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Sotchi : météo agréable pour des JO d'hiver (chronique de Patrick Lafayette)

Patrick LAFAYETTE

Mis à jour 11/02/2014 à 19:49 GMT+1

Une température de 17°C est annoncée jeudi sur le Parc olympique d'Adler. A Sotchi, les Jeux n'ont presque d'hiver que le nom. Mais ce n'est pas une première.

Sotchi 2014, printemps

Crédit: AFP

Depuis déjà longtemps, disons que ç’a commencé avec Sarajevo en 1984, l’attribution des Jeux d’hiver a donné lieu à son lot de polémiques météorologiques. Grenoble, première ville hôte "non station" de sports d’hiver y avait échappé… Même si, a posteriori, le choix de Chamrousse, réputée pour ses bancs de brume récurrents et persistants, avait été l’objet de critiques : ce fut d’ailleurs la première fois de l’histoire olympique, en 1968, que la descente masculine, traditionnel baromètre, avait dû être repoussée.
Sotchi, évidemment, cité balnéaire au climat qualifié de "subtropical", avec ses étés chauds et ses hivers doux (jamais la température n’y est descendu en dessous de – 13°C), n’a pas échappé aux sarcasmes. Mais pour l’instant, tout s’y passe à peu près bien, les monceaux de neige (700.000 m3!) stockés pour parer à cette difficulté prévue et anticipée remplissent leur office. Si les terrains demeurent pelés autour des pistes, les compétitions se déroulent sur d’impeccables tapis blancs, quoique parfois ramollis. Les concurrents du half pipe s’en sont plaint.
Les jours qui viennent, avec ce soleil printanier et le redoux annoncé, pourraient être plus délicats. Mais, même si elles se disputent dans de la "soupe", les compétitions de ski, les plus sensibles à la chaleur, devraient se dérouler sans trop d’encombres. Ce qui ne fut pas le cas par le passé, les précédents sont nombreux…
A une époque où le réchauffement climatique peut faire craindre, à un horizon incertain, la disparition pure et simple de l’événement, Sotchi s’en sort finalement plutôt pas mal, même si les écologistes vont trouver à redire sur les méthodes.
Il y a quatre ans déjà, sur les hauteurs de Whistler qui dominent Vancouver, l’influence océanique s’était fait singulièrement sentir. Et si on avait pu parfois déjeuner en terrasse à 900 mètres d’altitude, en bronzant et par 13°C, le calendrier des compétitions (aux notables exceptions, toutefois, de la descente masculine, encore, et du super-combiné dames) n’en avait guère souffert. Signe des progrès dans les domaines de la conservation et fabrication de poudreuse ainsi qu’en matière de… produits chimiques. Ç’avait en revanche été bien plus problématique à Sarajevo (1984) et à Nagano-Hakuba (1998), sites contestés et finalement, bien plus contestables puisque soumis à des temps pourris qui avaient durablement retardé les départs.
En 1956 à Cortina ou en 1964 à Innsbruck, des militaires avaient été réquisitionnés pour aller gratter les glaciers et ainsi pallier le manque de flocons. Dès 1924 à Chamonix, la pluie avait failli gâcher la première fête des sports d’hiver… Comme quoi, organiser dans d’authentiques stations n’apporte pas de garantie : les Mondiaux d’alpin de 1974, à Saint-Moritz, étaient restés pendant près d’une semaine englués dans un brouillard impossible à percer, et ceux de 2007 à Are, en Suède, avaient attendu trois jours pour démarrer, paralysés par le blizzard et la froidure. Quant à ceux de Sierra Nevada, prévus en 1995, ils avaient carrément été reportés d’un an, les pentes étant désespérément restées vert prairie ! Mais il est vrai que la FIS avait alors pris le risque d’aller en Espagne, et du côté de ses versants sud…
A une époque où le réchauffement climatique peut faire craindre, à un horizon incertain, la disparition pure et simple de l’événement, Sotchi s’en sort finalement plutôt pas mal, même si les écologistes vont trouver à redire sur les méthodes. D’ailleurs, le port de la mer Noire peut s’enorgueillir d’un cercle de sommets enneigés rapprochés qui lui confèrent un aspect semi-montagnard qu’une ville comme Nice, pourtant candidate incontestée à la candidature pour 2018, ne peut revendiquer. Et qui dit que demain, au rythme où tout cela va, Dubaï ou le Qatar ne seront pas, là aussi, de crédibles prétendants ?

Trois chiffres pour comprendre

  • 6. Six fois la descente hommes des JO d’hiver a dû être reportée : en 1968 (neige et vent sur Chamrousse), en 1972 (neige sur Sapporo), en 1984 (tempête sur Sarajevo), en 1988 (vent sur Calgary), en 1998 (brouillard et neige sur Nagano) et 2010 (pluie et température trop douce sur Whistler).
  • 7. Sept jours, c’est le record de durée pour le report d’une descente olympique hommes : celle de Nagano en 1998, initialement prévue le 9 février, fut disputée, d’annulation en annulation, finalement le 16 ; avec la victoire du Français Jean-Luc Crétier à la clé !
  • 17. En degrés celsius, la température annoncée pour ce jeudi sur le Parc olympique d’Adler, près de Sotchi. Le même jour, il aura sans doute fait 6°C à Laura dans l’après-midi, sur le site du biathlon, avant que la température retombe à 4°C quand sera donné le départ du 20 kilomètres masculin. Vendredi, il devrait faire aux environ de 11°C sur les pistes de Rosa Khutor entre les deux manches du super-combiné hommes.
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