MOTOGP - Marquez (Honda) n'a aucun souci à se faire, Dovizioso (Ducati) a des raisons d'y croire

"Never say never in MotoGP". C'est l'une des expressions favorites de Nick Harris, illustre voix de ce fabuleux sport, en passe de filer vers une retraite bien méritée. Le Britannique maîtrise l'histoire moderne du Mondial comme aucun autre, il a fréquenté les circuits 38 années durant (!), et il a appris, au fil de sa longévité, à le répéter. "Ne jamais dire jamais en MotoGP". Le dicton résonne dans les paddocks de Cheste, qui accueille la dernière manche de la saison, alors que Marc Marquez (Honda HRC), 21 points d'avance sur Andrea Dovizioso (Ducati Team), a de grandes chances d'y être sacré.

Son avantage technique : depuis son arrivée en MotoGP, les circuits "anticlockwise" -qui tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre- sont aussi des circuits "Marquez". Sur les sept tracés anti-horaires que sont ceux d'Austin, Indianapolis, Laguna Seca, Sachsenring, Aragon, Phillip Island et Cheste, l'Espagnol a décroché 20 victoires sur 29 possibles. Monstrueux. Le champion du monde en titre est aussi un génie du Dirt Track et a, au fil de son apprentissage, développé une appétence naturelle pour les virages à gauche. "C'est vrai que ces circuits me réussissent plutôt bien..." avait-il confirmé en conférence de presse.

Son historique à Cheste : quatre courses, une seule victoire, en 2014, et des podiums ces deux dernières saisons. En 2013, il avait bouclé une course stratégique décrocher son premier sacre. En 2015 et 2016, le titre était déjà joué.

Sa faiblesse : lui-même ? Marquez n'a pas de faille technique. En revanche, il livre une bataille psychologiquement perpétuelle contre ses principes et sa philosophie, qui consiste à attaquer sans calculer, qu'importe le contexte et les enjeux. Cette saison comme l'année dernière, il a fait preuve d'une impeccable maîtrise. Mais pour l'esprit, un (potentiel) jour de couronnement n'est pas comme tous les autres...

Son avantage technique : Dovizioso s'est découvert une étonnante faculté à adapter sa machine à n'importe quel tracé. Il s'est forgé un mental de champion du monde qu'il n'avait pas auparavant. Le départ d'Andrea Iannone, ancien coéquipier encombrant, a peut-être été l'élément déclencheur. Amedeo Maffei, psychologue spécialisé dans la relation entre le cerveau, l'esprit et le corps, a aussi eu une importance fondamentale puisqu'il l'a accompagné tout au long de la saison. "Avec lui, j’ai découvert une force que je ne pensais pas avoir. Amedeo m’a fait comprendre que si tu affrontes les événements d’une certaine façon, les choses se passent sans que les autres ou la chance puissent influer", disait le pilote de Borgo Panigale, dans des propos rapportés par l'AFP.

Son historique à Cheste : inquiétant. En neuf courses sur ce tracé, "Dovi" ne s'est jamais imposé. Il n'y a même pas décroché le moindre podium. Il a obtenu son meilleur résultat à Valence la saison dernière, en s'offrant le cinquième rang.

Sa faiblesse : sa situation, d'abord. Son inexpérience dans un tel contexte, surtout. Jamais, dans l'histoire, un pilote n'a renversé une situation si défavorable. Avant d'aborder la course, rien ne lui est favorable. Mais lui le sait plus que quinconque, après une éternité dans l'ombre : Il ne faut jamais dire jamais en MotoGP.