que j’allais le faire. Je n’avais rien à perdre. C’était un match incroyable, j’ai juste pris les opportunités et foncé droit devant, ça s’est ouvert. C’était naturel pour moi. Quand je dis que c’était un truc de ouf, c’est que j’ai du mal à le réaliser. Comme je l’ai dit, c’est un coup de génie. Si j’avais voulu le faire, je ne l’aurais pas fait…
Je suis jeune, j'ai envie de prendre un peu tout ce qu’on me donne.
Cette capacité à doubler les postes est de plus en plus recherchée. Vous avez ce profil en étant capable de jouer demi-centre ou arrière-droite avec les Bleues. Qu'est-ce que vous préférez ?
L. G. : J’ai la chance de pouvoir jouer un peu sur tous les postes. À Nantes, j’ai beaucoup fait arrière-gauche et demi-centre. Ce poste de demi-centre, il me tient à cœur. C’est un poste difficile car il faut faire jouer les autres, décider de la combinaison, je n’ai pas envie de quitter ce rôle-là, mais j’ai envie de m’ouvrir à autre chose et mettre mes qualités sur tous les postes. C’est ce que j’ai réussi à faire pendant ce Mondial. Je suis jeune, j'ai envie de prendre un peu tout ce qu’on me donne. J’ai beaucoup de choses à apprendre, je trouverai mes marques petit à petit.
Cette manière de jouer décomplexée, c'est ce qui vous caractérise ?
L. G. : C’est un peu ma stratégie. Je suis quelqu’un qui stresse énormément, surtout quand je vais en équipe de France. Je suis jeune dans cette équipe, il y a quand même de l'expérience, j'arrive à montrer autre chose et c'est ce qui est important. Quand je rentre sur le terrain, il faut que j'arrive à tout oublier, juste être moi-même pour performer ou non, mais juste de tout donner.
On avait l'impression qu'il ne pouvait rien arriver à cette équipe de France. Vous aviez le même ressenti au sein du groupe ?
L. G. : Ça a mal commencé malgré tout. On n'était pas les plus sereines. Petit à petit, on a su se construire notre outil, notre petit groupe. ça a bien fonctionné. Entre nous, on était très ouvertes. Avec le staff, on a vraiment construit des allers-retours de communication qui ont énormément servi à l’équipe entière. Ce sera important de garder ce rythme-là pour que tout le monde puisse s’exprimer. On avancera comme ça vers d’autres médailles.
Dans sept mois maintenant, il y aura les Jeux Olympiques de Paris, encore un rendez-vous de choix dans votre jeune carrière…
L. G. : C’était déjà un rendez-vous fort quoi qu’il arrive. On a la chance de pouvoir le vivre. Bien sûr que c’est un rêve, mais il faut travailler, ça n’arrive pas comme ça. Je veux être moi-même sur un terrain et tout donner pour faire partie de cette liste. C’est un objectif incroyable avec une saveur particulière. Les émotions du Mondial ont été décuplées en je ne sais combien, je ne peux pas imaginer ce que ça va être pour les Jeux.
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Grandveau : "Les JO de Paris, bien sûr que c'est un rêve"

Vous étiez la plus jeune au sein du groupe France. Est-ce que vous avez été couvée ou alors tout le monde est logé à la même enseigne ?
L. G. : On n'a pas la même expérience que certaines. L’étiquette, on se la met soi-même. Elles savent très bien que j’ai 20 ans, certaines en ont plus de 30. il faut se faire sa place, ce n’est pas facile d’arriver dans cette équipe, car il y a des titres, des médailles. Il faut se faire sa place tranquillement, ne pas arriver trop vite. Il faut garder les pieds sur terre, il faut travailler, il faut discuter. On est toutes logées à la même enseigne, mais on respecte les expérimentées comme dans toutes les équipes. J’ai vécu un très, très beau Mondial à leurs côtés. Il faut accepter la place qu’on a et je la prends volontiers.
Je n’ai pas de modèle en particulier, il faut prendre tout ce qu’il y a à prendre. Il faut construire sa propre identité.
Avez-vous des modèles ou des sources d'inspiration ?
L. G. : J’ai toujours regardé du handball. Je n’essaye pas de ressembler à quelqu’un, j’essaye de prendre un peu partout même chez les garçons car ils ont des capacités physiques et des tirs exceptionnels. Je n’ai pas de modèle en particulier, il faut prendre tout ce qu’il y a à prendre. Il faut construire sa propre identité.
Dans quels aspects du jeu estimez-vous avoir la plus grande marge de progression ?
L. G. : J’aimerais bien qu’on me fasse un peu plus confiance en défense. En équipe de France, j’ai pu m’exprimer et jouer tout le long en défense. Je compte vraiment travailler sur ce point. Je n’ai que 20 ans, il y a tellement de choses sur lesquelles je peux travailler. L’aspect défensif fait partie de mon registre prioritaire.
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Léna Grandveau lors du Championnat du monde de handball 2023

Crédit: Imago

Samedi, c'est le début de la phase de groupes de la Ligue Européenne (à suivre sur Eurosport). C'est un objectif assumé au sein de l'équipe (après le sacre en 2021) ?
L. G. : La première ambition, c’est le Final Four, on ne va pas se le cacher. Si on peut la gagner, on va la gagner, on a une équipe pour. C'était un peu compliqué au mois de décembre au sein de l'équipe. Ça va mieux et on sait ce qu’on a à faire.
Pourquoi avoir choisi Nantes au moment de quitter Bourg-de-Péage en 2022 ?
L. G. : Nantes m’a donné l’opportunité de me sauver de la crise péageoise. Le club affiche des ambitions très, très hautes. J’aime me battre, les petites étapes, j’ai envie de construire ma propre carrière. J’ai tout de suite accroché au projet de Nantes. J’aime la gagne. Je suis très heureuse d’avoir rejoint Nantes.
En février dernier, vous avez prolongé pour deux ans avec Nantes. Comment vous sentez-vous après une saison et demie chez les Neptunes ?
L. G. : J’ai pris beaucoup d’expérience. J’assume complètement d’avoir choisi ce club. Je pense que c’est important d’avoir de l’expérience, mais aussi des jeunes qui apportent de la vitesse, de l’inattendu. C’est une équipe très scandinave avec une coach danoise. Le jeu est assez rapide, cadré, il n’y a pas trop de place pour l’inattendu. Il faut savoir rentrer dans le projet. J’avais fait ce choix pour découvrir une autre culture du handball. La culture défensive française me manque un peu, je l’avoue.
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