Rétro JO: Salt Lake 2002

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ParEurosport

Publié 03/02/2010 à 11:00 GMT+1

19e et dernier épisode de notre rétro des Jeux Olympiques d'hiver, avec Salt Lake City 2002. Six mois après les attentats du 11 septembre 2001, la cité de l'Utah accueillait des J.O. sous haute tension. La Croate Janica Kostelic en fut l'incontestable reine.

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AU COEUR DES JEUX
Entre le parfum de scandale qui a entouré sa désignation par le CIO (cas de corruptions avérés) et la peur du terrorisme, cinq mois après les attentats du 11 septembre, Salt Lake City accueille le monde de l'olympisme dans une ambiance fébrile et un contexte ultra-sécuritaire. La ville de l'Utah est d'autant plus attendue au tournant que personne n'a gardé un bon souvenir des précédents Jeux organisés sur le sol américain, six ans plus tôt, à Atlanta.
Pourtant, Salt Lake va globalement gagner son pari. La présence policière, sérieusement renforcée, ne sera jamais oppressante, laissant place à la fête. L'un des faits marquants de cette XIXe édition reste l'accélération de l'internationalisation des Jeux d'hiver. Plusieurs nouveaux pays émergent au palmarès, comme la Chine et l'Australie, et 18 pays différents remportent au moins une médaille d'or, un record.
Les nations traditionnelles continuent néanmoins de truster la plupart des récompenses. L'Allemagne termine en tête du tableau des médailles, avec 35 podiums, dont 12 titres. Chez eux, les Américains pulvérisent tous leurs records en décrochant 34 médailles, dont 10 titres. Du jamais vu. L'équipe de France n'est pas en reste en obtenant 11 médailles, son meilleur score en dehors de son territoire.
Mais ces Jeux restent également marqués par deux scandales majeurs. Le premier a impliqué en patinage artistique la juge française Marie-Reine Legougne, accusée d'avoir suivi des consignes en favorisant le couple russe Berezhnaya-Sikarudhlidze. Ces derniers doivent alors partager leur médaille d'or avec les Canadiens Jamie Sale et David Pelletier. Le dopage fait quant à lui des ravages en ski de fond. Trois athlètes, et non des moindres, sont contrôlés positifs à la darbépoïétine alfa, nouvel avatar de l'EPO: Johann Mühlleg, l'Hispano-allemand qui avait obtenu trois médailles d'or, est ainsi exclu des Jeux la veille de la cérémonie de clôture. Les Russes Lazutina (17 médailles olympiques ou mondiales depuis le début de sa carrière) et Danilova sont également sanctionnées.
A SAVOIR
Nombre de nations: 77
Nombre de participants: 2399 (1513 hommes et 886 femmes)
Nombre d'épreuves: 78 dans 7 sports différents
Dates: Du 8 au 24 février
Pays le plus médaillé: Allemagne (35)
Nombre de médailles françaises: 11
Ouverture officielle: George W. Bush
Serment: Allen Church (ski alpin)
LA PETITE HISTOIRE
La bobeuse américaine Vonetta Flowers et le hockeyeur Jarome Iginla deviennent les premiers athlètes noirs à remporter une médaille d'or aux Jeux Olympiques d'hiver.
En short track, l'Australien StevenBradbury profite de la chute de tous ses adversaires en finale pour décrocher la médaille d'or la plus improbable de l'histoire. Il avait déjà bénéficié de circonstances similaires en quarts puis en demi-finales.
La patineuse de vitesse Yang Yang offre à la Chine son tout premier titre olympique aux Jeux d'hiver.
LES HEROS
Ole EinarBjoerndalen (Biathlon, Norvège)
Discipline relativement jeune sur la scène olympique, le biathlon a incontestablement trouvé sa star en la personne d'Ole Einar Bjoerndalen. Déjà sacré en 1998 sur le sprint, le Norvégien sera le grand monsieur des Jeux de Salt Lake City. Paradoxalement, c'est pourtant en ski de fond qu'il dispute sa première épreuve dans l'Utah. Un 30 kilomètres en guise de mise en jambes, dont il prend d'ailleurs une probante 6e place. La machine Bjoerndalen est lancée. Elle ne s'arrêtera plus.
