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Laconi, vainqueur à Valence en 1999 : "J'avais pris un 'slick' à l'arrière, un pari très dangereux"

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 11/11/2016 à 12:34 GMT+1

GRAND PRIX DE VALENCE - Dernier vainqueur français en catégorie reine, Régis Laconi (Yamaha Red Bull) a bluffé tout le monde en signant la pole position sur le sec lors de l'édition 1999 avant de l'emporter le lendemain en prenant un énorme risque technique.

Regis Laconi sur le GP d'Australie en 1999

Crédit: AFP

Tous les ans, le Grand Prix de Valence nous renvoie à votre victoire en 500cc, en 1999…
R.L. : Oui. C'était le Grand Prix que j'attendais depuis longtemps, même si j'étais très jeune et seulement dans ma deuxième année avec une moto d'usine (Yamaha Red Bull), ce qui est indispensable pour gagner. Je me rappellerai toute ma vie de cette course et de mon choix de débuter avec un pneu arrière "slick" sur une piste mouillée…
Pour commencer, le samedi, vous aviez réalisé un premier exploit en signant la pole position, sur le sec, devant Max Biaggi et Alex Crivillé…
R. L. : Un moment génial et un grand plaisir ! J'avais pris un top pilote, Kenny Roberts Jr si ma mémoire est bonne, en point de mire une seconde devant et j'avais réussi à lui faire l'aspiration juste avant le drapeau à damier. Ça m'avait bien aidé. A la fin de ce tour, je savais que j'avais fait un super chrono mais je ne connaissais pas ma position. Je l'ai su en rentrant au stand.
C'était la première fois que la 500cc venait à Cheste, sur le circuit Ricardo Tormo. Les pilotes partaient peut-être plus à égalité que d'habitude.
R. L. : Tous les pilotes avaient fait des essais avant de venir et moi et mon équipe avions trouvé de bons réglages. Le circuit était effectivement nouveau et personne n'avait encore de bons points de repère comme on en a généralement sur d'autres circuits. C'est pourquoi tout a été relativement simple par rapport à d'habitude.
Le dimanche, il a fallu tout recommencer : la pluie et un sacré pari vous attendaient…
R. L. : Il avait plu entre le warm-up et le départ et on ne savait pas quelles allaient être les conditions de course. J'ai fait le premier tour de chauffe avec les pneus "intermédiaire" à l'avant et à l'arrière puis j'ai parlé avec mon technicien Michelin, qui m'a conseillé une gomme qui allait être pile dans la fenêtre de fonctionnement. C'était un "slick". Ce choix était très dur à faire. Un "slick" à l'arrière, c'était très dangereux sur les premiers tours. On savait qu'il faudrait prendre sur soi mais qu'après il serait exceptionnel. C'est sûr, ce pneu m'a aidé à gagner.
picture

Regis Laconi lors du GP d'Australie 1999

Crédit: AFP

Combien de temps avant le départ avez-vous opté pour ce pneu ?
R. L. : Sur la grille, au dernier moment, avant que les mécanos ne puissent plus toucher aux motos.
Votre coéquipier Garry McCoy avait été le seul autre pilote à faire ce choix de "slick" à l'arrière et il a fini troisième.
R.L. : Oui, et pour une fois il m'avait copié !
Partir dans ces conditions, il y avait de quoi gamberger…
R. L. : De suite, j'ai essayé de gérer mon avance avec le panneautage. Je voulais juste maintenir une, deux secondes, trois maxi, car je savais que plus on avançait dans la course, plus j'allais être rapide. Sachant qu'on était que deux à avoir le "slick". Ça a été génial psychologiquement mais il ne fallait par craquer car il y avait beaucoup de flaques d'eau en début de course. L'erreur aurait été fatale.
Vous avez mené du premier au dernier tour…
R. L. : Oui, mais ça a été très très long, je vous garantis ! Dans le dernier tour, on entend tout. Même des petits bruits qu'on s'invente.
L'arrivée a été une délivrance : vous avez versé une petite larme…
R.L. : Alors là, je vais être très clair : une petite larme, c'est un petit mot ! Un arrosoir, c'était plus ça ! Quand j'ai franchi la ligne, j'ai pleuré comme un gamin. J'ai gueulé comme un fou dans mon casque. Ce fut un moment exceptionnel. Cette victoire restera la plus extraordinaire et la plus magnifique de toute ma carrière.
Vous a-t-elle apporté quelque chose de spécial après, au niveau financier, contractuel, médiatique ?
R.L. : J'avais un petit contrat de base avec une prime de mille dollars par point marqué. Cette victoire m'a donc rapporté 20.000 dollars. Autrement, des équipes m'ont fait des propositions intéressantes mais j'avais signé un contrat de trois ans dont je ne pouvais me défaire. Médiatiquement, TF 1 a voulu parler de cette victoire et a profité que je passais le permis moto l'hiver suivant pour faire un petit sujet. Cette victoire a changé les choses médiatiquement mais pas longtemps.
Dix-sept ans après, elle reste la dernière d'un Français...
R.L. : Oui, et j'espère qu'on aura rapidement un autre vainqueur français en MotoGP.
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Regis Laconi au GP d'Australie 2000

Crédit: AFP

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