Jeux Olympiques - Paris 2024 - Athlétisme - Kévin Mayer : "C'est inconcevable de ne pas être à Paris"

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ParEurosport

Mis à jour 29/03/2024 à 13:22 GMT+1

De retour en France une semaine après son échec dans sa quête de qualification olympique lors du décathlon de San Diego, Kevin Mayer a accordé son premier entretien à Eurosport. Touché par les critiques mais loin d’être coulé, le double champion du monde a déjà repris le chemin de l’entrainement. Gonflé à bloc et avec vue sur une seconde tentative qui ne devrait pas avoir lieu avant fin avril.

Episode 1 : Mayer, champion avide d'autonomie

Entretien réalisé par Gérald MATHIEU.
 
Kevin, une semaine après avoir dû stopper votre décathlon de San Diego au bout de quatre épreuves, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Kévin Mayer : Je suis dans un état d'esprit assez détendu. Je suis déjà retourné à l'entraînement et je fais tout ce qu'il faut pour que mon prochain décathlon se termine mieux.
Prendre du recul sur les événements n’a pas dû être évident…
K.M : Oui, j’ai pris du recul sur les événements. Un décathlon, ce n’est jamais évident. Cette année, mieux vaut en commencer cinq et en terminer un de la bonne manière sans blessure que d’en terminer un avec des dettes pour les JO. Donc clairement, je prendrai le temps qu'il faut et je ferai ce qu'il faut pour que tout se passe bien dans les prochains mois.
Votre point de tension qui vous a fait stopper a-t-il été clairement identifié ?
K.M : C’est un point de contracture au niveau du grand adducteur de la cuisse droite. Clairement, ce que je veux, c'est pas que ça pète ! C’est de ne pas avoir une dette pendant 2 mois. C’est passé au 100m, c’est passé à la longueur, c'est passé au poids, ça n’a pas tenu à la hauteur… C'est lié à l'enchaînement des quatre épreuves qui font le plus travailler ma cuisse droite car après, on va dire qu'elle est en semi-repos pendant les six autres épreuves. Mais il n’y a rien d'inquiétant.
 Il y a plein de dates et on prendra la décision peut-être une semaine avant le décathlon
C’est donc la sagesse qui l’a emporté ?
K.M : Il faut savoir que la prise de décision se fait avant que ce soit dramatique. Je connais plutôt bien mon corps là-dessus et je sais arrêter quand il faut pour ne pas créer de dette pour les JO.
D’autant que vous vous êtes également déclenché une tendinite à la rotule après avoir perdu une pointe sous votre chaussure lors du concours de la longueur…
K.M : C’est à partir de là que tout est parti en cacahuète ! J’ai clairement le pied gauche qui a glissé au moment de l’impulsion. Ca a créé des tensions et quand on commence un décathlon comme ça avec une micro gêne, ça se transforme au fur et à mesure des épreuves. Donc ce n’est pas quelque chose de très grave mais ça peut gâcher un décathlon. Je sais qu'on ne connaît pas beaucoup le décathlon mais croyez-moi : à chaque fois que j'ai fait des minima, j'ai arrêté au moins 2 ou 3 décathlons dans la saison donc je sais ce que c'est et je sais que le grand public ne le comprend pas… Pour trouver le bon décathlon au bon moment, il y a des ratés et ça en faisait partie.
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Kevin Mayer lors du décathlon de San Diego, le 21 mars 2024

Crédit: Getty Images

Combien de temps vous donnez-vous avant de repartir à l’assaut de la qualification olympique ?
K.M : Là clairement, j'ai jusqu'à fin juin pour me qualifier. Je sais qu'il faut un décathlon. Je suis plutôt très fiable techniquement donc je n'ai pas très peur du 0 en décathlon. Je me donne du temps pour mon corps. Je sais que mars-avril est toujours une période compliquée pour mon corps.  Il y a toutes les allergies qui sortent et je suis très sensible à ça. Donc clairement, je ne donne pas de date pour les décathlons. A partir de maintenant, il y en aura un pratiquement toutes les semaines en Europe. Donc dès que je me sentirai bien, j'irai faire un décathlon.
Si on suit votre logique, ce ne sera donc pas avant fin avril-début mai ?
K.M : Oui c'est complètement ça. L’idée est de me laisser du temps. Je me connais très bien maintenant. J'ai 32 ans et mes expériences m'ont montré que j'ai souvent eu raison sur le moment où il fallait arrêter et celui où il fallait y aller. Je sais que on aimerait que j’y aille tout le temps mais la raison pour laquelle je suis au haut niveau depuis maintenant douze ans, c'est aussi parce que je sais m'arrêter. Donc je ne veux pas communiquer sur la date de mon prochain décathlon. Il y a plein de dates et on prendra la décision peut-être une semaine avant le décathlon, je pense.
 