C'est bien simple, le champion de Drammen va tout rafler. Il commence sa moisson en remportant le 20km devant l'Allemand Frank Luck. A nouveau vainqueur dans le sprint, devant un autre Allemand, Sven Fischer, il contient ensuite le retour de Raphaël Poirée lors de la poursuite. Intouchable lors des trois épreuves individuelles, OEB parachève son chef d'oeuvre en menant l'équipe norvégienne au titre lors du relais. Quatre courses, quatre médailles d'or. Bjoerndalen est l'homme de ces Jeux et s'impose comme le plus grand biathlète de l'histoire.
Janica Kostelic (Ski alpin, Croatie)
Si Bjoerndalen fut le monarque absolu de ces Jeux, Janica Kostelic en fut la reine. Comme le Norvégien, la Croate quitte Salt Lake City avec quatre médailles dans ses valises, mais seulement trois en or. Révélée l'hiver précédent, lorsqu'elle a remporté à moins de 20 ans le classement général de la Coupe du monde, Kostelic débarque dans l'Utah avec un seul but : se couvrir d'or. Elle ne va pas être déçue. Elle domine d'abord le combiné, le jour de la Saint-Valentin, en dominant les deux manches du slalom. Il ne lui reste plus qu'à assurer lors de la descente, pour s'imposer devant Goetschl et Ertl.
La soeur cadette d'Ivica a d'ores et déjà rempli son contrat, mais on n'a encore rien vu. Trois jours plus tard, elle s'offre l'argent en Super G, derrière l'étonnante italienne Daniela Cecarrelli. Il n'aura manqué que cinq centièmes à Janica pour glaner à nouveau l'or. Ce n'est que partie remise. Dans sa discipline de prédilection, le slalom, Kostelic décroche son troisième podium et son deuxième titre. Cette fois, les centièmes penchent du bon côté pour elle... et du mauvais pour Laure Péquegnot, battue pour sept centièmes.
A cet instant, Kostelic est déjà la grande triomphatrice des épreuves de ski alpin. Pourtant, elle n'a pas encore étalé toute sa classe. Le meilleur reste à venir. Ce sera pour le géant, au cours duquel elle atteint une forme de plénitude. Anja Paerson, deuxième, est reléguée à une seconde et trente-deux centièmes. En ski alpin, seuls Toni Sailer et Jean-Claude Killy avaient réussi à remporter trois médailles d'or lors d'une même olympiade. Et dire que la Croatie n'avait encore jamais goûté au plus précieux métal lors des Jeux d'hiver... Janica a offert à son pays une véritable orgie.
Sampa Lajunen (Combiné nordique, Finlande)
Sampa Lajunen est quasiment né avec des skis de fond aux pieds. Il découvre le saut quelques années plus tard, à l'âge de neuf ans. Aussi à l'aise dans ces deux disciplines si différentes, le Finlandais ne pouvait que s'orienter vers le combiné nordique. Il n'aura pas à regretter son choix. Vainqueur de la Coupe du monde à seulement 17 ans, il décroche deux médailles d'argent aux Jeux Olympiques de Nagano, en 1998.
Mais c'est dans l'Utah, quatre ans plus tard, que Lajunen va connaître son heure de gloire. Il s'impose dans l'individuelle, par équipes, mais également lors du sprint, épreuve nouvellement inscrite au programme. La concurrence est écrasée, écoeurée. Il n'a alors que 22 ans, mais sa carrière est déjà presque derrière lui. Sampa Lajunen a pris sa retraite à la fin de la saison dernière, laissant les portes de la gloire grandes ouvertes à son compatriote Hannu Manninen, son digne successeur.
LES MEDAILLESFRANCAISES
OR: 4
Jean-Pierre Vidal (Ski alpin, Slalom)
Après un début de carrière perturbé par les blessures, Jean-Pierre Vidal éclate au grand jour au cours de l'hiver 2001-2002, remportant le premier slalom de sa carrière en Coupe du monde, à Kransjka Gora. Lorsqu'il débarque dans l'Utah, le skieur de la Toussuire compte parmi les principaux favoris, mais sa capacité à supporter la pression laisse perplexe. L'attention se focalise davantage sur Bode Miller ou Ivica Kostelic.
Mais Vidal est sûr de son coup. Sur le parcours ultra-sélectif de Park City, il sort une première manche ahurissante, creusant des écarts énormes: seul Miller, à 36 centièmes, s'accroche encore. Les autres sont au-delà de la seconde manche. Mais Miller part à la faute sur le second tracé. Vidal n'a donc plus qu'à assurer. Il le fait magistralement, pour s'imposer avec 76 centièmes d'avance sur son pote Sébastien Amiez. Un doublé pour l'éternité.
Carole Montillet (Ski alpin, Descente)
La descente au paradis. Quatre mois après l'enfer. Carole Montillet a vécu un début de saison cauchemardesque, endeuillé par le tragique décès de Régine Cavagnoud. Dès lors, Carole doit tout assumer: le poids de l'héritage, du souvenir, du chagrin. Elle doit skier pour elle, pour son pays et pour Régine. C'est beaucoup. Sans doute trop. Elle pourrait craquer. Mais elle va tenir, transformant sa rage en énergie positive.
Une minute, trente-neuf secondes et cinquante-six centièmes de pur bonheur. Partie avec un des premiers dossards, la Villardoise voit ses rivales, une à une, se casser les dents sur son chrono. Personne ne le battra, pas même Isolde Kostner et Renate Goetschl, qui l'accompagnent sur le podium. Elle n'avait encore jamais gagné la moindre descente en Coupe du monde. Mais Carole ne croit pas au hasard. Si elle a triomphé ce jour-là, c'est qu'une bonne étoile veillait sur elle, là haut.
G.Peizerat, M.Anissina (Patinage artistique, Danse)
Gwendal Peizerat et Marina Anissina, c'est l'union du feu et de la glace. Il brûle de partager son bonheur et ses émotions. Elle met un point d'honneur à ne rien dévoiler. Un mariage de raison, plus que de passion. Ces deux-là n'ont presque rien en commun. Mais une fois en scène, ils donnent le sentiment de ne plus faire qu'un, dénichant on ne sait où une indispensable complicité. Sacrés champions du monde en 2000, ils abattent à Salt Lake leur dernière carte olympique.
L'atout sera maître, en dépit d'un contexte pesant. L'affaire de la juge française Marie-Reine Legougne a fait grand bruit quelques jours auparavant. Les médias américains supputent que le couple français a déjà l'or en poche, que l'affaire a été arrangée. Peizerat et Anissina font la sourde oreille, restant focalisés sur leur objectif. Ce n'est pas le moindre de leurs mérites. Ils livrent un beau programme libre, sur le thème de la... liberté. Ils sont libres comme l'or.
Isabelle Blanc (Snowboard, Géant parallèle)
Le snowboard français fut déjà à l'honneur quatre ans plus tôt à Nagano grâce à Karine Ruby. La jolie blonde est encore là quatre ans plus tard, mais c'est une autre Tricolore, brune cette fois, qui vient la priver de la médaille d'or. Isabelle Blanc a donc droit elle aussi à sa part de gloire en s'imposant dans le slalom géant parallèle. Une concrétisation logique, tant elle a dominé sons sujet tout au long de la saison.
ARGENT: 5
Laure Péquegnot (Ski alpin, Slalom)
L'or n'était qu'à sept centièmes, mais Laure, attendue au tournant, a eu le grand mérite de ne pas décevoir.
Sébastien Amiez (Ski alpin, Slalom)
13e de la première manche, "Bastoune" accomplit un deuxième tracé de rêve pour s'offrir l'argent, derrière Vidal.
Doriane Vidal (Snowboard, Halfpipe)
La toute première médaille française de ces Jeux de Salt Lake City.
Karine Ruby (Snowboard, Géant parallèle)
Grippée, elle n'était pas au top. Une belle confirmation, après l'or de Nagano.
Raphaël Poirée (Biathlon, Poursuite hommes)
Dans l'ombre de Bjoerndalen, mais avec deux médailles, il a réussi ses Jeux.
BRONZE: 2
R.Poirée, J.Robert, V.Defrasne, G.Marguet (Biathlon, Relais 4x7,5km hommes)
Avec Poirée à la baguette, le relais est venu confirmer la belle santé du biathlon français.
Richard Guay (Ski acrobatique, Bosses hommes)
Il perpétue la tradition des bosseurs français, dans la lignée de Grospiron.
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