Les gens ont envie de vibrer à travers moi à Paris, il faut que j'assume cette attente
 
On parle de Brescia, des Canaries, des Cyclades, des Championnats de France de décathlon à Oyonnax pour éviter une trop grosse pression médiatique : avez-vous déjà arrêté un short-list ?
K.M : Peu importe où je serai, la pression médiatique sera là puisque je suis allé à San Diego pour être tranquille et les médias m'ont suivi donc je pense que maintenant, je ne peux plus me cacher. Il faut que je fasse avec la pression médiatique. Je me rends compte que Paris 2024 est une toute autre histoire par rapport aux années précédentes et c'est quelque chose qu'il faut que j'accepte donc je ferai vraiment en fonction de la période et pas en fonction de l'endroit. Ca peut très bien être un tout petit décathlon, comme ça peut être Götzis (L'un des temples du décathlon qui se déroulera cette année les 18 et 19 mai, ndlr).
En termes d’ambiance et d’émulation, Götzis pourrait être lé décathlon idéal ?
K.M : Götzis, c’est l’un des berceaux du déca mais les deux fois où j'y suis allé, une fois il avait neigé et l'autre fois, il avait plu les deux journées ! Bon, je ne vais pas vous cacher que j'adore l'émulation que représente Götzis mais j'aime beaucoup moins les conditions. Donc si je peux éviter de faire Götzis... Même si c’est toujours un plaisir de retrouver le gratin suprême du décathlon là-bas avec tous les meilleurs, c'est moins un plaisir de faire un 100m à 8°C ou des choses comme ça.
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Kevin Mayer au 100 m à San Diego, le 21 mars 2024.

Crédit: Getty Images

Je vais douter jusqu'au moment où je serai sur la piste et où je m'exprimerai
Après votre échec à San Diego, vous n’avez pas été épargné par la critique. Cela vous a-t-il fait prendre conscience que l’attente envers avait atteint un nouveau degré ?
K.M : Oui, je le pense. Je me suis rendu compte de ça et c'est vrai que ça m'a surpris. Sur le moment, je l’ai peut-être mal vécu mais avec un peu de recul, je me dis que c'est de l’attention que je reçois et je ne veux pas cracher dessus. Au contraire. C'est sûr qu'il y aura toujours des gens moins bien attentionnés que d'autres personnes. Et plus on est exposé, plus on est attendu, et plus il y aura de chances qu'on soit confronté à des commentaires pas très agréables. Mais je vois ça d'un côté positif et je me dis que ce n’est que de l'attention. Les gens ont envie de vibrer à travers moi à Paris, il faut que j'assume cette attente. Avant tout, je fais de l'athlétisme pour moi et je pense que c’est le meilleur moyen pour faire vibrer les gens le Jour J.

Vous imaginez-vous échouer et regarder les Jeux Olympiques de Paris devant votre télé ?
K.M : C'est inconcevable de ne pas être à Paris. Après, cela peut arriver que je n'y sois pas, mais ça ne m’est pas arrivé de ne pas me qualifier depuis des années et des années. J'ai toujours eu cette pression de me demander si j’arriverais à me qualifier. Je suis athlète de haut niveau depuis longtemps. Ces questions, quand on se les pose dans l’attente et qu’on ne se les pose pas dans l’action, ça crée des étincelles, mais je sais que je suis capable de faire ça. Je vais douter jusqu'au moment où je serai sur la piste et où je m'exprimerai.
Vous êtes donc résolument optimiste ?
K.M : Vous savez, pour revenir sur San Diego, j’ai réalisé un très bon premier début de décathlon parce que j'ai fait 10’’75 sur 100m et c’est ma deuxième meilleure rentrée de tous les temps. Et normalement, ma rentrée c’est avril-mai. Donc d’un point de vue statistique, je suis très en forme. Maintenant voilà, j'ai beaucoup de doutes parce que je n'avais pas fait de compétition depuis Budapest (les Mondiaux l’été dernier), pas de 100m,… Ca me rassure énormément sur mon niveau à cette période-là et du coup, je pense que je vais pouvoir calmer un peu l'entraînement pour me laisser une chance de n'avoir aucune tension pour disputer un décathlon.
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